Projet de loi d’orientation agricole : Anne-Laure BLIN ne votera pas le texte
35 heures de débats en commission des affaires économiques…
68 heures d’examen en séance publique…
J’étais présente durant tout ce temps… Et l’issue, j’éprouve un sentiment de temps perdu mais aussi celui d’un énorme gâchis ! Toutes ces heures de travail n’auraient jamais dû être vaines ! Elles auraient dû, au contraire, servir à envoyer un message clair à nos agriculteurs qu’enfin les responsables politiques avaient compris qu’il fallait soulager nos agriculteurs sous peine de les envoyer dans le mur.
Et pourtant, ces longues séances n’auront malheureusement pas permis ce déclic pourtant bien nécessaire.
J’entends certains me dire que ce texte est certes incomplet mais qu’il « ne fait pas de mal ». Pour autant « fait-il du bien ? ». Clairement que non ! Pire, non seulement il ne répond en rien à la principale demande de réduction des normes, mais il continue à bercer d’illusions ceux dont l’engagement dans nos campagnes est généreux et sincère.
Abrité derrière les beaux discours séduisants du gouvernement, ce texte ne comporte pas plus de mesures de simplification qu’il ne comporte de véritables solutions sur la rémunération, sur la gestion de l’eau ou des nuisibles ou sur celles des surtranspositions qui placent nos agriculteurs en situation de concurrence déloyale.
Je ne peux pas être complice de cette volonté de « moindre mal ».
Est-ce notre agriculture française et nos agriculteurs que nous voulons accompagner et sauver ou bien est-ce cette vision de la décroissance économique qui considère nos agriculteurs comme les premiers responsables du dérèglement climatiques ?
Bien sûr que placer l’agriculture au rang d’intérêt général majeur est important et hautement symbolique. Mais le problème est bien là, l’article 1 n’est qu’un symbole brandi par le gouvernement car la charte de l’environnement et le principe de non-régression environnementale ont un rang constitutionnel (contrairement à ce texte de loi ordinaire) et donc supérieur juridiquement.
Bien sûr qu’il convient de revoir le quantum des peines qui placent toujours nos agriculteurs dans une situation de suspicion permanente, mais au prix d’un « stage de sensibilisation à l’environnement » ? De qui se moque-t-on ?
Sans compter l’article 9 qui met en place un « diagnostic modulaire » ou « DPE agricole » équivalent en quelque sorte du DPE en matière de logement qui n’aura que pour unique objectif de faire de nos agriculteurs – surtout dans les exploitations familiales – les grands métayers du système bancaire.
Enfin, comment accepter le mépris avec lequel le gouvernement a traité la question du « droit à l’erreur » pourtant revendiqué par le Président de la République lui-même à l’ouverture du salon de l’agriculture ?
Pour toutes ces raisons, et mes derniers échanges locaux m’ont confortée dans ce choix, je voterai contre ce texte sans ambition et qui sur le terrain ne changera strictement rien sauf amplifier la désespérance et l’impuissance politique.
Plein et entier soutien à nos agriculteurs qui sont en ce moment dans leurs exploitations et qui travaillent d’arrache-pied en raison du retard pris et qui méritent que plus jamais on renonce à se battre pour eux. Il est urgent de travailler à un nouveau texte qui comprend tout ce qui a été promis et qui est attendu. Il faut arrêter de se moquer des agriculteurs.
Anne-Laure Blin
Député de Maine-et-Loire
Porte-parole du groupe LR à l’Assemblée nationale