Lettre d’invitation du président Charles Michel aux membres du Conseil européen
Chères et chers collègues,
Le 24 février 2022 a marqué un tournant dans l’histoire de l’Europe. Depuis que la guerre a éclaté sur notre continent, nous avons pris un certain nombre de décisions sans précédent pour soutenir l’Ukraine et renforcer en parallèle la souveraineté de l’Europe. Vingt-et-un mois plus tard, nous sommes à nouveau confrontés à la nécessité de prendre des décisions audacieuses Ces décisions exigent de nous force et détermination collectives, ainsi que sang-froid pour faire les bons choix.
Nous devons tenir nos engagements à l’égard de l’Ukraine et rester un partenaire fiable et fort. Nous devons continuer de fournir à l’Ukraine un soutien politique, financier et militaire durable et, en particulier, parvenir à un accord concernant l’octroi de 50 milliards d’euros pour sa stabilité à long terme. Nous devons également accepter d’ouvrir des négociations d’adhésion avec l’Ukraine, de manière à lui envoyer un signal nécessaire et à la rapprocher encore de notre famille européenne.
Nous devons prendre des décisions importantes en ce qui concerne d’autres pays qui aspirent à devenir membres tout en œuvrant, en parallèle, à faire en sorte que notre Union soit adaptée à l’avenir et prête à accueillir de nouveaux membres.
Qui dit nouveaux défis, dit nouvelles obligations. La révision du cadre financier pluriannuel s’est poursuivie de manière intensive et à un rythme soutenu. J’ai pris bonne note de toutes vos préoccupations et priorités, et j’ai présenté une proposition visant à concilier les positions divergentes autour de la table. Comme pour toute solution de compromis, j’en appelle à votre volonté de trouver un terrain d’entente, dans un souci d’unité. Pour parvenir à un consensus, un effort conjoint décisif sera en effet nécessaire, ainsi qu’un engagement politique fort de votre part à toutes et à tous.
En matière de sécurité et de défense, nous poursuivrons la mise en œuvre de notre ambition de construire une union géopolitique plus forte, en donnant des orientations sur les principaux axes de travail et en nous appuyant sur la déclaration de Versailles et la boussole stratégique. Des efforts supplémentaires doivent être consentis pour atteindre rapidement les objectifs de l’Union consistant à améliorer la préparation de la défense. Nous devons également œuvrer à la création d’un marché intérieur de la défense, qui est essentiel pour renforcer notre Union dans ce domaine.
L’évolution de la situation au Proche-Orient figurera également en bonne place sur notre ordre du jour. Nous devons appeler à la libération de tous les otages et aborder avec détermination la situation humanitaire alarmante à Gaza. Il nous faut être fermes dans notre soutien au droit d’Israël d’exister et de se défendre contre le Hamas, ainsi que dans notre défense sans équivoque du droit international et du droit international humanitaire. Notre réflexion plus large comprendra des travaux en faveur de la sécurité et de la stabilité dans la région et dans la perspective d’une paix durable reposant sur la solution à deux États.
Nous devrions également nous attaquer à toutes les formes de haine, d’antisémitisme, d’intolérance, de racisme et de xénophobie, y compris la haine antimusulmane.
C’est un Conseil européen décisif qui nous attend. Le moment est venu de prendre des décisions. Je vous invite tous et toutes à venir animés d’un esprit de compromis, d’un sens de la responsabilité collective, en ayant les intérêts et les valeurs de l’Union au premier rang de vos préoccupations.
Je me réjouis à la perspective de vous retrouver à Bruxelles.