Les objets connectés qui vont prendre soin de vous
Le CES 2017 (Consumer Electronics Show) s’est tenu à Las Vegas du 5 au 8 janvier. Parmi les exposants, plus de 250 entreprises françaises étaient représentées et, parmi elles, des start-ups innovantes en matière de « confort » médical. Je vais vous parler des innovations technologiques de cinq jeunes pousses qui ont retenu mon attention.
Un compagnon connecté pour les enfants asthmatiques
L’asthme est la première maladie chronique et touche 1 enfant sur 10. Pourtant, aujourd’hui, 50% des traitements quotidiens ne sont pas suivis correctement.
La start-up nantaise Meyko a vocation à répondre à cette problématique. « L’objectif de Meyko est de dédramatiser la maladie, d’améliorer l’adhésion au traitement quotidien et de rendre l’enfant autonome », explique Sandrine Bender, co-fondatrice, avec Alizée Gottardo, de Meyko.
« Un dialogue s’installe entre l’enfant et le compagnon connecté en fonction de ses humeurs. Il affiche une triste mine si le jeune patient n’a pas pris son traitement. La prise du médicament lui redonne le sourire. Avant de le prendre, l’enfant présente son traitement au compagnon qui le reconnaît par un tag*« , explique Sandrine Bender, designer spécialisée en santé.
Les données sont transmises à une application mobile dédiée aux parents. Elle leur permet de visualiser les prises quotidiennes, d’améliorer le suivi à plus long terme avec le médecin référent, mais aussi d’obtenir des conseils préventifs.
Par une approche ludique, Meyko cible les enfants de 4 à 10 ans. « L’objectif n’est pas d’opérer un contrôle strict de la médication, mais de motiver l’enfant à le prendre », précise la jeune dirigeante.
La commercialisation d’une première série de Meyko est prévue fin 2017.
Le monitoring des diabétiques
Patchs, lentilles de contact, lecteurs laser… Plusieurs pistes sont explorées pour permettre aux diabétiques de contrôler leur glycémie sans piqûre. Beaucoup de dispositifs n’en sont pour l’instant qu’aux prototypes et les géants technologiques comme Google et Apple n’ont pas encore réussi à intégrer cette fonction à leurs montres intelligentes.
Une start-up française est en passe de réaliser cette prouesse : PK vitality, filiale de PK Paris, fabricant d’accessoires pour smartphones et ordinateurs (clés USB, écouteurs sans fil…). La société développe un enregistreur d’activité physique, K’Track, à porter au poignet comme une montre, et qui mesure le taux d’insuline dans le sang en temps réel. Vous aurez le droit à une petite pression au lieu d’une piqûre.
A priori, l’objet ressemble aux nombreuses montres intelligentes déjà sur le marché. Son secret se cache à l’arrière du cadran : on peut y glisser une capsule qui examine en temps réel le contenu de la peau. « C’est comme une langue qui goûte la peau et l’analyse du point de vue chimique », explique Luc Pierart, fondateur et CEO de PK vitality. La start-up a nommé ce système « skin taste » et pourrait à terme l’intégrer à tout type d’objets : bracelets, brassards et montres.
Plusieurs marqueurs physiologiques pourraient être observés, mais PK vitality s’est concentré sur deux cas d’usage pour débuter :
• Le diabète, qui touche plus de 400 millions de personnes dans le monde. La K’Track Glucose permettra aux insulino-dépendants d’être libérés de la contrainte de se piquer le bout du doigt plusieurs fois par jour. Vous ne sentirez qu’une très légère pression au moment de l’analyse ;
• Le sport. PK Vitality a prévu une autre déclinaison, la K’Track Athlete, qui permet le suivi de l’acide lactique en temps réel durant l’effort. Ce type de test n’était jusqu’alors disponible que par prise de sang : désormais, les athlètes et leurs coachs pourront suivre leur niveau d’acide lactique, un facteur clé pour optimiser leurs performances et réduire leur temps de récupération.
La K’Track Glucose sera vendue 149 euros et la K’Track Athlete 199 euros dans le courant de l’année 2018. Les deux modèles de montres fonctionnent avec des capsules, d’une autonomie d’un mois environ. Les recharges seront vendues 99 euros pour le glucose et 149 euros pour le lactate. à ce prix, PK vitality se dit compétitif par rapport aux méthodes traditionnelles de suivi, pour un confort d’utilisation bien plus important.
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Fayet : le dernier fabricant de cannes français
Fayet, qui possède un atelier à Orléat (Puy-de-Dôme), a notamment conçu la célèbre canne du personnage de la série Dr House. Cette maison centenaire veut concilier tradition et innovation. Elle s’est associée à la start-up stéphanoise Nov’in pour concevoir une canne connectée.
