Image Alt

Vudailleurs.com

Un regard sur le mouvement rastafari

Bien plus que des dreads, de la weed et du reggae, le rastafarisme est un mouvement religieux monothéiste qui émergea en Jamaïque dans les années 30. Cette vision du monde trouve ses racines dans les religions abrahamiques et considère la Bible comme l’Écriture sainte, en particulier l’Ancien Testament.

Toutefois, contrairement au christianisme et au judaïsme, les rastafariens interprètent la bible à leur façon et rejettent de nombreux enseignements bibliques occidentaux. Par exemple, de nombreux adeptes de cette religion se considèrent comme les véritables israélites et accordent beaucoup d’importance au livre de l’Exode, qu’ils considèrent comme une métaphore du déplacement massif des Africains de leur continent d’origine pendant la traite négrière transatlantique.

Les adeptes du rastafarisme ont différentes opinions sur Jésus-Christ. Certains le voient comme un prophète noir qui luttait contre l’oppression, tandis que d’autres rejettent le christianisme traditionnel et Jésus. Les rastas voient plutôt Hailé Sélassié, empereur d’Éthiopie, comme la réincarnation de Jésus-Christ et l’incarnation de Jah (le nom rasta de dieu) sur terre.r.

L’influence de Marcus Garvey

Parmi les personnalités marquantes qui ont inspiré le mouvement rastafari, celle de Marcus Garvey (1887-1940) se distingue. Ce Jamaïcain fonde en 1914 la Universal Negro Improvement Association (UNIA), qui promulgue quelques années plus tard la Déclaration des droits des peuples noirs du monde. « Non seulement Marcus Garvey exhorte les Noirs du monde entier à être fiers de leur couleur de peau, mais il ne s’arrête pas là, détaille Giulia Bonacci. Il soutient aussi que Dieu leur ressemble ; Dieu est noir, il faut le voir à travers les “lunettes de l’Éthiopie”. Pour les rastafaris, encore aujourd’hui, Marcus Garvey est considéré comme un prophète. Il est d’ailleurs régulièrement comparé à Moïse. »

L’origine du mot rastafari

Rastafari associe le titre de noblesse éthiopien ras (« tête » en langue amharique) et le prénom Tafari (« qui est craint »). Tafari Makonnen n’est autre que le nom du roi puis empereur d’Éthiopie Hailé Sélassié (littéralement « le pouvoir de la Trinité », 1892-1975), dont le culte est au cœur de la cosmologie rastafari.

L’Éthiopie, royaume fantasmé

Si les rastafaris connaissent une renommée mondiale à partir des années 1970, grâce à la popularité du reggae, l’essor du mouvement s’inscrit toutefois dans un « temps long », rappelle l’historienne Giulia Bonacci, chargée de recherche à l’Institut de recherche pour le développement et co-auteure de Negus Christ. Histoires du mouvement rastafari (Afromundi, 2016). L’intérêt des populations noires pour l’Éthiopie, notamment en Amérique, est ancien, rapporte la chercheuse. « Dans la Bible, et notamment dans la célèbre traduction en anglais de la King James Bible ou bible du roi Jacques, on trouve de nombreuses références à “l’Éthiopie” et aux “Éthiopiens”, qui désignent des populations noires. Un certain nombre de pasteurs, issus notamment d’Églises méthodistes et baptistes, vont dès le XVIIIe siècle mobiliser les références bibliques à ce sujet, comme les Psaumes 68, 72 et 137 ou encore le livre 30 d’Ézékiel – selon les traductions française, il est question d’“Éthiopie”, de “Nubie” ou de “Koush”, ndlr. Beaucoup d’esclaves et d’affranchis christianisés vont s’identifier à cette Éthiopie mythifiée, qui les installe à part entière dans le récit biblique. »

Un royaume souverain à l’ère de la colonisation

Pour ces populations noires vivant dans une société post-esclavagiste et coloniale, un parallèle est vite dressé entre leur situation et celle des Hébreux de l’Ancien Testament. « Comme ces derniers, les congrégations noires se voient comme un peuple élu qui survit à l’asservissement grâce à la promesse de sa rédemption future », précise Giulia Bonacci. À ce terreau à la fois racial et religieux va venir se greffer un événement politique à la portée symbolique considérable. Le 1er mars 1896, lors de la bataille d’Adoua, les soldats éthiopiens menés par l’empereur Ménélik II (1844-1913) mettent en déroute l’armée italienne. La première guerre italo-éthiopienne s’achève sur une victoire de l’Éthiopie et une humiliation pour l’Italie. Alors que l’Afrique tombe aux mains des puissances coloniales européennes, l’Éthiopie conserve sa souveraineté et se paie même le luxe de repousser manu militari une armée occidentale. L’épisode confère à la monarchie éthiopienne un immense prestige auprès des Noirs du monde entier.

L’influence de Marcus Garvey

Parmi les personnalités marquantes qui ont inspiré le mouvement rastafari, celle de Marcus Garvey (1887-1940) se distingue. Ce Jamaïcain fonde en 1914 la Universal Negro Improvement Association (UNIA), qui promulgue quelques années plus tard la Déclaration des droits des peuples noirs du monde. « Non seulement Marcus Garvey exhorte les Noirs du monde entier à être fiers de leur couleur de peau, mais il ne s’arrête pas là, détaille Giulia Bonacci. Il soutient aussi que Dieu leur ressemble ; Dieu est noir, il faut le voir à travers les “lunettes de l’Éthiopie”. Pour les rastafaris, encore aujourd’hui, Marcus Garvey est considéré comme un prophète. Il est d’ailleurs régulièrement comparé à Moïse. »

Postez un commentaire

You don't have permission to register
error: Content is protected !!