Le parti socialiste : après la primaire, la mort du parti socialiste?
Le PS trouve son origine dans le courant de pensée du socialisme, il prend la suite de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), fondée en 1905 sous l’impulsion de Jean Jaurès et rebaptisée Nouveau Parti socialiste puis Parti socialiste en 1969. En 1971, au congrès d’Épinay, le PS s’élargit en intégrant d’autres forces politiques socialistes. Il fonde alors son action politique sur l’union de la gauche et l’élaboration d’un programme commun de gouvernement avec le Parti communiste.
Les théories développées dans la première partie du xixe siècle par les premiers penseurs socialistes (Saint-Simon, Fourier, Cabet, Leroux) au sein d’une bourgeoisie éclairée influencent peu les milieux populaires. Ces théoriciens qualifiés d’utopistes par la suite se démarquent ainsi du socialisme historique, développé par la suite par Karl Marx avec son analyse de la société industrielle. Au-delà de l’utopie, la réalité est imprimée au fer chaud de la Révolution industrielle : les nouvelles conditions de travail engendrées par celle-ci entraînent des révoltes vite réprimées : révolte des canuts lyonnais en 1831, journées de juin 1848, Commune de Paris en 1871… La « question sociale » est mise au premier plan, mais la révolution de 1848 fait déjà apparaître des divergences entre les démocrates socialistes réformistes (Ledru-Rollin, Louis Blanc) et les partisans de la révolution (Blanqui, Barbès), qui considèrent la violence comme le seul moyen permettant un changement profond du système économique et social. Le combat pour la république, contre la monarchie censitaire et contre le second Empire, se conjugue alors avec la lutte contre les nouvelles conditions de travail et de vie engendrées par la révolution industrielle. La gauche républicaine s’organise et cherche à effectuer une synthèse entre la tradition montagnarde de la révolution de 1789-1794 et les questions sociales que le mouvement ouvrier naissant fait surgir.
1939-1958 : de la Résistance à la IVe République
La Deuxième Internationale est constituée en 1889 à Paris et l’influence des idées de Karl Marx y est dominante. Cependant, les idées libertaires et anarcho-syndicalistes continuent à influencer une partie du mouvement ouvrier, qui manifeste sa méfiance à l’égard de la politique. Après la reconnaissance du droit syndical en 1884, la Confédération générale du travail (CGT) se constitue en 1895. En 1906, elle adopte la « Charte d’Amiens » qui consacre le principe de l’indépendance du syndicalisme par rapport aux partis politiques. De là découle l’absence de liens organiques entre partis et syndicats qui distingue fortement le socialisme français de la social-démocratie de l’Europe du Nord.
1981-1995 : présidence de François Mitterrand
En 1990, François Mitterrand engage la France dans la guerre du Golfe. Ce choix est contesté par les amis de Jean-Pierre Chevènement, qui quittent le PS pour fonder le Mouvement des citoyens (MDC). Au-delà de cette petite scission, le Parti socialiste est de plus en plus sévèrement critiqué à sa gauche, notamment pour avoir défendu le traité de Maastricht, ratifié par un referendum positif en 1992, à 51 %. Les nouvelles formations comme le MDC, ainsi que les organisations protestataires – notamment altermondialistes – ne pardonnent pas aux socialistes de soutenir une Europe qualifiée de trop peu politique et sociale, servant seulement à soutenir une économie libérale. Les années Mitterrand sont également marquées par de nombreuses affaires, qui causent, avec l’échec de la lutte contre le chômage, la déroute électorale de 1993. Édouard Balladur accède au poste de Premier ministre.
1995-2002 : le « droit d’inventaire » de Lionel Jospin
En décembre 1994, le retrait de Jacques Delors de l’élection présidentielle ouvre une période incertaine. Pour la première fois dans l’histoire du parti socialiste, deux candidats à la candidature se confrontent : Lionel Jospin sera finalement choisi contre Henri Emmanuelli au cours d’une primaire par un vote direct et secret des militants. À 65,83 % contre 34,17 % des voix, le vote avantage largement Lionel Jospin27. Ce dernier se trouve investi lors d’une convention de désignation le 5 février 1995, qui marque le lancement de la campagne présidentielle. Réclamant un « droit d’inventaire » sur le bilan socialiste, Lionel Jospin réussit à être en tête des candidats du premier tour, avec plus de 23 % des voix mais perd au second tour avec 47,3 % des suffrages face à Jacques Chirac. Quittant la présidence de la République, François Mitterrand encourage les socialistes à affronter le cycle politique qui s’ouvre. Il décède quelques mois plus tard, le 8 janvier 1996. Après la présidentielle, Henri Emmanuelli cède sa place à l’ex-candidat Jospin, qui fait adopter par les militants l’élection du premier secrétaire au suffrage direct des adhérents. Le 14 octobre 1995, il est élu avec 94,16 % des voix.
Le Parti socialiste organise la primaire citoyenne de 2017 quelques semaines après que François Hollande a annoncé ne pas briguer de second mandat présidentiel.
Au début de la campagne, le parti paraît fragilisé par les défections de certains élus qui rejoignent l’ancien ministre Emmanuel Macron, candidat indépendant à la présidentielle (En marche !)79,80, ainsi que par des dissensions internes, notamment au sujet de l’avenir de l’Europe81. À sa gauche, le PS est également sous la pression du candidat soutenu par le PCF Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, selon le politologue Frédéric Sawicki, « Plus encore que le risque de marginalisation, c’est tout simplement le risque d’éclatement qui plane au-dessus du Parti socialiste »