Big brother dans le métro, au centre commercial ou au travail, c’est pour bientôt ?
Comme souvent, la technologie est en avance sur la régulation politique, mais aussi économique. L’économie a-t-elle à gagner à généraliser la technologie de la reconnaissance faciale ?
La reconnaissance faciale est arrivée dans nos vies. Vie privée, espace public, il y a fort à parier que l’intelligence artificielle appliquée à l’économie changera bien des choses.
Évidemment, qui retrouve-t-on dans le palmarès des plus gros investisseurs dans le domaine ? Les GAFA. Facebook s’y est mis dès 2014, avec Deepface (une application qui reconnaissait les utilisateurs de Facebook sur des médias postés sur la plateforme et qui les identifiait automatiquement, la justice américaine avait cependant conclu à une violation de la confidentialité). Google, un an plus tard, innove avec Facenet. Apple, enfin, commercialise un iPhone avec FaceId. Résultat : plus de 99,6% de reconnaissance des visages. Le défi technologique est surmonté, reste maintenant à intégrer la technique à des utilisations commerciales, car on s’imagine bien que c’était un objectif de départ.
Voici donc quelques-unes des applications du quotidien dans lesquelles on peut déjà retrouver la reconnaissance faciale :
1.Pour s’authentifier et attester de son identité, ouvrir un espace et pourquoi l’accès à un achat, comme un billet de spectacle. Où tout simplement pour payer sans l’aide d’autre moyen de paiement. L’identification biométrique étant plus sûre que l’utilisation de cartes à puces. Depuis deux ans déjà, la banque Société Générale permet l’ouverture d’un compte bancaire à distance via la reconnaissance faciale. Le secteur bancaire est un des plus confrontés au phénomène d’usurpation d’identité.
La CNIL elle-même a donné son accord à ce nouveau procédé. Dans le 13ème arrondissement de Paris, le Lab Carrefour-Google expérimente le paiement en magasin par reconnaissance faciale. En Chine, Sodexo, l’entreprise de restauration collective, a installé un système chinois dont la technologie permet d’encaisser directement les aliments posés sur un plateau.
2.Pour sonder la clientèle. Les possibilités marketing sont infinies et la reconnaissance permet une identification automatique du sexe et de l’âge des utilisateurs, mais encore plus, elle permet d’appréhender la réaction des utilisateurs à un message publicitaire, et donc d’apprendre, par le biais d’un algorithme, quels sont ceux qui fonctionnent le plus. Pratique quand on veut cibler une publicité !
3.Offrir les produits et services les plus adaptés. Dès lors que le logiciel a reconnu l’utilisateur ou sa catégorie, il ne lui reste plus qu’à lui proposer ce qu’il a le plus de chance de consommer. Idem dans les services publics, la reconnaissance faciale doit permettre de faciliter les démarches. Une application lancée par le gouvernement et nommée Alticem est actuellement en test. Elle requiert pour l’instant le consentement de l’utilisateur.
Avec des justifications de la part des acteurs économiques qui sont l’amélioration de l’expérience client ou la lutte contre la fraude. « Expérimenter la reconnaissance faciale est nécessaire pour que nos industriels progressent », selon le Secrétaire d’Etat au numérique, afin d’éviter que les entreprises françaises soient moins compétitives aussi.
Doit-on pour autant tout accepter ?
La régulation des États – ou au moins la surveillance – semble en tout cas en marche, avec l’objectif avancé, lors des derniers sommets internationaux, de la création d’un organisme de concertation mondiale sur l’Intelligence Artificielle et ses développements.
Sauf que l’intelligence artificielle et tout ce qui peut en découler ayant un rapport avec l’humain, c’est une des lignes de bataille de la guerre sino-américaine. Deux visions contradictoires s’affrontent entre l’Orient et l’Occident. A des fins de surveillance, la reconnaissance faciale est déjà largement répandue en Chine.
En Occident, et en Europe encore plus qu’en Amérique, la question des droits est primordiale et l’emporte. Est-ce que ce sera le caillou dans la chaussure qui empêchera l’Europe d’avancer à pas de géants sur la question de l’IA?
Sandrine castrevejo