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Les responsables de l’UEFA et de la FIFA accusés d’être les « facilitateurs » d’un système corrompu

La commission d’enquête sur le blanchiment de capitaux, l’évasion fiscale et la fraude fiscale examine l’ »épidémie » de cas d’évasion fiscale dans le monde du football
Les députés ont questionné le secteur sur un éventuel « système corrompu »
L’audition a été organisée suite aux révélations du site web « Football Leaks »

Les représentants d’organes de direction du football européen et mondial ont refusé de condamner des footballeurs professionnels accusés ou condamnés pour évasion fiscale massive.

Malgré les questions intenses et souvent hostiles des députés, notamment l’accusation d’être les facilitateurs d’un système corrompu, les responsables des principaux organes de direction du football, l’UEFA et la FIFA, ont évité de critiquer ouvertement les footballeurs, dont Cristiano Ronaldo et Lionel Messi, pendant une audition organisée par la commission d’enquête sur le blanchiment de capitaux, l’évasion fiscale et la fraude fiscale (PANA).

Le footballeur espagnol Lionel Messi et son père ont été reconnus coupables de fraudes équivalant à 4,1 millions d’euros d’impôts en Espagne et de dissimulation de capitaux dans des sociétés-écrans au Belize et en Uruguay. Cristiano Ronaldo, également cité pendant l’audition, est accusé d’avoir éludé l’impôt pour un montant s’élevant à 14,7 millions d’euros.

Étique dans le jeu, étique face à l’impôt

L’un des co-rapporteurs de la commission PANA, Jeppe Kofod (S&D, DK), a critiqué l’attitude laxiste du FC Barcelone face à la condamnation de Lionel Messi. Il a attiré l’attention sur la campagne du club menée sur les réseaux sociaux, lancée après la condamnation du joueur, avec le hashtag #WeAreAllLeoMessi.

« Vous défendez le fair-play, ne devriez-vous pas défendre également des impôts équitables? », a demandé M. Kofod à Kimberly Morris, chef de Global Transfers & Compliance à la FIFA, et à Julien Zylberstein, conseiller juridique à l’UEFA. Les deux responsables ont évité de condamner les joueurs ou les clubs, Mme Morris ajoutant que la question était du « domaine des autorités fiscales ».

M. Zylberstein a affirmé: « Nous estimons que l’évasion fiscale représente une menace claire aux valeurs sociales du football, au cadre réglementaire et à l’intégrité du jeu au sens large. Ceci dit, la responsabilité incombe aux autorités réglementaires ».

Selon le président de la commission PANA, Werner Langen (PPE, DE), les réponses ne sont « pas entièrement satisfaisantes ».

« Double discours » de l’UEFA et de la FIFA

M. Langen a partagé le sentiment de nombreux députés, notamment de Louis Michel (ADLE, BE), qui ont accusé les responsables « d’être l’exemple parfait du double discours » et qui ont condamné leur réticence à critiquer les joueurs condamnés pour évasion fiscale.

« Ces personnes vont totalement à l’encontre des valeurs que vous défendez », a-t-il expliqué.

Un autre participant, Merijn Rengers, journaliste du NRC Handelsblad – qui fait partie du groupe de médias ayant publié les révélations de malversations financières dans le monde du football – a affirmé que l’envie d’échapper à l’impôt était « contagieuse » dans le secteur et que cette attitude était adoptée par les plus grands clubs, joueurs et agents. « Tout le monde a recours à des conseillers fiscaux à des fins d’évasion fiscale », a-t-il dit.

Par ailleurs, il a fait part de ses craintes quant à l’absence de transparence dans le domaine de la tierce propriété, qui implique généralement que les droits économiques d’un joueur appartiennent à une tierce partie telle qu’un agent, une agence de gestion ou d’autres investisseurs. Cette tendance s’est désormais étendue à l’ensemble des clubs de football.

Les représentants de l’UEFA et de la FIFA ont été confrontés aux questions hostiles des députés pendant toute la session, l’un d’eux demandant s’il était possible que les organes réglementaires soient devenus aussi corrompus que le secteur. Le responsable de l’UEFA a répondu que l’organisation avait adopté un ensemble de réformes pour se moderniser en 2017, qui incluaient une limite de mandats pour le président de l’UEFA.

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