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Boris Johnson utilisé comme bouc émissaire ? Par Pierre Duval

Les conservateurs britanniques pour tenter de regagner les sondages en leur faveur tenteront d’améliorer les relations avec l’UE et accuseront l’ancien Premier ministre britannique, Boris Johnson, des erreurs du passé. Douze successeurs potentiels de Boris Johnson font actuellement la queue pour prendre sa place. Des voix s’élèvent au Royaume-Uni pour accuser les prétendants au poste de Premier ministre d’être des responsables de la ruine du pays. 

La lutte se poursuit pour prendre la place du chef du Parti conservateur et de Premier ministre au Royaume-Uni après la démission de Boris Johnson. Des personnalités politiques se déclarent disposées à occuper ces fonctions de pouvoir. L’ancienne ministre de la Défense, Penny Mordaunt, par exemple, et la ministre des Affaires étrangères, Elizabeth Truss, qui veulent prendre la place de Boris Johnson, ont promis de réduire les impôts et de tout faire pour que l’Ukraine batte la Russie dans un conflit militaire. Sky News indique qu’actuellement 12 candidats veulent briguer le poste de Premier ministre britannique. 

La semaine dernière, le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, prenait clairement l’avantage dans la lutte pour la succession de Boris Johnson. Il était soutenu par la majorité des électeurs conservateurs. Mais, il a décidé de ne pas se présenter. La situation est devenue beaucoup moins certaine concernant la victoire des candidats et les médias ne sont plus pressés d’attribuer à l’avance la victoire à l’un ou l’autre des candidats. Boris Johnson a, lui-même, déclaré qu’il ne soutiendrait aucun des candidats au poste de Premier ministre. 

L’un des événements importants du début de la campagne au poste de chef du parti a été la nomination de la ministre des Affaires étrangères, Elisabeth Truss, qui, d’ailleurs promet d’être plus sévère envers la Russie que Boris Johnson. Beaucoup lui ont attribué le statut de principal adversaire de Ben Wallace avant même qu’il refuse de se battre pour la fonction au 10 Downing Street. 

Elisabeth Truss a écrit une chronique dans le Telegraph où elle a promis qu’elle serait efficace à la fois pour résoudre les problèmes économiques et pour vaincre Vladimir Poutine en Ukraine, ainsi que pour affronter la Chine. Elle a juré de réduire les impôts dès son premier jour en tant que Première ministre tout comme les dépenses publiques. En général, tout cela est tout à fait dans l’esprit de Margaret Thatcher, avec qui Elisabeth Truss a commencé à être déjà comparée. 

La comparaison ne s’arrête pas au caractère bien trempé de Margaret Thatcher, mais se rapporte à sa capacité pour remplir la fonction de Première ministre du Royaume-Uni. Ainsi, Penny Mordaunt, pourrait bien rivaliser avec elle. Sa popularité est assez élevée et sa réputation n’a pas été ternie par des scandales. Mais, Elisabeth Truss n’a pas seulement travaillé dans le bureau de Boris Johnson, mais a, également, pris des décisions très controversées. Par exemple, elle a annoncé aux parlementaires et à l’Union européenne la décision de Downing Street de réécrire unilatéralement le protocole sur l’Irlande du Nord. Les conservateurs nous feront bientôt savoir s’ils soutiennent ses positions radicales et son intransigeance. 

Le dossier des migrants illégaux au Rwanda

Elisabeth Truss n’est pas la seule à être critiquée pour son travail au sein du gouvernement de Boris Johnson. The Guardian a épinglé la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, qui, malgré une rhétorique dure concernant la question des migrants, ne pouvait pas résoudre ce point. Il ne s’agit pas seulement de l’ordre controversé d’envoyer des migrants illégaux au Rwanda, mais aussi du déploiement de marins de la Royal Navy près de la Manche. Outre le fait que l’armée n’a pas été, tout à fait, utilisée aux fins prévues, la mesure effrayante a eu un effet paradoxal sur les migrants illégaux. Ils ont essayé de rejoindre les militaires le plus rapidement possible sur leurs bateaux afin qu’ils les escortent jusqu’aux rives du Royaume-Uni et cela a provoqué un appel d’air. Le ministère de l’Intérieur admet que les migrants illégaux pourraient doubler cette année.

Ces candidats, qui traînent des casseroles peuvent rejeter leurs erreurs politiques sur Boris Johnson afin de redorer leur blason utilisant le Premier ministre démissionnaire comme bouc émissaire. Avec son titre «la [démission] de Boris Johnson est le début de la fin pour le Brexit», Reuters signale que trop de nombreuses questions gravitent autour de sa personne. L’économie du pays se développe lentement et perd des investisseurs. L’inflation atteint des niveaux record.

Etant donné que la cote du parti conservateur est beaucoup plus importante maintenant que celle de Boris Johnson, il pourrait bien être sacrifié. Reuters a insisté sur le fait que l’idée du Brexit en tant que force de réorganisation de la société britannique a expiré avec le discours de démission de Boris Johnson. Cela sera particulièrement pertinent si, néanmoins, il s’agit d’élections législatives anticipées. 

Le pouvoir d’achat au Royaume-Uni

Actuellement, «le coût de la vie au Royaume-Uni augmente fortement et les salaires ne suivent pas», signale Die Welt. Des millions de ménages prennent des mesures drastiques pour joindre les deux bouts. Ils mangent froid et se douchent moins tout en prenant des douches froides. Un ménage sur six au Royaume-Uni connaît de graves difficultés financières et cela concerne une augmentation de 57% par rapport au mois d’octobre dernier. Une étude du Personal Finance Research Center de l’Université de Bristol montre que l’argent devient sérieusement rare dans 4,4 millions de foyers. Il y a neuf mois, cela en concernait 2,8 millions. Plus de dix millions de ménages sont désormais sérieusement préoccupés par leurs finances.

L’une des chances de pourvoir redresser la situation économique pourrait être non seulement de réduire les coûts, mais aussi d’établir des liens avec l’UE. En tout cas, cela permettrait d’éviter la menace d’une guerre commerciale avec Bruxelles. Même si la question de l’Irlande du Nord ne deviendra pas moins aiguë, les concessions de Londres peuvent apaiser les tensions et donner confiance dans les perspectives économiques de la coopération avec l’UE. La situation du pays va, donc, dépendre du nouveau Premier ministre du Royaume-Uni. 

Yvette Cooper, secrétaire d’Etat à l’Intérieur du cabinet fantôme (Shadow Home Secretary), qui soutient fermement l’Ukraine contre la Russie, a déclaré à Sky: «Je pense que vous avez maintenant ce défilé chaotique de candidats qui défendent tous Boris Johnson depuis quelques années, qui ont également fait partie de 12 ans de gouvernement conservateur raté avec une faible croissance, avec un coût de la vie qui s’envole et des services publics délabrés». Yvette Cooper a rajouté: «Je pense que tous font vraiment partie de ce catalogue d’échecs. Ils sont tous en train de laisser tomber le pays»; «C’est pourquoi nous ne pensons qu’aucun d’entre eux n’est bon pour le pays. Nous avons besoin d’un nouveau départ, d’un avenir meilleur pour le Royaume-Uni».

Les conservateurs, voulant sauver leur place, ne vont donc pas hésiter à taper sur le bilan de Boris Johnson. Il est possible que Boris Johnson doive complètement se retirer de la politique.

Pierre Duval

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