Qui sont donc ces Français sans télévision?
Une catégorie des sans-télé ne l’a pas, effectivement, non parce qu’ils ne l’aiment pas, mais parce qu’ils l’aiment trop. À leurs yeux, il n’y avait pas d’autre solution que la rupture définitive, comme si un rapport raisonné à cet écran était impossible dans leur cas.
75 % des sans-télé sont diplômés de l’enseignement supérieur, contre 25 %. Plus on est instruit, moindre est l’envie de la regarder ?
Non. Ce qui importe n’est pas tant le développement d’un esprit critique, une certaine éducation, qu’une condition étudiante qui, de fait, au moins pendant la semaine, met la télé à la marge.
Pourtant, la condition étudiante n’explique pas tout, puisque 25 % de sans-télé n’ont pas de diplôme de l’enseignement supérieur…
C’était une surprise. Lorsqu’ils sont de condition ouvrière, ces futurs sans-télé vont eux aussi faire un apprentissage incident. Au moment où ils partent de chez leurs parents, avec un très petit budget, ils vont différer l’achat de la télé, qui n’est alors pas la priorité. Par cet achat différé, ils expérimentent la vie sans télé et s’aperçoivent que c’est jouable.
Les raisons énoncées pour se passer du petit écran sont multiples…
Il y a certes des plaidoyers intellectuels avancés, mais nombreux sont ceux qui se contentent de l’ignorer. Ce sont surtout ceux nés après 1975. La télé a été présente toute leur enfance, mais ils ont grandi avec d’autres écrans. Leur logement sans télé n’est pas du tout sans écran.
Politiquement, sont-ils de droite ou de gauche ?
Ils sont idéologiquement marqués tout en étant contrastés. À gauche, la télé est considérée comme un outil au service du pouvoir et inféodé au système marchand. À droite existe un discours plus nostalgique qui associe la télévision au relâchement des mœurs, à la perte des valeurs et au manque d’ambition culturelle. Les écologistes sont néanmoins surreprésentés. Mais au-delà de leurs divergences politiques, un consensus existe chez les sans-télé sur la dimension abêtissante de la télévision.
Pourquoi les Français regardent-ils de moins en moins la télévision ?
Les chiffres sont là et effectivement on peut parler d’une sacrée chute. En novembre de l’an dernier, les Français avaient regardé la télévision 4 heures 23 par jour en moyenne. Cette année, on assiste à une dégringolade avec seulement 3 heures 41 de visionnage.
En 2020 avec le Covid, les Français avaient besoin de s’informer
40 minutes de visionnage en moins par jour par rapport à novembre dernier, c’est énorme. Mais cette chute s’explique et demande à être relativisée. Il faut s’en souvenir, l’an dernier on était encore dans une période de pic du Covid avec des vagues de confinement. Les Français avaient besoin de s’informer, ils étaient inquiets. Et cela pousse à consommer de l’information sur les grandes chaînes comme sur les chaînes d’information. Ensuite, on a tous passé beaucoup plus de temps à la maison et il y avait beaucoup moins de divertissements à l’extérieur. Moins de concerts, de films, d’expositions… Les Français ont donc plus regardé la télévision. Aujourd’hui, on a peur du dernier variant mais on avait repris une forme de vie plus normale.
