Union Européenne : Un monde moins accueillant…
Le nombre de migrants accueillis en Europe a baissé de 36 % en 2017 par rapport à 2016. Après le refus de l’Italie d’accueillir les 629 migrants de l’Aquarius (finalement acceptés par l’Espagne), la politique migratoire a été replacée en urgence dans les débats européens.
On le sait, il existe de fait deux politiques migratoires au sein de l’Union européenne : une politique du « refus » incarnée par des pays comme l’Autriche et l’Italie et une politique d’ouverture incarnée essentiellement par l’Allemagne. A noter que cette dernière politique est elle-même aujourd’hui remise en cause par les opposants à Madame Merkel. Ainsi les demandes d’asile en Allemagne ont-elles baissé de 73 % en un an.
En France, le débat se poursuit, bousculant au passage les clivages traditionnels gauche-droite. Du côté des « durs », l’on trouve le Rassemblement national de Marine Le Pen qui considère que « les migrants volent des emplois aux Français » (et leurs allocations sociales) [assertion fausse selon les études les plus récentes de l’OCDE]. Du côté des politiques « ouverts », se situent la gauche socialiste et les progressistes de manière générale. Quant à la majorité parlementaire LREM (La République en marche), elle est divisée depuis la présentation du projet Macron-Collomb. Rappelons que les mesures du gouvernement sont axées sur une réforme des conditions d’expulsion des étrangers en situation irrégulière, qui prévoit notamment les raccourcissements des délais de recours et d’appel en cas de refus d’autorisation de séjour. L’idée d’un contrôle des personnes hébergées en centres d’accueil, manière indirecte, quoique le ministre s’en défende, de faire le « tri » entre celles entrées pour des motifs politiques (légitimes ?) et les autres arrivées pour des raisons économiques (illégitimes ?), a jeté récemment le trouble au sein de la nouvelle majorité.
Sur la question des « migrants » se dégage finalement, tant en France qu’au niveau international, une impression de cacophonie et donc de réponses bricolées, de surcroît dans l’urgence – comme l’illustre encore l’affaire de l’Aquarius. A Paris, on le sait, les nouveaux arrivants sont régulièrement refoulés de leurs lieux de stationnement improvisés (sous les lignes de métro par exemple), et réimplantés dans différents hébergements « de fortune » de la région parisienne. Les hébergements neufs, comme ceux construits dans le Bois de Boulogne, sont trop rares pour faire face aux demandes.
La réponse immédiate au problème migratoire est européenne. Il y a consensus à ce sujet. Il faut établir de justes répartitions de migrants entre les pays de l’Union.
La solution à plus long terme à ce problème est en revanche internationale. Comme le rappelait récemment sur l’antenne de BFMtv l’ancien Premier ministre Manuel Valls, il faut poursuivre et accentuer l’aide au développement économique, principalement des pays du continent africain, d’où sont issus la plupart des migrants se présentant aujourd’hui sur le sol européen. Il faut savoir que d’ici à dix ou vingt ans il y aura deux milliards d’habitants en Afrique et donc autant de candidats potentiels à l’émigration – si bien entendu les conditions de vie sur ce continent ne s’améliorent pas. Il est de la responsabilité de la communauté internationale d’agir résolument pour que les nations les plus riches soutiennent davantage le développement des plus pauvres. C’est aussi affaire de justice et d’humanité.
Michel FIZE, sociologue
Auteur de « Mai 68 n’a jamais existé ! » (LGO éditions, 2018)