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Homosexualité au Gabon : des avancées malgré une homophobie latente

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Le Gabon est l’un des rare pays d’Afrique à avoir dépénalisé l’homosexualité, en 2020. Cependant les droits des personnes LGBT+ font encore débat dans ce petit pays d’Afrique australe. Décryptage.

Le Gabon dépénalise l’homosexualité

En juin 2020, les législateurs de la chambre basse du parlement gabonais ont voté la dépénalisation de l’homosexualité (48 pour, 24 contre, 25 abstentions). Cette loi fait du Gabon l’un des rares pays d’Afrique subsaharienne à revenir sur une législation qui punit les relations sexuelles entre personnes du même sexe. Le mariage gay reste interdit dans un pays où l’homosexualité est largement considérée comme un tabou.

Une homophobie latente au sein de la société gabonaise

Bien que des avancées aient été faites au niveau des droits des personnes LGBT+, au Gabon l’homophobie est encore présente à de nombreux niveaux, dans ce pays très religieux.

Abslow, chroniqueur du journal Gabon Review, exprime son inquiétude face à l’évolution controversée des valeurs sociétales : « Pour prendre le cas spécifiquement atypique de mon pays le Gabon, je m’y retrouve désormais totalement désorienté et déconnecté des nouvelles valeurs qu’y insufflent et installent nos gouvernants au nom d’une liberté de choix de vie et d’une modernité de mauvais aloi. Après avoir déjà démontré que le vol, le mensonge, la tricherie, la duperie… largement pratiqués aux affaires, sont des pratiques normales, les voilà qui veulent nous vendre aussi de nouvelles orientations sexuelles. »

Le Gabon est un pays très religieux, où le sceau de la République est une « Maternité Allaitant », soit une mère qui allaite son enfant. Selon le ministère des Affaires Etrangères, la mère représente la République, l’Etat Gabonais qui nourrit ses enfants, les protège, les soigne, les éduque et veille en permanence sur leur bonheur. Nombreux gabonais perçoivent l’homosexualité comme étant contraire à l’un des symboles de leurs pays.

Éducation de l’homosexualité à l’école : polémique et fake news

Va-t-on enseigner l’homosexualité à l’école ? La réponse est non. Pourtant cette question se situe au cœur d’une large polémique qui a secoué le Gabon ces derniers mois.

Au mois de juin, le ministère de l’Éducation nationale gabonais aurait élaboré un document qui ferait, entre autres, la promotion de l’homosexualité à l’école. Pour Béni Ngoua Mbina, leader religieux, le Gabon traverse une crise multiforme avec des valeurs qui s’écrasent. Il s’est exprimé à ce sujet : « Nous disons que cette peste n’a pas de place ni dans notre culture, ni dans notre système éducatif, ni dans notre société ». Il considère l’homosexualité comme une « malédiction ».

Le 5 juillet, le ministère de l’Éducation nationale du Gabon a répondu à ces critiques dans un communiqué rendu public. Il a clarifié que la réforme concerne en réalité l’enseignement de l’Éducation à la santé sexuelle et de la reproduction (ESSR), qui est déjà dispensé dans les établissements scolaires gabonais depuis 2012. Le communiqué stipule que l’objectif principal de cette réforme est de « préparer les élèves à une gestion appropriée de la phase d’adolescence, afin de les protéger contre le décrochage scolaire, les grossesses précoces, les infections et les maladies sexuellement transmissibles. »

Le ministère évoque « un outil pédagogique destiné à l’usage exclusif de l’enseignant en vue de la préparation des enseignements, tout en respectant scrupuleusement les programmes et les progressions officielles ». Le conseiller en communication du ministre de l’Éducation nationale a déclaré que : « Le ministère de l’Éducation nationale déplore profondément la campagne d’intoxication injustifiée faite actuellement sur l’enseignement de l’ESSR ».

Le parti d’Alexandre Barro Chambrier, un parti homophobe ?

Au mois de mai, des propos du communicant du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), laisse transparaître des tendances homophobes au sein de son parti politique. Une rumeur a circulé concernant la création d’une section dédiée aux personnes LGBT+ au sein du parti d’opposition d’Alexandre Barro Chambrier (ABC).

Toutefois, il semblerait que cette information soit infondée, car selon J. Laffite, le communicant du RPM, la dépénalisation de l’homosexualité serait le fruit d’une initiative d’Ali Bongo, le président en exercice. Joyce Laffite semble ainsi se désolidariser d’une avancée majeure dans le domaine des droits de l’homme.

Le RPM ne s’est pas exprimé à ce sujet depuis. Les droits des personnes LGBT+ ne semble pas se situer au cœur de la campagne présidentielle en cours.


Maya Soulairee

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