Dr François Sarkozy : « on devient vieux lorsque l’on perd l’envie de sortir, de découvrir, de s’entretenir, d’aimer… »
Les plus de 60 ans pourraient représenter 1/3 de la population en 2050.
La priorité aujourd’hui n’est plus d’allonger la durée de la vie mais
d’améliorer la qualité de vie des personnes vieillissantes.
C’est quoi une personne âgée?
Cette notion me semble à géométrie variable. Je pense que l’on devient vieux lorsque l’on perd l’envie de sortir, de découvrir, de s’entretenir, d’aimer…. Il n’y a donc pas d’âge de bascule subite d’un jour à l’autre vers la vieillesse. Il s’agit plutôt d’une pente, avec une inclinaison variable selon les individus, qui peut faire glisser certains vers la perte d’autonomie si on n’y prend pas garde !
Bien évidemment avec l’âge, le corps se transforme et les activités de la vie quotidienne peuvent devenir plus difficiles : se déplacer, se nourrir, assurer son hygiène, interagir avec les autres … Mais il me semble aussi qu’il s’agit d’un état d’esprit qui n’est pas nécessairement en rapport avec l’âge chronologique – l’âge de notre état civil un nonagénaire a ainsi couru le dernier marathon de Paris en un peu plus de 7h et un écrivain comme Jean d’Ormesson pétillait encore de vie jusqu’à la fin, à 92 ans, alors que certains trentenaires sont parfois malheureusement grabataires ! D’où l’importance de maintenir un corps en forme et un mental en éveil, plein de curiosité.
un écrivain comme Jean d’Ormesson pétillait encore de vie jusqu’à la fin, à 92 ans, alors que certains trentenaires sont parfois malheureusement grabataires !
Dr François Sarkozy
Les personnes qui vieillissent chez elles vivent-elles plus longtemps
que celles qui habitent en maison de retraite?
Le maintien à domicile le plus longtemps possible est une des clés du bien être des seniors, à condition bien entendu d’adapter l’organisation de la maison, notamment pour éviter les chutes, et d’assurer une surveillance régulière. Le changement de cadre, malheureusement parfois nécessaire en cas de perte d’autonomie ou d’isolement, est un facteur de stress important qui peut parfois accélérer l’altération des fonctions cognitives. Le développement des résidences Autonomie me semble une solution intermédiaire intéressante pour apporter aide et soutien.
Vieillir oui, mais surtout vieillir en bonne santé , est une formule qui
revient. Comment vieillir sans douleur ?
Evidemment lorsque l’on souffre d’une pathologie il faut se soigner et le plus tôt est toujours le mieux. Il ne faut pas attendre pour consulter ! Mais je suis convaincu que l’on peut aussi maitriser sa trajectoire de vieillissement en se préparant le plus en amont possible :
– se stimuler avec une activité physique quotidienne sollicitant les différents groupes musculaires et articulations mais aussi se stimuler, intellectuellement en restant curieux de tout
– s’entretenir avec un régime adapté, en veillant, à partir d’un certain âge à ne pas perdre de masse musculaire, une des clés pour rester alerte,
– dormir suffisamment pour permettre à l’organisme de se réparer, mais attention il ne faut pas rester en position allongée trop longtemps durant la journée car cela peut perturber le sommeil !
– et bien entendu rester connecté en maintenant des liens sociaux, sortir, découvrir et éviter l’isolement. Une étude américaine a ainsi montré que les personnes avec des interactions sociales satisfaisantes vivaient non seulement plus longtemps mais aussi mieux !
L’intelligence artificielle (IA) est très à la mode depuis quelques Années. Le besoin d’intelligence artificielle dans l’analyse du
vieillissement est-il nécessaire? Que suggérez-vous au gouvernement
d’Elisabeth Borne?
L’intelligence artificielle est bien évidemment un outil formidable pour améliorer la santé collective de la population et la santé individuelle de chacun. Elle permet ainsi une surveillance plus précise de l’évolution de l’état de santé, par exemple en détectant de façon plus précoce les signes avant-coureurs d’une chute (diminution de la force musculaire et du périmètre de marche, perte de l’équilibre…). Elle peut donc être un outil majeur de la politique de Prévention que semble vouloir engager le gouvernement, et c’est une bonne idée ! En revanche, il ne s’agit que d’un outil pas d’une finalité, il y a beaucoup d’autres choses à faire, notamment :
- Investir dans l’adaptation de l’habitat,
- Mieux organiser le travail des seniors, lorsqu’ils souhaitent maintenir plus longtemps un niveau d’activité professionnelle,
- Veiller à ce que notre environnement soit plus bienveillant vis à vis des seniors ce qui est loin d’être le cas notamment dans certaines villes où les anciens n’osent plus sortir de peur de se faire renverser !
