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A QUAND LA FIN DE LA GUERRE EN COTE D’IVOIRE

 

 

 

D’abord, il convient d’établir que les populations, malgré le grand nombre d’hommes armés en circulation, ne sont pas en sécurité. Il n’y a pas de forces qui assurent la sécurité au sens traditionnel du terme. Aujourd’hui, l’armée ivoirienne de terre, de mer et de l’air compte, entre autres, environ 14.000 hommes non réformés, non équipés. Il s’agit de ce qu’il reste des anciennes FANCI (Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire). Ces hommes sont démotivés, désarmés, payés à ne rien faire, frustrés par une défaite programmée mais inattendue et méprisés par les autorités politiques actuelles du pays simplement parce qu’ils ont appartenu à l’armée sous l’ancien régime. Ils étaient les forces dites loyalistes du régime de Laurent Gbagbo. Cela leur est préjudiciable aujourd’hui et le régime ne leur fait pas confiance.

Il faut ajouter à ce groupe environ 17.000 gendarmes. Ce corps dit d’élite s’est taillé en Côte d’Ivoire la réputation d’être républicain mais n’est nullement utilisé pour le maintien de l’ordre public dans la nouvelle gendarmerie. Plusieurs de ses membres ne sont pas intégrés dans la fonction traditionnelle de la gendarmerie. Ils sont payés à ne rien faire, vivent dans la terreur et le soupçon d’être capables de déstabiliser le régime à tout moment. Ils s’ennuient, sont démotivés et frustrés. Ils faisaient eux aussi partie des loyalistes de l’ancien régime. Et cela leur est préjudiciable aujourd’hui car le régime ne leur fait pas confiance.

Nous devons aussi prendre en compte 18.000 policiers non réformés, eux aussi, c’est-à-dire non réorganisés et non réemployés dans les fonctions habituelles et normales de la nouvelle police. Ils sont en permanence soupçonnés d’avoir été proches de l’ancien régime Et cela leur est préjudiciable aujourd’hui car le régime ne leur fait pas confiance. Ils travaillent sous le regard, le contrôle et la suspicion des forces mises en place par le régime actuel. Ils s’ennuient, sont démotivés et frustrés.

Ces trois groupes constituent ensemble une équipe de 49.000 personnes environ qui, formées en principe pour la sécurité et l’ordre public, vivent dans le non-emploi, le chômage déguisé, la suspicion et la frustration de ne pouvoir exercer leur métier dans des conditions normales de l’Etat de droit. Ces hommes et ces femmes, harcelés de temps à autre, constituent un cocktail dangereux pour la stabilité du régime qui en est conscient et qui déploie des efforts énormes de surveillance, de contrôle, d’arrestations et de tracasseries. Toutes choses qui ne rassurent pas mais au contraire stressent et créent des tensions psychologiques intenses.

Mais, surveiller les militaires, policiers et gendarmes des ex-FDS ne laisse pas suffisamment de ressources pour assurer la sécurité des populations et garantir l’ordre public, aussi bien dans les villes qu’en milieu rural. L’insécurité commence avec l’idée que l’autre nous veut du mal. Et à vouloir trop le surveiller, nous ne voyons pas arriver les autres dangers.

Que faire dans ce cas ? Réinsérer ces éléments dans l’ordre normal des forces qui assurent la sécurité, la protection civile et l’ordre public en Côte d’Ivoire. Cela voudrait dire redonner à la police et à la gendarmerie les moyens de leur activité. Seuls les policiers et gendarmes peuvent assurer l’ordre public et rassurer les populations. Si l’Etat doit redevenir normal, ce sont les forces normales et non des forces d’exception qui doivent s’occuper de la mission du service public de la sécurité et de la protection des droits et des libertés. La condition normale d’un Etat exige des institutions normales. L’armée, la gendarmerie et la police sont des institutions qui doivent reprendre leur service normalement si bien entendu nous recherchons la normalité qu’impose l’Etat de droit. Si bien entendu nous voulons mettre fin à l’Etat d’exception. Mais que faire avec une armée de 11.000 FRCI, loyalistes d’aujourd’hui, en plus des 14.000 loyalistes de l’ancien régime? Cela fait quand même 25.000 militaires payés. Avec le budget actuel du ministère de la défense, estimé à 188 milliards de fcfa, si leur traitement est assuré convenablement (131 milliards)

source:   http://www.audace-afrique.net

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