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Niger : la tentative du coup d’Etat marque-t-elle la fin de la présence de l’armée française au Sahel ?

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Les événements tout récents au Niger placent Paris et l’Occident dans une situation doublement inconfortable. Au-delà de l’incertitude pour la suite des relations politiques et militaires, le pays africain est également un important producteur d’une ressource stratégique nommée uranium. S’il est encore difficile de faire des prévisions sur la suite immédiate de la situation dans ce pays, le fait est que l’Occident refuse une fois de plus à admettre que le rejet de sa politique par les populations africaines ait atteint le summum.

Les Forces armées nigériennes ont déclaré, mercredi, avoir pris le pouvoir et suspendu toutes les institutions de la République. Réunis au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) – dans une déclaration diffusée sur la télévision publique, les militaires ont annoncé avoir décidé de mettre fin au régime du président Mohamed Bazoum.

«Cela fait suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire et à la mauvaise gouvernance économique et sociale», a déclaré le colonel-major de l’armée de l’air du Niger Abdourahaman Dandjodi. Les représentants militaires ont également décidé de la fermeture des frontières terrestres et aériennes jusqu’à nouvel ordre et de l’instauration d’un couvre-feu.

Le régime hexagonal, dont le Niger restait l’un des principaux et derniers alliés sur le continent africain, n’a pas manqué de condamner ce qu’il appelle «la prise de pouvoir par la force». Les autres régimes occidentaux, dont les USA, devraient fort probablement adopter la même posture.

S’il est effectivement encore difficile de faire des prévisions quant à la suite des événements au Niger, y compris compte tenu de la forte implication des réseaux françafricains et occidentaux dans ce pays, le fait est que l’événement en question ne fait non plus seulement de confirmer, mais surtout d’élargir et de renforcer la thèse qu’Observateur Continental avait plusieurs fois relayé. A savoir l’expulsion pure et simple du régime hexagonal du continent africain. Du moins dans sa forme néocoloniale et extrêmement arrogante.

En termes de perspectives, les défis pour les Occidentaux sont aujourd’hui doubles. D’une part, le Niger représentait jusqu’à encore tout récemment le principal allié des Occidentaux dans le Sahel, notamment dans la prétendue «lutte antidjihadiste». Une lutte que les régimes occidentaux n’ont jamais réellement mené tout au long des années précédentes et cela sans même rappeler que le renforcement du terrorisme dans le Sahel est une des conséquences directes de la destruction de la Jamahiriya libyenne de Mouammar Kadhafi par l’Otan.

Et dans les événements observés dans d’autres pays, en misant sur la souveraineté, le panafricanisme, la diversification des partenariats extérieurs et les valeurs de l’ordre multipolaire international, comme notamment au Mali et au Burkina Faso – rien ne peut garantir aujourd’hui aux régimes de l’Occident à pouvoir garder leur mainmise au Niger.

Ceci étant dit, il serait naïf de croire que les dits régimes ne tenteront pas l’imposition de leur agenda, dans un pays aussi stratégique. D’autant plus et qu’au-delà de la présence militaro-politique occidentale, le Niger fait partie des principaux producteurs de l’uranium à l’échelle mondiale. Une production dont profite très largement le régime hexagonal et d’autres intérêts occidentaux. Et pour ceux qui l’auraient oublié – la France a beau revendiquer le statut de puissance nucléaire – le fait est qu’elle dépend largement des livraisons externes d’uranium. Et à ce titre et comme le reconnaissent les médias hexagonaux en termes de ces livraisons – la France est totalement dépendante des livraisons en provenance justement du Niger et de certains autres pays.

Quant à l’ensemble européiste nommé UE – le Niger fait tout simplement partie des deux principaux fournisseurs avec le Kazakhstan. Rien que cela. Pendant ce temps et à titre d’information, le taux d’électrification du Niger aujourd’hui représente moins de 20%.

Dans cette configuration, il est évident que l’Occident, à l’instar de ce qui a été longuement observé au Mali voisin et à d’autres endroits du continent africain – tentera de s’accrocher jusqu’au bout. Et à cet effet, il ne sera d’ailleurs nullement étonnant que les nostalgiques de l’unipolarité aillent de nouveau à accuser les adversaires géopolitiques du petit monde occidental des événements en cours. Tout en prétendant, également une fois de plus, à ne pas voir ni comprendre les seules et véritables raisons du rejet de la politique occidentale à divers endroits du monde, dont bien évidemment en Afrique.

Tout comme le fait que bien souvent le leadership militaire de nombre de pays concernés ne fait que suivre les aspirations populaires de la société civile de ces nations. De manière générale, si aujourd’hui il ne fait pratiquement pas de doute que le système néocolonial de la Françafrique vit ses dernières heures dans le Sahel et à l’échelle continentale de l’Afrique, la situation est fortement semblable pour les autres régimes occidentaux ayant fait preuve d’une totale incapacité à s’adapter aux aspirations des populations africaines et aux règles qui ressortent de l’ordre multipolaire international contemporain.

Mikhail Gamandiy-Egorov

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