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La Fed nous emmène au Pays des Merveilles financières Par Bill Bonner

Notre vieil ami Rob Marstrand, qui écrit sur le site OfWealth.com, nous explique qu’apparemment, les entreprises n’ont rien de mieux à faire de leur argent qu’acheter leurs propres actions.

« Les marchés américains ont un petit secret pas très reluisant. Les entreprises US versent plus de cash à leurs actionnaires qu’elles ne gagnent en profit. Cela signifie qu’il ne reste plus rien à investir dans la croissance de l’activité. Cela signifie également que les niveaux de dette grimpent, augmentant le risque…

Une analyse de Bloomberg montre que les entreprises sont en voie de dépenser 590 milliards de dollars en rachats d’actions en 2016, si le rythme du premier trimestre se poursuit. Ce sera plus encore que le dernier record de rachats — établi lors du précédent sommet boursier de 2007, juste avant le dernier krach.

Pour dire les choses simplement, les entreprises dépensent des sommes record en rachats précisément au mauvais moment (comme toujours) : lorsque les actions sont extrêmement coûteuses ».

Nous vivons dans un monde digne d’Alice au Pays des Merveilles. Tout est absurde. Les actions grimpent. Cela devrait signifier que les affaires vont mieux. Ce qui devrait à son tour signifier que les entreprises ne manquent pas d’investissements dignes de ce nom — de nouvelles machines, de nouvelles usines, de nouveaux produits, plus de distribution…

Et si les affaires vont mieux, les choses devraient aller mieux aussi pour les salariés. Plus d’emplois. Des salaires plus élevés.

Et puisque les prix des actions ne sont pas loin de sommets record — après avoir péniblement regravi la pente ces cinq dernières semaines –, ça doit dire que tout s’améliore partout, non ?

Raté !

Nous sommes tous fous ici

« Nous sommes tous fous ici », disait le Chat du Cheshire au Pays des Merveilles… anticipant peut-être la Fed de Janet Yellen.

En réalité, le système n’est pas seulement fou. Il est aussi corrompu et factice.

Tout commence avec de la devise factice.

Les dollars sont censés représenter la richesse. Comment obtient-on de la richesse ? En travaillant, en investissant et en épargnant, n’est-ce pas ?

Mais après 1971 — lorsque le président Nixon a mis fin à la convertibilité directe des dollars en or — la Fed a créé de nouveaux dollars qui ne s’appuyaient sur aucune richesse.

Les dollars post-1971 ne sont que des reconnaissances de dette de l’Oncle Sam, rien de plus. Ils figurent au bilan de la Fed comme du passif.

Vient ensuite le problème de l’épargne factice.

Dans une économie saine, on gagne de l’argent et on en épargne une partie. Cette dernière peut être prêtée pour financer de nouveaux projets et gagner des intérêts. L’épargne — et le crédit — sont limités. Ils sont basés sur un surplus de richesse réelle.

Mais dans le système insensé actuel, les banques centrales et les banques créent du crédit à partir de rien… en n’utilisant rien d’autre que des touches sur un ordinateur. Inutile d’avoir de l’épargne.

Les épargnants pourraient aussi bien s’éviter toute cette peine. Grâce au régime de taux d’intérêt ultra-bas imposé par la Fed, sur ces 10 dernières années, Bloomberg estime qu’environ 8 000 milliards de dollars ont été confisqués aux épargnants — de l’argent qu’ils auraient dû gagner en intérêts.

Pour couronner le tout, le gouvernement a une politique budgétaire factice.

Il emprunte de l’argent factice aux banques en échange de bons du Trésor. Grâce au QE, la Fed achète ensuite ces obligations aux banques. Le Trésor paie des intérêts sur ces obligations à la Fed… qui rend ensuite ces intérêts au Trésor.

Futé, non ?

C’est de l’argent gratuit pour les autorités. Elles empruntent du rien en l’échange de rien… et tout le monde fait semblant que c’est réel. Tout ça est rendu possible par une politique budgétaire factice.

La Fed fixe les taux d’intérêt aux niveaux les plus bas de l’histoire. De la sorte, les emprunteurs — et en particulier le plus grand emprunteur de l’histoire, le gouvernement US — peuvent obtenir des fonds bon marché.

Tout ça est fait pour renforcer l’économie… sauf qu’elle s’affaiblit sous un tel fardeau de dette supplémentaire.

Corrompu et frauduleux

Cela mène enfin à un marché boursier factice, où les dirigeants d’entreprises utilisent l’argent bon marché pour piller leur propre activité.

Les entreprises empruntent lourdement pour racheter leurs propres titres et les annuler. Cela augmente les revenus par action des titres en cours, augmentant leur valeur. Les dirigeants engrangent alors de gros bonus basés sur la hausse du titre. Les actionnaires voient un bénéfice temporaire, leurs actions grimpant — mais l’entreprise se retrouve affaiblie par la dette additionnelle.

Et le système dans son ensemble crée de la richesse factice.

Ce n’est pas du capitalisme. C’est du capitalisme factice, du capitalisme de copinage. Sa devise factice mène à des investissements factices — de la spéculation de court terme… des arnaques…

Cela ne construit pas de richesse réelle. Au contraire : ça extrait de la richesse réelle du reste de l’économie pour la faire passer vers les secteurs des initiés.

L’industrie financière n’est pas la seule à profiter de ce système. Le complexe entier du Deep State est au coeur de ce système absurde, corrompu et frauduleux.

Vous pensez que le Chapelier Fou pourra vous protéger ? Ou le Chat du Cheshire ?

On peut toujours rêver !

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

Né en 1948, Bill Bonner est le fondateur d’AGORA, le plus large réseau d’entreprises indépendantes de presse spécialisée au monde.

En 1978, depuis sa ville natale, Baltimore (Maryland, Etats-Unis), Bill Bonner a voulu développer un « marché » (« Agora » en grec) des idées. Pas de l’information homogénéisée telle que les médias grand public relayent sur nos écrans et journaux, mais une source d’idées diverses avec des opinions et des avis originaux, alternatifs et surtout utiles. Bill a à cœur d’aider les lecteurs à mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent, et à agir en conséquence. Que ce soit en matière de géopolitique, de macro-économie ou tout simplement dans le domaine de l’épargne, Bill incite ses lecteurs à cultiver un esprit vif et anticonformiste.

Bill a également co-écrit des livres qui ont tous figuré dans la liste des best-sellers du New York Times et du Wall Street Journal : L’inéluctable faillite de l’économie américaine (2004), L’Empire des dettes. À l’aube d’une crise économique épique (2006) et Le Nouvel Empire des dettes. Grandeur et décadence d’une bulle financière épique (2010).

Comments

  • Anonyme
    août 8, 2019

    4.5

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