Expérimentation du remboursement d’actes de psychologues: une dépense nécessaire
Allouer les ressources aux besoins réels de la population
Notre pays se caractérise par un système de soins où les dépenses inutiles sont très élevées
En dehors de l’efficience du système lui-même c’est le problème majeur compte tenu du poids des dépenses de soins dans l’économie. Toutefois ces dépenses inutiles ne doivent pas faire oublier que les besoins de soins déterminés par les évidences scientifiques sont loin d’être pris en compte dans la liste des soins pris en charge. On peut citer pêle mêle les soins dentaires, les soins d’optique, les soins d’audition, les soins concernant les maladies mentales. À l’inverse les remboursements de prestations qui ne sont pas des soins se sont accumulées comme un mille feuille de redistribution essentiellement construit par des considérations clientélistes.
Les maladies mentales représente de manière caricaturale cette situation. Un document déjà ancien de l’UE dresse un bilan intéressant de cette question en France Expérimentations
Deux expérimentations sont en cours pour le remboursement d’actes de psychologues dans le cadre de la souffrance des jeunes et de la prise en charge des troubles en santé mentale d’intensité légère à modérée. Pour la première les territoires sont fixés par l’arrêté du 5 mai 2017 au sein des régions Ile-de-France, Pays de la Loire et Grand Est Ils ont été identifiés par la mission « Bien-être et santé des jeunes », comme ayant des bonnes pratiques de collaboration entre santé et éducation nationale et, par les ARS en lien avec les rectorats d’académie. Sur chaque territoire doit être présente une maison des adolescents. La durée de l’expérimentation est de quatre ans.
Pour la seconde il s’agit des trois ou quatre départements suivants: Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne et Morbihan; de même que le département des Landes La durée serait de trois ans.
Ces deux expérimentations sont un bon signe à deux titres.
Toute expérimentation dans ce système rigide est un véritable espoir que l’allocation des ressources soit améliorée sur la base de données objectives.Toutefois il faut que ces expérimentations soient très bien réalisées et ce dans un délai court afin de prendre une décision à un horizon réaliste pour les français. Plusieurs facteurs sont favorables, le système de soins collecte les données de toute la population ce qui augure de données suffisantes rapidement; les moyens informatiques de la sécu sont considérables. En revanche aucune faculté de médecine n’est officiellement associée à cette expérimentation ce qui est regrettable du point de vue de la recherche.
Ensuite il faut prendre en compte la situation actuelle. Le médecin généraliste est dans une situation délicate car l’exercice à l’acte est actuellement économiquement menacé. Le revenu fiscal ne représente pas le gain horaire! Et ce dernier est faible au regard des contraintes, si bien que c’est un fait le remplacement des départs en retraite se fait grâce à des médecins étrangers pour 25% Parallèlement ces médecins étrangers ont depuis novembre 2017 un accès plus facile aux hôpitaux ce qui diminuera les installations Dans ces conditions il est urgent de déléguer des tâches pour maintenir une offre au niveau des besoins.
Dans les détails ces expérimentations sont elles économiquement viables?
On peut bien sûr s’interroger sur les tarifs et l’architecture administrative de cette expérimentation surtout au niveau des soins pour adultes. Un bilan d’étape doit être effectué rapidement car à défaut on ne pourrait pas détecter les failles de ce dispositif
Quels sont les enjeux?
Ils ont été preSa formule lapidaire est plus que jamais d’actualité:
“Une insomnie, une pilule. Une contrariété, une pilule. Une déprime, une pilule. Sans leur boîte d’hypnotiques et leurs gélules d’antidépresseurs, les Français pourraient-ils survivre?”.
Malheureusement les données sur la consommation de psychotropes ne sont pas jointes aux avis de l’HAS ce qui altère la qualité du jugement que l’on peut porter à cette initiative. Il y a au moins deux raisons possibles qui expliquent que le taux de consommation d’antidépresseurs augmente dans de si nombreux pays dont la France ssentis et décrits dès les années 90 en France par Edouard Zarifian
. Le traitement dure plus longtemps que par le passé, et deuxième raison les antidépresseurs sont maintenant prescrits non seulement pour la dépression sévère, mais aussi pour la dépression légère, l’anxiété, la phobie sociale, et plus encoreLa psychothérapie cognitive et comportementale s’adresse à des patients qui sont aujourd’hui placés d’emblée sous traitement antidépresseur médicamenteux. Il est donc assez facile de suivre les effets de ces expérimentations dans la vie réelle. Augmenter la durée de prescription des antidépresseurs correspond en fait aux directives internationales pour ce traitement. L’Organisation mondiale de la santé recommande que les patients continuent à prendre des antidépresseurs au moins neuf à 12 mois après leur guérison. Pour autant les preuves à l’appui sont minces et surtout il n’y a aucune preuve qui indique que l’on puisse prolonger au delà. C’est une bonne raison pour éviter dans les formes non graves de dépression le recours médicamenteux. En effet de nombreux patients sont sous antidépresseurs et d’autres molécules depuis plus de deux ans et une minorité depuis plus de dix ans. Parmi eux rares sont ceux qui ont eu une prise en charge psychothérapique.
Reconnaître que ces dépenses peuvent être utiles ne signifie nullement que nous devons continuer à dépenser plus que nous ne prélevons. Il est donc nécessaire de supprimer les dépenses inutiles au fur et à mesure que l’on met en place une prise en charge de pathologies jusque là non remboursées. De ce point de vue, malheureusement, le gouvernement n’a fait aucune annonce.
http://www.france24.com/en/20120913-france-medicine-drugs-pharmaceutical-mediator-philippe-even-bernard-debre-pharmacy »>http://www.france24.com/en/20120913-france-medicine-drugs-pharmaceutical-mediator-philippe-even-bernard-debre-pharmacy
http://www.france24.com/en/20140520-france-drug-addiction-1-3-psychotropic-medication
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https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2017/11/22/SSAH1727640D/jo/texte
https://www.caissedesdepotsdesterritoires.fr/cs/ContentServer?pagename=Territoires/Articles/Articles&cid=1250280267730
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https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2017/12/19/SSAP1706962A/jo/texte
https://ec.europa.eu/health/archive/ph_projects/2001/monitoring/fp_monitoring_2001_frep_06_en.pdf
https://www.lenouveleconomiste.fr/20-a-30-de-depenses-inutiles-sante-62439/
Guy-André Pelouze