Déclaration de la Présidente von der Leyen à propos du rapport Niinistö sur le renforcement de la préparation civile et militaire de l’Europe
Bonjour,
Permettez-moi d’abord de revenir quelques instants sur les événements dramatiques qui frappent Valence et toute l’Espagne. Nous assistons à une situation désastreuse. Des villages entiers ont été recouverts de boues. Des personnes ont cherché refuge dans les arbres, et des voitures ont été balayées par les eaux déchaînées. Des dizaines de personnes ont perdu la vie. Des milliers de personnes sont délogées de leur foyer. Nos pensées vont donc aux victimes, à leurs proches et à leurs amis, mais aussi aux équipes de secours. Celles-ci travaillent sans relâche pour assurer la sécurité du plus grand nombre. L’Europe est prête à apporter son soutien. Nous avons activé notre système satellitaire Copernicus pour contribuer à la coordination des équipes de secours, et nous avons déjà proposé d’activer notre mécanisme de protection civile. Europa está lista para ayudar. En l’espace de quelques mois seulement, des inondations ont frappé l’Europe centrale et orientale, l’Italie et aujourd’hui l’Espagne. Telle est la réalité dramatique du changement climatique. Nous devons nous préparer à y faire face, dans toute l’Union, en utilisant l’ensemble des outils à notre disposition. Voilà qui m’amène au sujet du jour.
Monsieur Niinistö,
Il y a sept mois, avec le haut représentant/vice-président, je vous ai demandé d’élaborer un rapport sur la manière d’améliorer l’état de préparation de l’Europe en matière civile et de défense. Vous êtes plus avisé que nul autre pour faire le point sur les défis actuels et nous guider vers une meilleure préparation de l’Union aux perturbations et aux crises à venir. De nombreux événements de ces dernières années ont été tout autant d’appels à une prise de conscience. Nos existences ont été secouées par une pandémie, la guerre a fait son retour sur le sol européen, et les phénomènes météorologiques extrêmes sont devenus monnaie courante sous l’effet du changement climatique. L’Europe prend conscience que les crises majeures de ces dernières années ne sont ni des cas isolés ni des situations transitoires. Elles sont plutôt le reflet de failles plus profondes et de bouleversements géopolitiques, climatiques et technologiques majeurs. Face à ces changements, nous nous sommes contentés de réagir. Mais nous devons faire davantage encore. Nous devons changer d’état d’esprit. La préparation doit faire partie de la logique sous-jacente de toutes nos actions et porter sur l’ensemble des menaces et des risques possibles.
Laissez-moi vous donner quelques exemples pour illustrer mon propos : premièrement, comme je l’ai dit, nous sommes confrontés au changement climatique et à ses impacts sur nos vies. Aujourd’hui, il est par exemple devenu vital de surveiller nos forêts depuis le ciel, car en un clin d’œil, la moindre étincelle peut se transformer en incendie. Citons en outre les attaques hybrides et les nombreuses formes que celles-ci peuvent revêtir, comme la désinformation, l’instrumentalisation cynique des migrants, les cyberattaques et les actes de sabotage. Un simple clic peut nous priver d’électricité et plonger des villes entières dans l’obscurité. Pensons également aux risques économiques qui se posent à nous, comme les perturbations des chaînes d’approvisionnement. Nous nous sommes libérés de notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes. À présent, nous devons limiter nos autres dépendances néfastes vis-à-vis d’autres produits. Un quatrième exemple est bien sûr le risque militaire. La guerre menée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine constitue la plus grave menace pesant sur notre sécurité. Les dépenses de la Russie dans le domaine de la défense sont cette année en train de dépasser les montants collectifs de tous les États membres de l’Union européenne réunis. Nous devons donc intensifier nos efforts, en gardant à l’esprit que se préparer au pire scénario peut contribuer à empêcher celui-ci de se produire. Face à l’ampleur de ces défis, nous devons collaborer plus étroitement et faire la différence en tant qu’Européens.
Pour nous préparer adéquatement aux menaces majeures, il nous faut adopter une approche pangouvernementale. C’est en ces termes, cher Sauli, que vous vous exprimez dans votre rapport. Il en va de notre capacité d’utiliser de manière concertée et coordonnée l’ensemble des outils et ressources nécessaires des politiques publiques, en mobilisant les autorités à tous les échelons, local, national et européen, en fonction de leurs différents rôles. Une telle action nécessite également une approche englobant l’ensemble de la société, ce qui sous-entend la participation du secteur privé, de la société civile et des citoyens. En d’autres termes, ce travail de préparation ne peut s’effectuer en vase clos. Au contraire, il nécessite des interactions. Ce principe sera au cœur de la stratégie pour une union de la préparation qui sera présentée prochainement par la nouvelle Commission et la nouvelle HR/VP.
Cher Sauli,
Je tiens à vous remercier personnellement pour votre excellente coopération au cours des derniers mois. Le travail que vous avez accompli a déjà contribué aux orientations politiques de la nouvelle Commission et aux lettres de mission du commissaire pour le prochain mandat, et il orientera sans nul doute les travaux de l’ensemble de la Commission durant les années à venir. La parole est à vous.
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