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Né roumain, adopté par la célèbre famille italienne, Jean-François Caracci a hérité d’une longue tradition artistique qui l’a amené à créer la Collection Caracci en 2004. Considéré comme un renégat par son père pour avoir rompu avec le milieu mafieux dont il est issu, il a trouvé en la foi un solide repère. Rencontre.
Le CDL : Votre histoire personnelle ainsi que cette collaboration à l’écriture du prochain livre de Mgr Rey sur la franc-maçonnerie sont-elles la preuve que franc-maçonnerie et religion ne sont pas incompatibles ?

JFC : « Ce projet de livre est né très récemment, lors d’un entretien entre Dominique Rey, évêque de Toulon et moi-même. Il avait écrit unlivre expliquant que l’on ne peut être à la fois franc-maçon et catholique pratiquant et voulait comprendre comment je pouvais croire autant en Dieu tout en ayant suivi ce parcours jusqu’aux degrés ultimes de la franc-maçonnerie. Il m’a donc proposé cette collaboration. Ce qui pose problème à l’église est de savoir qui, pour les francs-maçons, est le grand architecte du monde, si ce n’est Dieu. D’autre part, la double hiérarchie avec d’un côté, les prêtres, évêques, cardinaux, le pape et de l’autre, les apprentis, maîtres de loges, grands maîtres provinciaux, nationaux et internationaux, peut également interroger. Pour moi, le grand architecte de l’univers est bien Dieu ; la foi et la raison ne doivent pas être séparées ».
Le CDL : L’art apparaît comme un domaine important pour vous. Allez vous jusqu’à affirmer que la vie n’est rien sans art ?
JFC : « Le monde est une œuvre d’art. Avec la collection Caracci, mon intention était de montrer que ce que produit l’homme dans l’art n’est qu’une petite échelle de ce monde. La collection Caracci est à la fois le fruit de ma passion de l’art, de ma piété et de la nécessité de créer une
entreprise rentable. Mais ce qui fait la spécificité de cette collection, c’est une vision novatrice de l’art qui rattache l’artiste créant sa toile à Dieu qui a créé le monde. La seule chose importante à mes yeux est que la collection me survive, que tous ces artistes deviennent des références.
Je pense en particulier à Melvin Barros, avec son portrait en or de JulesCésar ».
Le CDL : Le fait d’avoir été adopté par une grande famille italienne,puis considéré comme un renégat explique-t-il votre parcours de séminariste ?

JFC : « Je suis un renégat et je l’assume car j’ai refusé les lois de la famille Caracci. Je suis le mouton à cinq pattes des Caracci. Mais je n’en veux pas à ma famille. J’aime leur histoire, j’aime ce nom que je porte.Mon parcours, même bref, de séminariste, tout en étant maçon de très
haut degré, l’illustre ».
Le CDL : La loge des orphelins que vous avez créée est-elle en somme l’essence même de votre identité ?
JFC : « L’orphelin que je suis a la conviction que les orphelins ont besoin de ce monde pour exister ; mais je suis aussi convaincu que notre société leur doit beaucoup. Il s’agit d’une vision très égocentrée, mais j’ai la conviction que l’on ne peut comprendre les malheurs des autres seulement lorsque l’on a soi-même connu les mêmes malheurs. C’est la raison pour laquelle j’ai créé Orphanus, un club service international, qui épaule les orphelins dans leur création de société ».

Propos recueillis par Magali. Barthes