ANGELO RONCALLI: UN HOMME DE DIEU AUX MULTIPLES TALENTS
Angelo Roncalli est né en 1881 à Sotto il Monte, province de Bergame en Italie. Elevé dans une famille très pauvre, il réussit sa scolarité et fait de brillantes études, il commence jeune le petit séminaire pour être finalement ordonné prêtre en 1904. Devenu secrétaire de l’évêque de Bergame, il enseigne aussi l’histoire de l’Eglise au séminaire. Il est surtout fasciné par le charisme réformateur de St Charles Borromée et par l’apport constructif du concile de Trente.
Après la 1ère guerre, il est directeur spirituel au grand séminaire de Bergame, puis est nommé en 1921 au Vatican, à la congrégation propaganda fide qui s’occupe d’évangélisation. En 1925, Angelo Roncalli est envoyé comme délégué apostolique en Bulgarie. En 1935, il est archevêque et nonce apostolique à Istambul. Il joue alors un rôle déterminant dans le sauvetage de milliers de juifs persécutés par les nazis. Il facilite sans hésiter le transfert de nombreux juifs d’Europe centrale vers la Palestine mandataire. Dès 1940, il est informé des massacres massifs de déportés dans les camps, et il fait donner des quantités impressionnantes de faux certificats de baptême aux familles juives en fuite. Il les nomme affectueusement « les compatriotes de Jésus ».
Le grand rabbin de Roumanie Alexandre Safran demande au prélat italien d’intervenir pour sauver 40000 juifs roumains, ce que Mgr Roncalli réussit à finaliser avec le nonce de Bucarest et avec l’aide des Sœurs de ND de Sion. Après la shoah, le pape Pie XII le consulte sur l’attitude de l’Eglise envers les victimes, puis il le nomme nonce apostolique à Paris en 1944. C’est à cette époque que Angelo Roncalli imagine déjà la faisabilité d’un concile œcuménique pour relancer la mission de l’Eglise. A la libération, Mgr Roncalli négocie avec De Gaulle le sort des nombreux évêques français compromis avec le régime de Vichy et la collaboration nazie. En 1953, il est nommé patriarche de Venise, et se montre sensible au catholicisme social. Nommé cardinal en 1958, il entre au conclave à la mort de Pie XII, accompagné de nombreux cardinaux désireux de changements importants dans l’Eglise et dans son rapport au monde. Elu à la charge de successeur de Pierre au bout de trois jours de tractations, il est considéré par l’opinion comme un simple pape de transition. Son règne va en effet ne durer que cinq ans, mais il aura marqué profondément l’Eglise de la 2ème moitié du 20ème siècle.
A peine élu évêque de Rome en charge de l’Eglise universelle, le pape Jean XXIII met l’accent sur la dimension pastorale de sa tâche. Il visite les hôpitaux et les prisons de Rome, il démarre la réforme du droit canon de 1917, et il crée le conseil pontifical pour l’Unité des chrétiens ainsi que les relations avec les juifs. Alors que sa santé se dégrade, il convoque le 2ème concile du Vatican en 1959. Il a pour objectif de présenter la foi de manière plus vivante par un aggiornamento des structures ecclésiales. Suite à la démarche de son ami Jules Isaac, Jean XXIII fait supprimer la mention de « juifs perfides » dans la liturgie du vendredi saint. Durant le concile, grâce à son impulsion, les vrais débats sont enclenchés : l’Eglise est définie non plus comme une pyramide cléricale mais comme une communauté de foi des baptisés où les laïcs retrouvent leur place centrale. L’Eglise est présentée non pas comme but en elle-même, mais comme servante de la mission d’évangélisation et humble signe du Royaume. La liturgie est célébrée en langue du pays et non plus en latin. Le rapport au monde est aussi défini de manière constructive, comme une responsabilité chrétienne d’humanisation des réalités temporelles.
Jean XXIII a promu l’œcuménisme, le respect des traditions des Eglises sœurs. Le pape a également demandé expressément que les relations entre Eglise catholique et juifs soient réactualisées par le concile, et c’est la déclaration Nostra Aetate qui est publiée en 1965, permettant de repartir sur des bases nouvelles, lesquelles seront approfondies par la suite au cours des 28 années de pontificat de Jean Paul II. L’Eglise n’est plus la remplaçante d’Israël, et le peuple juif ne doit plus être considéré comme déicide. C’est la théologie du partenariat dans l’alliance. Diminué par la maladie, mais ayant accompagné les travaux essentiels du concile, Jean XXIII laisse un testament spirituel sous forme d’encyclique, Pacem in terris, en 1963. Il adresse son message à tous les hommes de bonne volonté. La suite du concile va être assumée par son successeur Paul VI. Le pape Jean XXIII, apprécié pour sa proximité avec les personnes, sa jovialité, et surtout sa vision prophétique des changements à opérer dans l’Eglise, est béatifié par Jean Paul II en l’an 2000.
Saint Jean XXIII, une source d’inspiration bienfaisante pour les lendemains à embellir dans ce siècle commençant.