Jean-Marie Le Pen : Une vie au cœur des controverses et des combats Par castano jose
Mardi 7 janvier 2025, à 12h, Jean-Marie Le Pen a tiré sa révérence. Le vieux soldat s’en est allé rejoindre les étoiles, laissant derrière lui une empreinte indélébile sur l’histoire politique française. Une étoile qui scintille marque une vie ; une étoile qui s’éteint annonce la fin d’un destin, la clôture d’une époque, et l’aube d’une nouvelle.
« La véritable grandeur d’un homme ne se mesure pas dans les moments de confort, mais lorsqu’il traverse des périodes de controverses et de défis. »
Martin Luther King
Au cours de sa vie, Jean-Marie Le Pen fut l’une des figures politiques françaises les plus controversées. Pendant plus de soixante-dix ans, cet homme charismatique a suscité autant d’admiration que de rejet. Patriote pour certains, raciste et antisémite pour d’autres, il a accumulé les honneurs tout autant que les déboires.
Né le 20 juin 1928, il avait à peine 11 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata. En novembre 1944, à seulement 16 ans, il tente de s’engager dans les Forces françaises de l’intérieur (FFI), mais le colonel Henri de La Vaissière refuse, invoquant son jeune âge et son statut de pupille de la Nation.
En 1954, il s’engage dans le prestigieux Bataillon Étranger de Parachutistes, où il sert comme sous-lieutenant en Indochine. Deux ans plus tard, en 1956, à 27 ans, il est élu député dans la 1ère circonscription de la Seine. Fidèle à ses convictions en faveur de l’Algérie française, il quitta son mandat parlementaire pour rejoindre le 1er Régiment Étranger de Parachutistes en Algérie, servant comme officier de renseignements lors d’opérations marquantes, telles que le débarquement de Port-Fouad en Égypte et la bataille d’Alger en 1957.
Marqué par les conflits, il adopte une position pro-israélienne, en contraste avec celle du général de Gaulle. Ce dernier critiqua ouvertement Israël lors de la guerre des Six Jours, allant jusqu’à qualifier ce pays de « peuple sûr de lui et dominateur » en 1967, suscitant une polémique nationale et internationale.
Jean-Marie Le Pen, de son côté, entretint des liens étroits avec des figures du sionisme. Il publie un disque de propagande en faveur d’Israël, salué par Golda Meir, et compte parmi ses collaborateurs des amis proches d’Ariel Sharon ou d’anciens membres de l’Irgoun. En 1986, alors que son image était de plus en plus diabolisée, l’hebdomadaire Tribune juive lui décerna un certificat de non-antisémitisme, tandis qu’il fut accueilli à New York par des organisations sionistes, avec une reconnaissance publique, notamment de Benjamin Netanyahou.
Pourtant, cette image fut brisée en septembre 1987, lorsqu’il prononça sur RTL-Le Monde une phrase qui allait marquer sa carrière à jamais : à propos des chambres à gaz nazies, il déclara qu’elles constituaient « un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Ces mots déclenchèrent un séisme médiatique et politique. Selon son conseiller en communication, Lorrain de Saint Affrique, Le Pen regretta cette déclaration en privé dès le lendemain, mais le mal était fait. Cet épisode cristallisa les accusations d’antisémitisme à son égard et le plaça au cœur d’une hostilité violente de la part de la classe politico-médiatique.
Fidèle à sa nature combative, Le Pen choisit de riposter. Il refusa toute amende honorable, toute tentative d’apaisement. « Guerrier dans l’âme, il répondit à ses détracteurs par la provocation et l’affrontement, alimentant davantage l’image polémique qui lui était associée. En 2015, à 86 ans, il réitéra sa déclaration controversée, provoquant une nouvelle levée de boucliers.
Pourtant, malgré ses excès de langage, Jean-Marie Le Pen reconnut à plusieurs reprises la réalité des horreurs nazies. Lors du cinquantième anniversaire de la libération d’Auschwitz en 1995, il se recueillit en mémoire des victimes et exprima publiquement ses regrets pour ses propos blessants envers la communauté juive.
Le 30 juin 2019, à l’âge de 90 ans, il quitte la scène politique européenne après 35 ans passés au Parlement. Dans un dernier discours, il met en garde contre le « phénomène migratoire géant » qu’il considérait comme une menace pour l’Europe, tout en liant cet avertissement à un regard sombre sur l’incendie de Notre-Dame de Paris, qu’il interprétait comme un « signe des dangers pesant sur la France ».
Figure controversée, combattue avec autant de véhémence qu’il combattra lui-même ses adversaires, Jean-Marie Le Pen reste une personnalité qui aura marqué durablement l’histoire politique française.