Audition de la haute représentante et vice-présidente désignée Kaja Kallas
La commission des affaires étrangères a interrogé Kaja Kallas, candidate estonienne au poste de haute représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité/vice-présidente.
Dans sa déclaration introductive, Mme Kallas s’est engagée à œuvrer au renforcement de la position de l’UE dans le monde et à la sauvegarde de sa sécurité géopolitique et économique. Elle a également appelé à davantage d’investissements dans la défense et a souligné l’importance de la coopération avec les partenaires internationaux.
Aide à l’Ukraine et résultats de l’élargissement au cours des cinq prochaines années
Mme Kallas a souligné que la Russie, l’Iran, la Corée du Nord et – plus discrètement – la Chine, souhaitaient modifier l’ordre mondial fondé sur des règles. Elle a appelé l’Union à réagir à cette menace aux côtés de ses alliés et partenaires les plus proches « sans renoncer en aucune manière à ce que nous sommes ».
En ce qui concerne la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, elle a déclaré que la victoire de l’Ukraine était une priorité pour l’UE, qui doit fournir autant d’aide militaire, financière et humanitaire que nécessaire. Mme Kallas a plaidé en faveur de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et souligné que l’élargissement aux pays voisins était un investissement géostratégique dans l’intérêt même de l’UE: « au cours des cinq prochaines années, nous avons besoin de résultats clairs dans ce domaine », a-t-elle ajouté.
Sur la question des migrations, Mme Kallas a déclaré que pour protéger la liberté de circulation, l’UE devait protéger ses frontières extérieures. Il faudra prévenir les pertes en vies humaines, tout en s’attaquant de la meilleure manière possible aux causes profondes de la migration.
À propos de la Chine, elle a déclaré que le pays était devenu un concurrent et un rival systémique, tout en soulignant: « notre dépendance à l’égard de la Chine dans des secteurs clés constitue une réelle vulnérabilité. Nous devons réduire les risques ».
Concernant la politique de défense, Mme Kallas a averti que la Russie, la Corée du Nord et l’Iran produisaient plus d’équipements et de munitions que la communauté euro-atlantique. L’Europe doit investir davantage dans la défense et assumer davantage de responsabilités, a-t-elle déclaré, soulignant que le partenariat transatlantique avait apporté prospérité et sécurité des deux côtés de l’Atlantique. Comme dans toute relation, nous devons nous appuyer sur ce qui fonctionne le mieux pour les deux parties, a-t-elle ajouté.
Nouvelle administration américaine, défense, sanctions
Les députés ont interrogé Mme Kallas sur la manière dont elle s’engagerait avec l’administration américaine entrante pour assurer un soutien continu à l’Ukraine. Elle a répondu que, si elle était confirmée, elle établirait des liens avec les nouveaux dirigeants américains parce que « ce que je vois globalement, c’est que nous sommes les alliés les plus forts et que nous devons continuer à rester unis ». Elle a également déclaré que les États-Unis ne pouvaient pas se permettre de se concentrer exclusivement sur la Chine aux dépens de l’Ukraine, tandis que la Chine doit également « ressentir le coût » de son soutien à la guerre d’agression menée par la Russie.
Évoquant le « sous-investissement important » de l’Europe dans la défense, elle a déclaré que le renforcement des capacités de défense de l’Europe aurait un effet dissuasif important: « cela enverrait un message à la Russie: n’y pensez même pas, car nous riposterons ».
Les députés l’ont également interrogée sur la politique de sanctions européennes et la complémentarité de l’UE avec l’OTAN. Mme Kallas est fermement convaincue que l’UE n’a pas besoin de pouvoirs militaires distincts de ceux de l’OTAN, affirmant que le rôle de l’UE est d’encourager l’industrie de la défense et de produire des munitions, l’OTAN étant l’organisation militaire principale. Interpellée sur la question de savoir si l’UE devrait pérenniser ses sanctions contre la Russie, au lieu les renouveler tous les six mois, Mme Kallas a exprimé son soutien à l’idée, tout en admettant qu’elle ne voyait pas pour le moment d’unité autour de la table du Conseil sur cette question. En ce qui concerne Israël et la Palestine, Mme Kallas a déclaré que l’UE continuerait à œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération de tous les otages et de la fourniture d’une aide humanitaire, continuant à soutenir les travaux sur une solution à deux États à long terme avec détermination.
Point de presse
À la fin de l’audition, le Président de la commission, David McAllister, a tenu un point de presse à l’extérieur de la salle de réunion: regardez-le ici.
Prochaines étapes
Le Président et les coordinateurs des groupes politiques de la commission parlementaire se réuniront sans délai après l’audition pour évaluer les performances et les qualifications de la commissaire désignée.
Sur la base des recommandations de la commission parlementaire, la Conférence des Présidents (la Présidente du Parlement Roberta Metsola, et les Présidents des groupes politiques) devrait procéder à l’évaluation finale et déclarer les auditions closes le 21 novembre. Une fois que la Conférence des Présidents aura déclaré toutes les auditions closes, les lettres d’évaluation seront publiées.
L’élection par les députés de l’ensemble du collège des commissaires (à la majorité des suffrages exprimés, par appel nominal) est actuellement prévue lors de la session plénière du 25 au 28 novembre à Strasbourg.