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Mathias LAHIANI: « NOS PASSAGES A L’ACTE INDIVIDUELS PEUVENT FAIRE BOUGER LE MONDE »

Le fondateur d’ « On passe à l’acte » défend les initiatives positives au travers de la mise en ligne d’interviews de porteurs de projets originaux et personnels.

« Faire avancer le schmilblick et changer le monde » est l’ambition affichée sur votre site Internet.

On peut faire bouger le monde chacun à notre mesure. Ma démarche se rapproche de la théorie des colibris de Pierre Rabhi. J’ai donné la parole jusque-là à beaucoup de gens de terrain et j’ai envie d’interviewer aussi des célébrités, des hommes politiques, des entrepreneurs qui à leur mesure proposent de faire bouger et avancer le schmilblick.

Quels sont les domaines sur lesquels vous souhaitez faire avancer les choses ? L’écologie et les libertés individuelles ?

 

Tout à fait, c’est vraiment mon positionnement. Je veux défendre un côté moins scolaire de nos attitudes. On passe vingt-cinq ans sur une chaise à se taire avec un savoir qui nous vient du haut. Comme si nous-mêmes nous ne savions rien. Je propose un contre-pied total à cela : je pense que la richesse vient autant du haut que du bas. Et même on peut dire qu’elle vient seulement du bas car tout nous est venu de la nature. Nos passages à l’acte individuels peuvent faire bouger le monde. Une dizaine de thèmes d’expertise citoyenne émergent de la masse de témoignages que nous avons. Beaucoup concernent l’habitat autrement : des initiatives de mutualisation, de réseau, d’économie d’énergie, d’écologie. L’éducation et la pédagogie humaniste est un autre thème qui émerge. La définition de l’éducation nationale de former des citoyens efficaces à la République commence à devenir caduque, d’autant plus qu’il n’y pas de travail. En effet où est l’intérêt de l’individu là-dedans ? S’intéresse-t-on à la réalisation personnelle ? Cette question est de plus en plus émergente dans le domaine de l’éducation. Un autre thème est celui de l’agriculture moins intensive avec un respect plus important du vivant. Enfin celui d’une autre gouvernance qui vient du bas, c’est complètement innovant et génial, ou encore le journalisme positif.

Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur ?

Cet été nous faisons le tour de France des initiatives positives que l’on a envie de soutenir au travers d’interviews vidéo, au total 70 portraits. Il y en beaucoup d’interviews de personnes autour de Montpellier, ville au j’habite, mais les initiatives peuvent venir de partout en France et ailleurs. Si nous avions des moyens, notre projet serait mondial. Nous avons 200 vidéos qui attendent d’être réalisées. Au départ, nous étions plutôt axés sur le support écrit mais la vidéo est venue très vite car elle est beaucoup plus efficace.

Qui avez-vous fédéré autour de votre projet ?

J’ai démarré ce projet seul il y a huit ans, mais aujourd’hui il s’est particulièrement développé. Je me suis entouré de personnes et d’amis pour les prises de vue des interviews, pour faire le site et son graphisme et constituer des bases de données. Nous sommes en contact avec beaucoup de projets protagonistes. Notre masse de travail est énorme. Nous avons 50 films en retard et nous en avons 200 à réaliser.

Quels sont vos soutiens à votre initiative ?

Je finance mon projet seul. J’ai par ailleurs une vie professionnelle : je suis ingénieur du son, musicien et je réalise des CD. J’ai des soutiens car j’ai obtenu l’agrément pour pouvoir offrir des missions de service civique. Mais je n’arrive pas à avoir d’aide sous forme de subvention car le projet n’est absolument pas compris. Les collectivités territoriales ont des lignes spécifiques pour les subventions : social, développement durable, par exemple. Mon projet est tellement transversal qu’il ne rentre dans aucune de ces lignes. Mais j’ai bon espoir que dans quelques années il soit compris.

Comment vous situez-vous sur le plan politique ?

Je pense que nous sommes déresponsabilisés. D’un côté nous avons une sorte de foi aveugle dans le papa et la maman républicains qui vont nous nourrir et nous donner du travail. Ou alors à l’opposé quelque chose de totalement individuel. Pour ma part, je suis pour les deux à la fois : une énergie de base individuelle pour créer ses propres projets, donc plutôt à droite, mais jugulée par des limites collectives, ce qui est plutôt orienté à gauche.

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