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Nazisme au risque d’un retour ? Par Philippe Rosenthal

Ce mercredi matin, des raids ont été menés par la police allemande à l’échelle nationale pour briser un putsch visant à renverser l’actuel pouvoir politique allemand par un autre régime.

Une juge allemande et ancienne députée du Bundestag, d’anciens de la Bundeswehr, un descendant de la royauté allemande, et un sous-officier appartement au quartier général du commandement des forces spéciales (KSK), avec des membres bien organisés politiquement et armés, ont été stoppés dans leur élan putschiste. 

Un putsch de sympathisants de la citoyenneté du Reich (Reichsbürger) intercepté. «Le groupe terroriste des citoyens du Reich voulait apparemment éliminer l’État de droit», titre Stern.

3000 policiers ont, simultanément, participé à l’action dans onze Länder pour arrêter 25 personnes et fouiller plus de 130 maisons, bureaux et salles de stockage. 22 des personnes arrêtées seraient membres d’une organisation terroriste, dont deux meneurs, précise l’hebdomadaire. Une porte-parole de l’autorité de Karlsruhe signale qu’ il y a aussi «27 autres suspects».

Selon les informations, des personnes ont, entre autres, été arrêtées dans le Bade-Wurtemberg, la Bavière, Berlin, la Hesse, la Basse-Saxe, la Saxe et en Thuringe et une personne en Autriche et une autre en Italie. D’après des informations de Stern, «le point de départ de l’enquête serait des liens entre des membres de l’association aujourd’hui démantelée et des membres du groupe Patriotes unis, arrêtés en avril et qui auraient prévu d’enlever le ministre fédéral de la Santé, Karl Lauterbach (SPD)», le ministre qui a ordonné des mesures drastiques pour les confinements, le port du masque et les prises des vaccins. Selon le bureau du procureur fédéral, le groupe a planifié un putsch et s’est entraîné pour le «jour X» avec des armes.

Bras militaire. Les enquêtes du parquet fédéral sont également dirigées contre un soldat du commandement des forces spéciales (KSK) de la Bundeswehr. Un porte-parole du Service de contre-espionnage militaire (MAD) a déclaré qu’il s’agissait d’un homme de l’état-major, un sous-officier. Stern souligne qu’ «il avait déjà été remarqué dans la Bundeswehr comme un opposant à la vaccination et qu’il a ensuite été signalé par les troupes» et que «le MAD (les renseignements militaires) a été impliqué dans les enquêtes du procureur général à l’avance et a partagé ses conclusions avec l’Office pour la protection de la Constitution et avec l’Office fédéral de la police criminelle. Le «bras militaire» des citoyens du Reich était apparemment censé éliminer l’Etat de droit.

Selon les enquêteurs, le groupe terroriste a planifié une attaque armée contre le Bundestag et l’arrestation d’hommes politiques. En conséquence, selon les citoyens du Reich, des troubles à l’échelle nationale devaient apparemment éclater, après quoi des parties des forces de sécurité les auraient rejoints. L’ancien commandant parachutiste de la Bundeswehr, Rüdiger von P. Former, âgé de 69 ans, était censé prendre le pouvoir après le coup d’État prévu. Le «bras militaire» devait également «éliminer» l’Etat de droit démocratique au niveau des communes, des arrondissements, a déclaré mercredi le procureur fédéral à Karlsruhe. L’association est consciente qu’il y aurait eu des morts, est-il ajouté. Stern fait savoir que «certains membres présumés du bras militaire auraient fait du service actif dans la Bundeswehr» et qu’en «automne, des suspects du nord de l’Allemagne voulaient spécifiquement gagner des policiers pour l’association»: «Ils ont repéré les casernes de la Bundeswehr en Hesse, Bade-Wurtemberg et Bavière « pour inspecter leur aptitude à loger leurs propres troupes après le renversement »».

Un gouvernement constitué pour une prise de pouvoir. L’organe central du groupe est un «conseil» semblable au cabinet d’un gouvernement ordinaire. L’organisme comprend des départements tels que le ministère de la Justice, le ministère des Affaires étrangères et celui de la Santé. «Les membres du « conseil » se réunissent régulièrement depuis novembre 2021 afin de planifier le projet de prise de pouvoir en Allemagne et la mise en place de leurs propres structures étatiques», a déclaré le procureur fédéral cité par Stern. Une ex-députée du Bundestag appartenant à l’AfD, Birgit Malsack-Winkemann, et qui est en poste comme juge à Berlin, devait s’occuper du ministère de la Justice pour le nouveau régime. Le prince Heinrich XIII, 71 ans, qui a activement participé au mouvement, devait représenter ce nouveau régime en montant sur le trône. Il aurait joué un rôle important dans les préparatifs, étant chargé de la collecte des fonds pour mener à bien leur plan. 

Reichsbüger. Le mouvement des Reichsbürger date de plusieurs décennies et continue de gagner en sympathisants. La crise de la Covid-19, la crise économique, l’occupation de l’Otan et de l’armée des Etats-Unis sur le sol allemand, la décision d’Angela Merkel d’ouvrir les frontières pour inviter des millions de migrants, ont intensifié les positions politiques de ces membres refusant la destruction de leur patrie (Heimat). L’obligation de faire subir à la population allemande les restrictions liées au conflit en Ukraine en appliquant une économie de guerre ont rajouté une louche au mécontentement général qui s’infiltre dans le peuple.

L’hebdomadaire allemand explique que «les citoyens du Reich sont des gens qui ne reconnaissent pas la République fédérale et ses structures démocratiques. Ils refusent souvent de payer des impôts». Ils expliquent leur position en affirmant que l’actuelle Allemagne ne possède pas de constitution depuis la chute du mur de Berlin et avancent que c’est la constitution du Reich qui est valable. En outre, ils affirment que l’Allemagne actuelle a un statut de SARL étant enregistrée à Francfort-sur-le-Main au registre du commerce (Handelregister B) sous le numéro HRB 51411 comme une société et que les pièces d’identités actuelles des habitants tout comme les actes de naissances sont des contrats faisant des habitants des propriétés de cette SARL. Ils précisent, aussi, que la police allemande ainsi que son armée et ses tribunaux sont des sociétés privées.  Ils sont fermement convaincus que l’Allemagne est gouvernée par des membres d’un soi-disant Etat profond, selon un communiqué du procureur fédéral, selon Stern.

L’Office pour la protection de la Constitution compte environ 21.000 partisans sur la scène des Reichsbürger. Régulièrement, les forces de police allemande mènent des raids contre des sympathisants des Reichsbürger.

Philippe Rosenthal

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