Inceste : l’ordre des médecins n’est « pas favorable » à une « obligation de signalement » des médecins
Les comportements incestueux – exhibitionnisme, toilette appuyée des parties génitales, attouchements, manie du thermomètre rectal, etc – se sont poursuivis entre ses 7 et 18 ans, raconte Emmanuel, qui a aussi témoigné devant la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) des agissements d’un aumônier catholique de son collège. « Il y a une emprise de la mère. C’est asymétrique, même si elle n’a pas la force physique. On est sidéré, on se décompose. On se voit comme une poupée de chiffon qui se laisse faire. Et puis après, on culpabilise. Longtemps je n’ai pas parlé car j’étais un homme. C’aurait été un signe de vulnérabilité, de faiblesse ».
Ce n’est pas une surprise venant d’une institution guère réputée pour son progressisme. Le conseil national de l’ordre des médecins n’est «pas favorable» à une «obligation de signalement» pour les médecins qui soupçonnent des violences sexuelles chez un enfant, préconisé par la Commission Inceste, a déclaré jeudi sa vice-présidente Marie-Pierre Glaviano-Ceccaldi. «Il n’y a pas d’obligation de signalement, mais nous sommes tenus à une obligation de protection. Quand un médecin est sûr qu’il y a des violences sexuelles, il se doit de faire un signalement au procureur de la République. Quand il a des soupçons, il peut faire une information préoccupante auprès de la cellule de recueil des informations préoccupantes relatives aux mineurs en danger», un dispositif départemental de protection de l’enfance, a-t-elle dit à l’AFP. «En parallèle, il doit expliquer aux parents que l’enfant a besoin d’aller voir des spécialistes pour des soins complémentaires. S’il a des doutes, il doit rechercher la collégialité», ajoute-t-elle. «En revanche, il ne peut venir en aide à la mère de l’enfant (si le père est en cause, NDLR) ou signaler ces soupçons au juge des enfants. C’est la loi», précise-t-elle.
Des médecins ont été poursuivis devant le Conseil de l’ordre par des parents soupçonnés de maltraitance pour «immixtion» dans la vie familiale ou pour s’être adressés directement au juge des enfants, chargé de la protection de l’enfant en question.