« LA GAUCHE DOIT OSER LE REFORMISME RADICAL » LE MOUVEMENT LIBERAL DE GAUCHE
Après avoir honoré les plus symboliques et superficielles de ses promesses de campagne, comme autant de marqueurs du retour aux affaires du Parti socialiste (augmentations d’impôts, création d’emplois subventionnés, coup de pouce au smic…), François Hollande a su rassurer les milieux économiques en annonçant, à la suite du rapport Gallois, le transfert de 20 milliards d’euros de prélèvements obligatoires des entreprises vers les ménages.
Si le mécanisme retenu souffre d’une inutile complexité et produira sans doute son lot d’effets indésirables (dont le moindre n’est pas le risque de voir nombre de salaires artificiellement bloqués sous le plafond établi à 2,5 SMIC), cette bouffée d’oxygène a toutefois été plutôt bien accueillie par les entreprises dans un contexte économique dangereusement dégradé.
Pourtant, si cette nouvelle niche fiscale permettra à court terme d’améliorer quelque peu les marges d’entreprises exsangues, l’effet de la mesure sur leur compétitivité à l’exportation sera marginal, compte tenu de la faible part des coûts salariaux dans le prix de vente de la plupart des produits industriels. Dans l’automobile, par exemple, la mesure n’affectera le prix d’une voiture qu’à hauteur de 2%, soit le niveau d’inflation annuel en France.
S’il nous parait pertinent, pour assurer le financement de notre protection sociale, de recourir à d’autres sources que les revenus du travail, qui perdent progressivement leur place centrale dans le processus de création de richesses, nous restons pourtant convaincus que ce n’est pas un simple transfert de charges qui rétablira durablement la compétitivité de notre économie.
En effet, il est raisonnable de penser que cette hausse de TVA, qui va de facto diminuer le pouvoir d’achat des ménages, induira une tension à la hausse sur les salaires. Le gain pour les entreprises sera donc progressivement absorbé par la hausse des coûts salariaux. N’oublions pas que, dans une économie de marché, les équilibres finissent toujours par se rétablir.
Ce scénario est d’ailleurs souhaitable, la baisse du pouvoir d’achat ne pouvant en aucun cas constituer l’objectif d’une politique de gauche. C’est seulement en favorisant les gains de productivité par l’innovation et l’investissement que l’on peut parvenir à améliorer simultanément le pouvoir d’achat et la compétitivité, c’est-à-dire notre capacité à produire des biens et des services à forte valeur ajoutée, dont le rapport qualité/prix leur permet d’être exportés.
Pour atteindre ces objectifs dans la durée, c’est donc sur l’environnement économique global qu’il convient d’agir en mettant en oeuvre de véritables réformes structurelles d’inspiration libérale, à commencer par celle du marché du travail, aujourd’hui asphyxié par un écheveau de réglementations et de contraintes bureaucratiques qui ne répondent ni aux besoins des entreprises, ni aux aspirations des salariés – sinon les mieux lotis –, moins encore au désespoir des chômeurs et des « exclus » toujours plus nombreux.
Mais au-delà du code du travail, c’est tout notre système de protection sociale et notre fiscalité qui doivent être repensés pour répondre à la nouvelle donne économique mondiale, qui a rendu caduque notre fameux « modèle social » et les vieilles recettes de nos énarques de politiciens.
La gauche française a fini par faire, avec beaucoup de retard sur ses homologues européennes, son aggiornamento social-démocrate. Mais la social-démocratie est elle-même obsolète, et un semblant de pragmatisme ne suffira pas à sortir le pays de l’apathie qui le ronge. Cette majorité aura-t-elle le courage d’aller plus avant et d’engager, contre tous les conservatismes, les réformes radicales qui seules nous permettront de faire face aux mutations en cours ?
Le Mouvement des Libéraux de Gauche milite pour l’instauration d’un revenu de base qui remplacerait l’ensemble des prestations sociales existantes et des aides à l’emploi versées aux entreprises. Accompagnée d’une simplification radicale du code du travail et de l’abolition des statuts privilégiés, une telle réforme permettrait d’associer efficacité économique et sociale, souplesse pour les entreprises et sécurité pour les personnes, en désamorçant la logique d’assistanat et en apportant un soutien direct aux entrepreneurs individuels.