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MALI: CONQUETE DES TOUAREGS DE LIBYE

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Beaucoup s’interrogent sur le rôle des Touaregs de Libye dans la conquête du Nord-Mali, et indirectement sur la conséquence de la chute de Kadhafi sur le Mali. Sans eux, cette conquête aurait-elle eu lieu ? Indéniablement non. Sans leur appui, sans leur logistique en armes et en hommes, les Touaregs maliens n’auraient jamais pu la mener à bien. En cela, la révolte en Libye ainsi que la chute de Kadhafi ont joué un rôle primordial.

En février 2011, les Touaregs intégrés depuis les années 1980 dans un bataillon spécial, appelé « les Commandos courageux » en référence à Tariq Ibn Ziyad, conquérant berbère en Espagne, combattent durant la révolte aux côtés de Kadhafi. Certains sont des Touaregs de souche, d’autres sont originaires principalement du Mali et du Niger. Ils ont été naturalisés par Kadhafi au début des années 1980 et surtout à partir de 1990.

En juillet 2011, l’armée kadhafienne enregistre de nombreuses défections de Touaregs. C’est notamment le cas de Mohamed Ag Najim, d’origine malienne. Répondant aux appels de pied des Touaregs maliens, qui voient dans la révolte libyenne l’opportunité de faire adhérer d’autres Touaregs à leur projet d’autonomie.

Surtout, c’est l’occasion de les faire adhérer à leur volonté d’en découdre une bonne foi pour toutes avec le pouvoir central malien. Ce haut gradé déserte l’armée kadhafienne et repart au Mali avec une centaine d’hommes et de nombreuses armes.

Le mouvement des Touaregs du Nord-Mali

Autre Touareg qui a profité de la révolte de février 2011 pour porter main forte à ses frères maliens : Ibrahim Ag Bahanga. En 2008, deux ans après la révolte touarègue au Mali de 2006, il avait repris les armes et fait enlever des dizaines de militaires maliens. Un an après, il s’exile en Libye, où Kadhafi arrive à le neutraliser.

En contrepartie de son asile, le leader libyen exige de lui un arrêt de ses activités offensives et le pousse à intégrer le processus de paix enclenché en 2010 au Mali. La révolte en Libye va à nouveau le replonger dans ses velléités de se battre contre les autorités maliennes. Durant celle-ci, il multiplie les allers-retours entre le Mali et la Libye, avec des caisses remplies d’armes afin d’alimenter son propre groupe, le Mouvement des Touaregs du nord du Mali.

Sa mort dans un accident de voiture au nord-est du Mali en août 2011 va jouer au bénéfice du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Devenu orphelin, son groupe armé jusqu’aux dents rejoint le MNLA, à l’instar de celui de Mohamed Najim, lequel devient de son côté en octobre 2011 le chef d’Etat major du MNLA.

Touaregs bannis

Un mois après, l’arrivée massive au Mali de nouveaux Touaregs va indéniablement être décisive dans la conquête du nord du pays par le MNLA. Ayant combattus jusqu’au bout aux côtés du Guide libyen, ils sont pourchassés à sa mort en octobre 2011 par les rebelles au nom du code tribal.

Ces derniers leur interdisent de revenir dans leur localité d’Oubari (Sud) et de Ghadamès (Ouest). Les Touaregs ainsi bannis de leurs villes trouveront refuge dans leur pays d’origine, le Mali ou le Niger. A leur arrivée au Mali, si certains sont récupérés par l’armée malienne, ils vont surtout grossir les rangs du MNLA.

D’autres encore, en minorité, rejoignent Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Venus sans rien, ils vendront la seule chose qu’ils possèdent : leurs armes. Ils en vendront ainsi beaucoup à AQMI. En janvier, fort de ses soutiens, le MNLA commence la conquête du Mali avec les conséquences que l’on connaît : le coup d’Etat, l’expulsion du MNLA des villes qu’il a conquis par AQMI et son groupe dissident le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), et pour finir, l’intervention de la France face aux menaces d’AQMI de conquérir le Sud.

Autre conséquence de la révolte et de la chute de Kadhafi : la participation des Toubous au transit des armes vers le Mali. Ces derniers, impliqués dans de nombreux trafics dans le Sud libyen, ont fait transiter en grande quantité des armes par Oubari pour les revendre au Nord malien.

Autre acteur actif dans ce transit : AQMI. Certains de ses membres, venus en Libye prêter main-forte à leurs frères djihadistes libyens durant la révolte, sont repartis au Mali avec des armes, dont des missiles.

Helène Bravin

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