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L’Elysée : d’hôtel particulier à palais du pouvoir

Le Palais de l’Élysée, c’est 365 pièces et 11 000 mètres carrés de superficie, 2 hectares de jardins, 11000 bouteilles de vin dans les caves, près de 300 lignes téléphoniques, 800 employés dont 300 militaires, 17 personnes embauchées pour nettoyer les 6 500 pièces de vaisselle et 6 000 verres et carafes en cristal… Bref, les chiffres de l’Élysée montrent bien à quel point ce lieu est hors du commun ! Siège officiel de la Présidence de la République depuis près d’un siècle et demi, le numéro 55 de la rue du Faubourg Saint-Honoré reste pourtant bien méconnu des Français. Poussons les portes de ce vaste domaine et découvrons ensemble quelques-uns de ses secrets les mieux gardés.

La maison ….du roi

Avant de devenir le plus haut-lieu du pouvoir exécutif, cette demeure construite entre 1718 et 1720 pour le comte d’Évreux a appartenu à de nombreux propriétaires. Ce n’est qu’en 1848 qu’elle devient la résidence d’un Président de la République, situation officialisée vingt-cinq ans plus tard, lors de la proclamation de la Troisième République. Sous l’Ancien Régime, la locataire la plus remarquée a sans doute été la marquise de Pompadour, favorite de Louis XV.
Le salon Pompadour du Palais de l’Élysée
C’est en 1753 que le roi décide de lui acheter cet hôtel particulier, alors situé aux portes de Paris. Une décision qui n’a pas vraiment plu aux habitants du coin qui n’hésitaient pas à évoquer la demeure comme la « maison de la putain du roi ». Il faut dire que la jeune femme était un brin excentrique : un jour, elle aurait accueilli un bélier dans son boudoir afin de le présenter à ses invités. Apeuré par son reflet, l’animal se serait mis à courir dans tous les sens… saccageant la pièce au passage !

Un lieu de tous les plaisirs


L’utilisation la plus insolite du lieu a sans doute été celle qui a duré pendant les deux dernières années du Directoire, entre 1797 et 1799. La duchesse de Bourbon, propriétaire du lieu, en manque de moyens, décide alors de le louer à un couple de négociants qui en font un établissement « de plaisirs » : bals populaires ou masqués, jeux, expositions, salons de lecture, tous les divertissements de l’époque pouvaient s’y tenir ! L’événement le plus déroutant qui a eu lieu à cette époque ? Une montgolfière posée dans les jardins qui emmène un mouton dans les airs et le lâche avec un parachute. Tout simplement.

Attention, complot en cours

Si Napoléon 1er y a vécu quelque temps, il y signa d’ailleurs son abdication le 6 avril 1814, le tout premier chef d’État à s’y installer réellement sera son neveu, Louis-Napoléon-Bonaparte, avant qu’il ne devienne Napoléon III. Et il semblerait qu’il ait vraiment eu envie d’y rester… C’est ici qu’il entreprit, le soir du 1er décembre 1851, son fameux coup d’État au cours d’une réunion secrète avec quelques-uns de ses plus proches partisans dans le salon d’argent.

L’antre ultra-sécurisée du roi des Dieux


La salle Jupiter est sans doute la plus sécurisée de France. Située dans les sous-sols de l’Élysée, cette pièce est également la plus secrète de France : aucun journaliste n’a jamais pu y entrer. La salle fait partie d’un vaste bunker de 12 pièces construit sous l’aile Est du palais en 1940. Elle a été transformée par Valéry Giscard d’Estaing en poste de commandement militaire en 1978. C’est dans cette salle protégée des interceptions électroniques et électromagnétiques, mais aussi des attaques nucléaires, que les présidents s’échangent les codes nucléaires lors de la passation de pouvoir ou qu’ils prennent les décisions militaires importantes.

Deux décès qui ont marqué les esprits

Le premier, celui de Felix Faure en 1899 a fait les choux gras de la presse. Et pour cause, le président serait décédé en pleins ébats amoureux avec sa maîtresse, la demi-mondaine Marguerite Steinheil. Ses collaborateurs l’auraient retrouvé agonisant, mais sourire aux lèvres, dans une position quelque peu gênante… Presque cent ans plus tard, le 7 avril 1994, c’est un suicide qui fait les gros titres : François de Grossouvre, conseiller et ami de François Mitterrand, est retrouvé mort dans son bureau au premier étage de l’aile Ouest de l’Élysée, un 357 magnum à ses côtés. Il s’agit de l’unique suicide qu’a connu le palais de l’Elysée

Seul le pain ne vient pas des cuisines du palais


Les 22 cuisiniers permanents de l’Élysée servent chaque année près de 80 000 repas et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne chôment pas : des glaces aux petits fours en passant par les chocolats ou les pâtisseries, tout ce qui se mange à l’Élysée est préparé sur place et seul le pain est livré de l’extérieur. En effet, depuis 1994, le lauréat du Grand Prix de la Baguette organisé chaque année par la ville de Paris gagne aussi l’honneur de fournir l’Élysée durant 1 an à raison de 20 à 50 baguettes par jour ! C’est ce qu’on appelle avoir du pain sur la planche…

Un bail à durée (très) variable


Tous les présidents n’ont pas eu la chance de rester très longtemps. Le locataire resté le moins longtemps dans les murs de l’Élysée est Jean Casimir-Perier. Président de la République entre le 27 juin 1894 et le 16 janvier 1895, il aura vécu au palais pendant seulement six mois et vingt jours ! Il est suivi de près par Paul Deschanel, le président malheureux qui a quitté son poste seulement 7 mois et 3 jours après sa prise de fonction à cause d’une dépression. Au contraire, François Mitterrand y aura passé le plus de temps = 13 ans 11 mois et 26 jours très exactement.

La galette des rois de l’Élysée est la plus déprimante de France


Chaque année depuis 1975, une galette des rois de plus d’un mètre de diamètre est dégustée au palais de l’Élysée par une centaine de convives invités pour l’occasion. Sauf que, contrairement à toutes les autres galettes de France, cette galette ne contient ni fève, ni couronne.
La raison ? Le président de la République ne peut pas devenir roi.

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