L’objet ressemble à un modèle classique. L’intelligence se trouve à l’intérieur. « La canne est équipée d’un accéléromètre et d’un gyroscope pour détecter les mouvements de son utilisateur », explique Vincent Gauchard, co-fondateur de Nov’in.
Cette donnée est ensuite envoyée dans le cloud, par liaison GSM (grâce à une puce GPRS), pour être analysée. « Le système va apprendre et comprendre les habitudes de l’utilisateur pour ensuite pouvoir détecter une situation inhabituelle : réveil tardif, absence de mouvement », détaille Vincent Gauchard. Les proches sont alors informés. Un bouton d’urgence permet aussi de donner l’alerte manuellement.
« Nous avons créé un algorithme de détection automatique de chute. » Nov’in veut intégrer cette technologie d’alerte automatisée, baptisée « Dring« , à d’autres types de produits.
Fayet devrait commercialiser cette « smart canne » fin 2017 dans ses réseaux de distribution habituels, comme des pharmacies et des parapharmacies.
Gaspard améliore le quotidien des personnes en fauteuil roulant
Déjà présent au CES 2016 avec le cube connecté Hector, la start-up nantaise Captiv a présenté cette année Gaspard. Ce produit connecté est spécifiquement dédié aux personnes en fauteuil roulant. « Il s’agit d’un fin tapis qui se positionne en dessous du coussin anti-escarres. Gaspard est doté de capteurs qui analysent la pression des appuis, les mouvements et le poids de l’utilisateur afin de mesurer une éventuelle mauvaise position assise », explique Morgan Lavaux, co-fondateur avec Valentin Roy de la start-up qui se développe entre Angers et Nantes.
Gaspard s’inscrit dans une logique de prévention des escarres et des pathologies liées pour les personnes à mobilité réduite lors de leur retour à domicile. « Le tapis se connecte en Bluetooth au mobile. Et l’application, dotée d’une interface gamifiée*, est capable d’alerter l’utilisateur ou l’aidant d’une dégradation de la qualité de l’assise ou d’une mauvaise position dans le fauteuil », explique le jeune entrepreneur.
La start-up, qui bénéficie de l’expérience acquise sur le développement du cube Hector, dispose déjà d’un prototype fonctionnel. Des tests doivent démarrer dans des hôpitaux régionaux début 2017. « L’objectif est de sortir Gaspard fin 2017 », indique Morgan Lavaux.
L’application mobile qui synchronise vos différentes données médicales
Une jeune pousse de Caen propose une application mobile qui synchronise les différentes données médicales d’un patient, pour ce dernier ainsi que les différents professionnels de la santé. 7 Medical a l’ambition d’équiper de son logiciel Deep 7 tous les pharmaciens, médecins et hôpitaux.
Ordonnances, analyses, imagerie, vaccins… L’application est destinée à la fois au patient lui-même et aux différents professionnels médicaux concernés par ce patient : médecin généraliste, médecin spécialiste, pharmacien, infirmière, établissement hospitalier… Objectif : permettre aux acteurs de la santé et aux patients d’accéder de façon simple et pratique à l’ensemble des données, d’améliorer la prise en charge des patients et d’éviter les actes redondants.
« Le patient peut avoir sur son smartphone toutes les données de santé le concernant, alors qu’elles sont aujourd’hui éparpillées chez le médecin, chez le spécialiste, à l’hôpital, chez le pharmacien », explique édouard Daubin, le président fondateur.
Pour accéder à cette plateforme de service, le patient se rend chez son pharmacien qui a souscrit un abonnement auprès de 7 Medical ; le pharmacien active le compte du patient sur le site 7.fr et lui propose cette application mobile à titre gratuit. « C’est l’intérêt du pharmacien de rendre service au patient », assure édouard Daubin, docteur en pharmacie.
Votre pharmacien sera le pivot de cette plateforme : « Que nous sortions de l’hôpital, de la maternité, de chez un spécialiste ou un généraliste, nous finissons la plupart du temps dans une pharmacie », explique le fondateur, ajoutant que les officines ont l’obligation d’être présentes sur tout le territoire et qu’elles sont bien équipées en informatique.
Le système repose sur un outil de synchronisation, Deep 7, qui organise automatiquement toutes les données de santé relatives au patient. Il scanne et reconnaît toutes les données de santé qu’il rencontre et, associé à un « algorithme intelligent », il range les données par type et les crypte pour les patients. « Ce logiciel sécurisé (…) agit comme tiers de confiance entre les patients, les professionnels et les acteurs de la santé », ajoute édouard Daubin.
Le logiciel pourra être installé sur un ordinateur (sous Windows et Linux) ou utilisé directement dans le cloud. à l’hôpital, Deep 7 pourra être branché comme une box directement sur le réseau. « Notre solution va permettre aux hôpitaux de se transmettre (de façon sécurisée) les dossiers patients, ce qu’ils font actuellement de façon manuelle », souligne édouard Daubin.