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Pourquoi les drag-queens sont-elles toujours plus nombreuses en France ?

Si la culture drag est aujourd’hui si bien représentée, l’émission de téléréalité RuPaul’s Drag Race, lancée en 2007, y est pour quelque chose. D’autant plus depuis sa diffusion récente sur Netflix. Selon Veronika Von Lear, « RuPaul’s Drag Race a redonné le goût du drag en France. » Elle poursuit : « Nous ne sommes pas tous d’accord et accros à l’émission, mais on ne peut pas nier que ça a poussé beaucoup de personnes à se lancer. » Babouchka Babouche, finaliste du Dragathon 2019, avoue quant à elle avoir commencé sa carrière grâce à l’émission, « plus ou moins comme toutes les drag actuellement à Paris. »

La pratique du drag s’ancre dans une tradition française haute en couleur, celle du transformisme. « La France a été le pays qui a vu naître des cabarets connus dans le monde entier, dans les années 1940 à 1970, comme Madame Arthur, Michou ou Elle et lui », contextualise Paloma, gagnante de la première saison de Drag Race France. « À l’époque, précise-t-elle, ça ne s’appelait pas du drag, il s’agissait d’une culture du travestissement consistant à ressembler à des vedettes. » Cette scène riche en personnalités excentriques jusqu’au tournant des années 1990 tombe en désuétude à la fin des années 2000. Lorsque Paloma, Hugo Bardin dans le civil, emménage à Paris en 2009, elle déchante : « Le drag, c’était devenu hyper ringard, limite sordide et personne ne connaissait. À ce moment-là, dans le Marais [quartier gay parisien, ndlr], on voulait voir des mecs musclés, pas des hommes efféminés. »

Les origines : le cabaret travesti et trans (début du XXe siècle)

Il est difficile de tracer exactement les contours du début du drag, en France comme ailleurs, puisque que le travestissement et le spectacle sont des traditions plus anciennes que l’utilisation du terme « drag » en contexte français et que les artistes drag revendiquent des filiations avec des pratiques anciennes : ainsi, Nicky Doll place le début du drag français avec le chevalier d’Eon et plus généralement le grand rafinement esthétique de la cours de Versailles, la journaliste Apolline Bazin avec le vaudeville et le journaliste Sofian Aissaoui avec le cabaret.

Ainsi, si la culture drag stricto sensus naît aux États-Unis et gagne en particulier en popularité dans les années 1980, la France connaît tout au long du XXe siècle des formes de travestissement théâtralisé, que ce soit dans la culture cabaret du Paris du début du siècle ou par les actions des Mirabelles et des Gazolines dans les années 1970. Dans cette culture cabaret, en particulier au Madame Arthur, au Carrousel, se mêle le travestissement aux premières visibilités de femmes transgenres en France. Un autre cabaret, le Elle et Lui, vise quant à lui un public lesbien, et s’y mêlent femmes travesties, lesbiennes masculines et hommes trans. La loi de 1949 interdisant aux artistes de cabaret de se produire avec des perruques, des faux seins, des robes ou des chaussures à talons fait que les femmes trans se retrouvent à avoir plus d’opportunités de travail que les hommes travestis

Les reines et les tantes : des années 1950 aux années 1970

Le passage de « travesti » à « drag queen » se fait au cours de la seconde moitié du XXe siècle, par l’intermédiaire de « reine », terme utilisé à la fois pour désigner un homme homosexuel et comme partie récurrente des noms des personnages de drag : ainsi, Jean Genet, dans son œuvre, crée les personnages de la « Reine de Roumanie » et de la « Reine-Oriane ». Le changement permet aussi d’affranchir le vocabulaire de l’identité de l’artiste : un travesti est forcément un homme, tandis qu’une drag queen peut être une femme, telle que La Briochée, drag queen et femme trans.

Michou, directeur du cabaret éponyme et figure du spectacle de travestis français de la seconde moitié du XXe siècle.

À la suite du succès de La Cage aux folles dans les années 1970, Alain Marcel décide de créer la comédie musicale Essayez donc nos pédalos afin de peindre un portrait plus fidèle et collectif de la réalité de l’homosexualité masculine et de la transidentité via un spectacle de travestissemento 5. La pièce devient culte et est représentée des centaines de fois en France, mais aussi au Canada, en Belgique et en Suisse. La troupe Les Mirabelles fait elle-aussi des spectacles de travestissement au cours des années 1970, que Frédéric Martel décrira plus tard comme des drag showso.

Démocratisation du drag sur France Télévision (chaîne publique)

En juin 2022, France Télévision lance Drag Race France, animée par Nicky Doll, Kiddy Smile et Daphné Bürki et où participent 10 drag queens : La Kahena, Lova Ladiva, La Briochée, Kam Hugh, Elips, La Big Bertha, Lolita Banana, La Grande Dame , Soa de Muse et Paloma. L’édition française est la première à inclure des drag kings, même s’ils ne sont pas concurrents. 11 candidates participent à la saison suivante : Rose, Vespi, Kitty Space, Ginger Bitch, Moon, Cookie Kunty, Piche, Punani, Mami Watta, Sara Forever et Keiona ; puis 10 autres candidates à la saison 3 : Le Filip, Lula Strega, Perseo, Leona Winter, Ruby On The Nail, Misty Phoenix, Norma Bell, Edeha Noire, Magnetica et Afrodite Amour.

Plusieurs de ces artistes se lancent ensuite dans une carrière musicale : si aux États-Unis, les queens produisent de la musique pour bar gay, le public drag français est éclectique en terme de goûts musicaux, rendant plus difficile le passage d’un art à l’autre, mais permettant aussi aux artistes d’investir différents styles : ainsi, Piche se lance dans le rap, La Grande Dame dans l’électro, Paloma dans la pop des années 1980 et Soa de Muse dans des productions plus expérimentales.

Cérémonie d’ouverture des JO : les évêques déplorent des « scènes de moquerie du christianisme », l’extrême droite critique un spectacle « 
wokiste
« 

Extrait du tableau intitulé « Festivité » lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, à Paris, le 26 juillet 2024. (FRANCE 2)

Sans la nommer, la Conférence des évêques de France a notamment réagi à l’image d’un groupe à table, composé de plusieurs drag queens, faisant penser à la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres.

Comments

  • chantomaud
    août 16, 2024

    Il faut arrêter de reproduire des schémas.
    Tout d’abord je suis tolérant, athé et oposé à toutes les apologies notamment de l’homosexualité.
    Revenons à nos moutons .
    La Cène représente 12 apportés avec Jésus soit 13 personnes ici on en compte au minimum 17 donc aucun lien.
    Les évêques en profitent pour faire parlér d’eux qui, de plus en plus tombent dans l’oubli.
    Et plus cela fait le buzz plus cela rapporte.

    • Cedric Leboussi
      septembre 2, 2024

      Vous avez raison maison

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