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La plupart des personnes se préoccupent très peu de leurs rêves.

Dans l’inconscient collectif, passer une bonne nuit est assimilé au fait de s’endormir rapidement et de dormir d’une traite jusqu’au lendemain. Le reste a très peu d’importance. Sombrer rapidement dans l’inconscience du sommeil est le vœu le plus cher de ceux qui ont travaillé durement toute la journée.

C’est ainsi que nous passons environ un tiers de nos vies : en dormant.

Pourtant ce temps peut être utilisé de manière beaucoup plus constructive. Tout en respectant le besoin de repos du corps physique, il est possible de développer sa capacité à vivre ce que l’on appelle des rêves lucides, des rêves dans lesquels le rêveur a conscience qu’il est en train de rêver.

De plus en plus étudié par différents centres de recherche dans le monde, le rêve lucide suscite toujours autant de questionnements et d’enthousiasme.

Un rêve lucide est la porte ouverte à toutes les potentialités. Les contraintes de notre monde matériel ne s’y appliquent pas, et c’est ainsi que nous pouvons voler, traverser les murs, nous enfoncer dans le sol, faire l’amour, nager, sentir le vent sur notre corps, visiter des contrées lointaines ou voler dans l’espace. C’est également un espace de guérison précieux pour l’âme et le corps. Peurs, blocages, traumatismes, blessures, peuvent y être dénoués en un instant pour celui qui arrive à dépasser ses peurs durant un rêve.

Développer l’art de vivre des rêves lucides est ce que propose le yoga du rêve, dont la portée va en fait bien au-delà, car être plus présent dans nos rêves va nous permettre d’être plus présent dans notre vie quotidienne.

Combien de temps passons-nous perdus dans nos pensées, nos inquiétudes, à ressasser le passé, à envisager le futur, à critiquer, juger, craindre, comparer, désirer, espérer ? Nos pensées dominent nos vies, à tel point que leur flot continu ne laisse plus de place à la véritable présence de l’être. Parfois, surpris par la beauté d’un coucher de soleil, nos pensées se taisent quelques instants, et nous nous sentons alors incroyablement vivants. Nous ressentons une telle paix que le souvenir de cet instant nous accompagnera longtemps.

Ces instants de grâce, il ne tient pourtant qu’à nous d’apprendre à y revenir et à nous y maintenir.

Cela requiert d’exercer son esprit, de l’ « assouplir », d’apprendre à l’utiliser différemment, par des « exercices » conscients réguliers, un peu comme on exercerait le corps, en douceur, par des efforts répétés et réguliers, afin de le faire gagner en souplesse ou en force.

Cela ne peut se faire dans la brutalité, ni l’empressement.

Arriver à une meilleure maîtrise de son esprit, de manière à être plus présent au quotidien et de pouvoir vivre des rêves en pleine lucidité obéit ainsi aux mêmes règles et requiert de la patience.

Une bonne pratique à mettre en place est de se coucher le soir dans un état d’esprit différent. Plutôt que de s’allonger en espérant sombrer dans le sommeil le plus rapidement possible,  prendre le temps de s’observer intérieurement, sans jugement, afin de voir comment nous nous sentons. Observer ses pensées, sa conscience, parcourir son corps pour y déceler d’éventuelles tensions, se concentrer sur sa respiration, observer son corps qui petit à petit va vers l’endormissement, observer sa conscience qui devient de plus en plus lointaine, qui s’absente par moments, ramenant avec elle des visions ou des prémices de rêves. S’aventurer ainsi le plus loin possible dans l’état hypnagogique. Si au début notre attention aura du mal à être maintenue plus de quelques minutes, cette durée va s’allonger petit à petit, jusqu’au point où il peut devenir possible de rentrer dans un rêve en pleine conscience.

Au fil du temps, une véritable transformation intérieure a lieu. Les peurs disparaissent, les pensées se font de plus en plus rares, la paix s’installe durablement.

Une très belle voie à suivre vers la libération.

Causeries autour de ce thème (prochaine date le 27 septembre 2015)