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La concurrence déloyale : nouveau mode d’expression populaire

Dans l’article précédent, on me contestera que je ne traite pas vraiment de concurrence déloyale. Ainsi, peut-on m’objecter, les taxis ne s’opposent-ils pas aux mototaxis, VTC ou Über dans le principe, mais dans les moyens. Laisser par exemple les motards approcher les clients dans un hall d’aéroport serait déloyal, parce que les taxis, qui font des heures de queue, ne peuvent faire de même.

Plus largement, on sait bien que les taxis parisiens considèrent comme déloyal le fait que les VTC aient si facilement accès à leur marché quand on impose aux taxis une licence ruineuse. Dans la même veine, les artisans boulangers ont mal accepté, il y a quelques années, l’arrivée sur le marché des chaînes telles que les Paul ou Brioche Dorée ; il s’en est suivi l’interdiction du mot « boulanger ».

Mais dans tous ces exemples, et dans tous les autres exemples qu’on pourra trouver, l’injustice ressentie, l’inégalité de traitement perçue n’a que deux sources : la loi ou l’incompétence inavouée.

Prenons d’abord la loi. Pourquoi exiger des taxis qu’ils s’acquittent d’une licence préalable ? On sait qu’historiquement, il s’agissait de trouver un moyen de rassurer le client quant à la compétence du chauffeur, que ce soit en matière de conduite ou de connaissance de Paris et des meilleurs trajets. Mais c’était déjà mettre le vers dans le fruit pour une mauvaise raison : la loi n’est pas faite pour donner confiance entre les fournisseurs de produits ou services, mais pour établir les conditions d’une juste concurrence, c’est-à-dire la garantie de la responsabilité du fournisseur face au client.

C’est très différent et c’est la source d’une foule d’aberrations commerciales en ce pays. On pense aux nombreux monopoles bien sûr, mais il y a aussi les nombreuses professions faussement libérales, qui ne sont accessibles que sous conditions entrées dans la loi ; il y a de même tout un nombre de professions de niche, tels les moniteurs d’auto-école, qui ne devraient pas être réglementés.

Plus largement, on comprend que toutes – ou presque – ces professions qui crient plus ou moins régulièrement à la concurrence déloyale sont protégées par quelque texte de loi désuet et sans raison économique valable. Certaines, trop rares, sont discrètes et s’adaptent au monde réel sans faire de bruit – on pense aux chauffeurs routiers. La plupart par contre font parler d’elles à hauteur de leur incapacité à s’adapter et à affirmer leur véritable compétence. Car il faut bien le dire, quand on a la compétence et la reconnaissance qui va de pair, on n’a pas peur de la concurrence déloyale.

S.geyres

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