L’aide alimentaire : A qui profite l’aide alimentaire ?
Certains sujets connaissent des périodes de succès, puis replongent dans l’oubli, au gré des humeurs des « médias » et des enjeux politiciens. Parmi ceux-là, « l’aide alimentaire » est un de ces thèmes teintés de bonté apparente qui perdurent dans les croyances populaires. Les bonnes âmes (il y en aurait dans ce bas monde « libéral » ?) voient ainsi très positivement les programmes étatiques d’aides aux « plus démunis » et se lèvent au moindre signe de leur éventuelle menace d’abandon.
Qu’elle soit alimentaire ou au développement, l’aide est un des symboles de l’activisme socialiste. Certes, l’aide cristallise diverses formes de générosité primaire et preuves de bonne volonté. En effet, comment être opposé à l’aide aux pauvres ou à ceux qui ont faim ? Seuls nous autres monstres libéraux trouvons à redire à cette démarche altruiste. Mais est-ce vraiment altruiste ? Venant de gens vivant si généreusement de l’argent des autres, cela prend plutôt des airs de schizophrénie.
Le libéral que je suis ne peut en l’occurrence que crier au scandale moral et économique, car l’aide alimentaire est une hérésie qui va à l’encontre de ses belles apparences. Voyons pourquoi. Aider son prochain est une belle et noble action, mais à condition d’être volontaire. Il n’est pas question de contester la valeur morale de l’aide spontanée. Ni l’action des nombreuses associations qui viennent au secours des pauvres et démunis véritables. Ce n’est absolument pas de cela qu’il s’agit ici.
En revanche, l’aide « financière » par les états ou par l’Europe est d’une toute autre nature. Ce sont des fonds venant d’impôts et de taxes soutirés sans consentement, ce qui s’oppose à nos dons spontanés directement versés aux associations caritatives. Voilà une grosse différence. Une part de nos impôts servirait donc – qu’en est-il vraiment ? – à nourrir gratuitement une masse grandissante de gens sans notre avis, à nos dépens donc. On prend par spoliation à Paul pour donner à Pierre, sans trop faire cas des conséquences sur Paul ni de la bonne foi de Pierre. Quels circuits prennent ces aides ? Qui juge des montants, comment les distribuer et à qui ? Qui se sert au passage ?
Voilà pour la « moralité » de la redistribution imposée, mais il y a pire. Car l’aide alimentaire prise sur l’impôt conduit in fine à l’inverse de son objectif : elle affame au lieu de nourrir. Comment cela ? C’est assez simple. En premier, l’argent prélevé sur les contribuables est autant que ceux-ci ne peuvent investir dans l’économie – la vraie. Les millions donnés par force à l’aide supposée sont autant de millions perdus pour la création et le développement d’entreprises. En cascade, autant d’emplois et de richesse pour tous de perdus. Toute forme d’impôt appauvrit collectivement.
Ensuite, et pire à long terme, les aides avilissent. Les aidés prennent l’habitude d’être aidés : avez-vous vu les chiffres de l’aide alimentaire baisser ? Celui qui accepte un repas gratuit est incité à l’accepter encore si le système lui permet. C’est le même phénomène pour toute forme d’aide.
Enfin, l’aide prolongée fausse le marché de l’alimentation. Les personnes ayant véritablement peu de moyens créent en temps normal une demande sur le marché pour des repas peu chers. Cette demande, si elle est tangible, finit immanquablement par amener à une offre correspondante. C’est la simple loi de l’offre et de la demande dont la logique semble échapper aux esprits socialisants.
Mais lorsque de manière durable, il est mis sur le marché des repas gratuits en grande quantité, cette manne constitue une concurrence biaisée envers les quelques restaurateurs envisageant de se lancer sur ce marché du repas bon marché. Bientôt, cette offre fait faillite, se réoriente ou disparaît, faute de capacité à générer suffisamment de profits. Les quelques personnes qui profitaient de ces repas à petit prix finissent par ne plus trouver d’adresses accessibles et par ne pouvoir faire autrement que de venir elles aussi grossir les rangs des personnes dépendant de l’aide alimentaire.
Il en va ainsi de l’aide alimentaire comme de toutes les formes d’aide imposée. Que les socialistes le veuillent ou non, l’économie a des lois qui s’imposent à eux. Une d’elles fait des aides une calamité.
(Une version de cet article fut publiée sur le Journal Toulousain dans la Chronique de Patrick Aubin.)