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Jean d’Ormesson : Un immortel ne meurt jamais.

Quand sa fille Héloïse devenue aujourd’hui éditrice, avait 6 ans, on lui demandait :  » Que fait ton papa ?  » Elle répondait :  » Quand il écrit très vite avec un stylo, c’est qu’il écrit un article. Quand il ne fait rien avec un crayon, c’est qu’il écrit un livre. »

Issu d’une longue lignée d’aristocrates, le jeune Jean né à Paris en 1925 passe son enfance dans le château de sa mère à Saint-Fargeau, alors que son père traverse le monde en tant qu’ambassadeur. Il évoque son enfance dans son ouvrage « Au plaisir de Dieu », publié chez Gallimard en 1974. Jean d’Ormesson, se passionne pour Chateaubriand, qui devient rapidement son modèle littéraire. Aujourd’hui, il affirme connaître la vie de l’auteur mieux que la sienne et lui a d’ailleurs consacré des années plus tard une biographie intitulé Mon dernier rêve sera pour vous

Il obtient l’agrégation de philosophie en 1949 avant de devenir journaliste à Paris Match. Attiré par les lettres, il n’a alors pas encore le projet d’en faire sa vie, comme il le livrera quelques années plus tard au même magazine : “Ne comptez pas sur moi pour jouer la comédie de l’auteur dont la vocation était déjà affirmée à 12 ans. Je m’y suis mis à 30 ans pour épater une fille. Ensuite, je n’ai plus rien su faire d’autre alors qu’auparavant, cette idée ne m’avait jamais effleuré. »

Son premier roman, « L`amour est un plaisir » est publié en 1956 chez Julliard, après avoir été refusé une première fois par Gallimard. Cet ouvrage, pourtant prometteur selon son éditeur atteint péniblement les 2 000 exemplaires vendus. Il devra en effet attendre 1971 pour connaître son premier succès littéraire avec « La gloire de l`Empire » pour lequel il reçoit le Grand Prix du roman de l’Académie française. Qualifié de “premier livre d’histoire-fiction” l’ouvrage est salué par tous ses contemporains. Ce monument d’érudition constitue la chronique d’un royaume imaginaire où le pouvoir demeure des siècles durant entre les mains de deux familles rivales, menacées par les Barbares. Pastiche des grandes fresques, Jean d’Ormesson y mêle réflexion sur la fin des civilisations et réflexions sur le temps qui passe. Dès lors, son ascension ne cesse de progresser. Nommé directeur général du Figaro, il commence alors à fréquenter les plateaux de télévision, qu’il ne quittera plus, considéré d’ailleurs comme l’un des piliers de l’émission Apostrophes.

1973 est l’année de son élection à l’Académie Française, au fauteuil de Jules Romains . Installé, il sera le grand artisan de l’entrée sous la Coupole de Marguerite Yourcenar, la première femme admise dans l’illustre compagnie quelques années après lui. Le discours de réception qu’il rédigea à l’époque est resté dans les annales, qualifiant l’entrée de sa collègue de “révolution pacifique et vivante”, discours où il évoque d’ailleurs un questionnement toujours d’actualité concernant les mots sans déclinaison féminine, tels qu’écrivain, ministre ou mannequin. Mais c’est suite à sa démission du Figaro en 1977 qu’il décide de se consacrer plus pleinement encore à l’écriture. En effet, cette période est celle de la rédaction de nombreux romans souvent très détachés des conventions établies pour le genre. Entre humour et érudition, Jean d’Ormesson propose une sorte de parcours méditatif sur le temps qui passe, comme le montre par exemple « Dieu, sa vie, son œuvre », face auquel il parvient malgré tout à demeurer léger. Ces ouvrages, à la frontière entre le récit et l’essai et souvent forts de leurs bons mots, comportent une indéniable dimension autobiographique. Malicieux et pétillant, son élégance taquine n’était que raffinement. Écrivain de l’amour, sa philosophie des petits bonheurs de la vie a dessiné la mélodie du bonheur pour les millions de lecteurs.
En 2013, il évoque son cancer de la vessie qui lui a coûté 8 mois de souffrances et de séjours à l’hôpital mais dont il est en rémission. En 2014, épuisé par la maladie, il sort tout de même un nouveau roman « Comme un chant d’espérance ».

Plus les années passent et plus la reconnaissance s’invite sur le chemin de Jean d’Ormesson. Après l’Académie Française, c’est la prestigieuse collection de La Pléiade qui lui ouvre ses portes en 2015, alors que l’écrivain est âgé de 89 ans.
Un immortel ne meurt jamais. Sa pensée restera à jamais vivante

Comments

  • Anonyme
    mai 28, 2019

    4.5

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