Qui est Judith Butler?
Judith Butler est une philosophe américaine née le 24 février 1956 à Cleveland.
Professeure à l’Université Berkeley depuis 1993, une thématique importante de sa réflexion est celle de la vulnérabilité.
Ses premiers écrits portent, dans le sillage de la French theory, sur l’ambivalence du sujet en tant que soumis à un pouvoir et produit par cette soumission même. Sa théorisation de la « performativité du genre », à partir du triple héritage de la théorie austinienne des actes de langage, du féminisme français et de la déconstruction, a constitué un apport majeur dans le champ des études féministes et queer.
Ses écrits ultérieurs, qui sont l’occasion d’une critique de la politique étrangère des États-Unis de l’après–11-Septembre, traitent de la guerre, du deuil et des figures de la dépossession comme le prisonnier extra-juridique ou le réfugié. Judith Butler est intervenue publiquement sur des questions politiques contemporaines, comme celle des droits des homosexuels et, plus récemment, sur le conflit israélo-palestinien.
Le Pouvoir des mots ; politique du performatif est un ouvrage qui traite de débats autour du pouvoir des mots et leurs portées : socioculturelle, politique, juridique et psychologique. Judith Butler y interroge les discours de haine (hate speech) homophobes, racistes ou sexistes, la pornographie et la censure. Elle y propose les grandes lignes d’une théorie de la « puissance d’agir » linguistique (linguistic agency), de politique de la résignation. Elle y opère une critique des tentatives d’imposer une police des discours (en tant que répression juridique de ces discours).
Ce livre rend manifeste la centralité dans l’œuvre de Judith Butler de la réflexion sur l’agency (l’« agence » individuelle ou collective, autrement dit la « capacité d’agir » (traduction de Cynthia Kraus) ou encore la « puissance d’agir » (traduction de Charlotte Nordmann et Jérôme Vidal, inspirée de la « potentia agendi » spinoziste) ou même « l’agentivité » (traduction du terme « agency » que l’on peut trouver dans des textes de linguistique, psychologie cognitive et théorie de l’action, et reprise par Maxime Cervulle dans sa traduction de « Undoing Gender »)