« La retraite par répartition, c’est la faute à Pétain » Philippe Simonnot
La répartition est l’une des vaches sacrées de la République française, d’autant plus sacrée qu’elle est censée avoir vu le jour à la Libération grâce aux fameuses ordonnances sur la Sécurité sociale du 4 octobre 1945, sanctifiées, si l’on ose dire, par la signature du général de Gaulle. Il paraît donc normal que le président de cette même République voue à cette idole un culte au moins aussi fervent que celui que lui rendaient ses prédécesseurs.
Or, il s’agit là d’une des réécritures de l’histoire dont notre pays est coutumier.
En réalité, la répartition a été inaugurée en France, le 14 mars 1941, par un homme qui a fini sa vie en prison pour indignité nationale après un procès pour haute trahison : Philippe Pétain.
Après la tragédie de la défaite, dans un pays ruiné et rançonné, saigné à blanc par l’occupant nazi, le vieillard qui règne à Vichy allume, pour venir au secours des personnes âgées, la mèche d’une bombe à retardement qui explose aujourd’hui.
René Belin, l’ancien dirigeant de la CGT nommé par le maréchal Pétain secrétaire d’Etat au travail, met lui-même les points sur les « i » : « Les cotisations destinées à la couverture du risque “vieillesse”, explique-t-il, ne donneront plus lieu à un placement, mais seront utilisées au fur et à mesure de leurs rentrées dans les caisses pour le service des pensions. »
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La dernière loi sur les retraites datait de 1930. Le régime de capitalisation, alors en vigueur, avait donné de bons résultats. Sur les 8,8 millions d’assurés, 7 millions faisaient des versements, et 5,5 millions cotisaient régulièrement. La situation financière n’avait pas tardé à être florissante.
Philippe Simonnot, né le 10 juillet 1941, est un économiste et journaliste français.
Docteur en sciences économiques à l’université de Paris X et de Versailles, il est l’auteur de nombreux ouvrages d’économie. Il publie épisodiquement des chroniques économiques dans la presse, notamment dans Le Monde et Le Figaro.
essayiste, économiste, il a été professeur d’économie du droit à l’université de Nanterre et de Versailles.
Cédric Leboussi
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