Fin de vie : euthanasie, suicide assisté, sédation… Quelle différence ?
Le sujet est sensible et divise depuis des années la communauté scientifique, les politiques et les Français plus généralement. Une proposition de loi sur la fin de vie a été débattue jeudi 8 avril à l’Assemblée nationale. Elle prévoit qu’une personne atteinte d’une affection incurable lui infligeant une souffrance qui ne peut être apaisée peut disposer du suicide assisté. Qu’entend-on par suicide assisté ? Quelle différence avec l’euthanasie ? Quel lien avec la sédation ? Voici ce qu’il faut savoir pour mieux comprendre les enjeux de ce débat.
Un avis en demi-teinte. La conférence de citoyens sur la fin de vie recommande, dans un avis rendu ce lundi, de légaliser le suicide médicalement assisté. Cette proposition constitue certes une grande avancée par rapport à la loi Leonetti actuellement en vigueur mais n’est pas aussi ambitieuse que le programme de François Hollande. Dans sa proposition 21, le candidat socialiste s’engageait à mettre en place une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Une manière, sans le dire, de se prononcer en faveur de la légalisation de l’euthanasie. Le président de la République suivra-t-il l’avis de cette commission consultative ?
Quelle est la différence entre le suicide assisté et l’euthanasie ?
La principale distinction tient à l’association du patient dans le processus de fin de vie. Dans le cas de l’euthanasie, la décision d’abréger les souffrances d’un patient atteint d’une maladie incurable est non seulement prise par le corps médical mais également exécutée par lui. Lors d’un suicide médicalement assisté, c’est le patient lui-même qui effectue l’acte provoquant la mort. En Suisse, en Belgique ou aux Pays-Bas, pays dans lequel cette pratique est tolérée, ce dernier doit motiver sa demande, parfois devant un psychologue, et avoir tout son discernement pour obtenir le produit létal.
Comment se déroule un suicide assisté ?
Le suicide assisté peut être ou non encadré par le corps médical, selon les législations en vigueur. Dans certains états américains, comme en Oregon, à Washington ou dans le Montana, il est omniprésent lors de tout le processus. Le patient s’injecte lui-même la dose létale – un anesthésique puissant, souvent du pentobarbital – sous l’oeil des médecins ou des infirmières. A l’inverse, en Suisse ou en Belgique, la potion létale est prescrite par le corps médical mais ne peut être administré dans l’enceinte de l’hôpital. Elle est administrée sous le contrôle de proches ou d’une association.
Pourquoi la législation actuelle n’est plus suffisante ?
En France, la Loi Leonetti a instauré en 2005 un droit au « laisser mourir ». Elle autorise l’administration par les médecins de traitements anti-douleur permettant de soulager la souffrance, avec pour « effet secondaire d’abréger la vie » d’un malade en « phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable ».