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Adrien Perreau : portrait d’un esthète Adrien Perreau, qui exerce la fonction d’Administrateur du Patrimoine à Opéra Garnier est en quelque sorte le gardien du Temple …

photo/ Stromme Franck

Adrien Perreau, qui exerce la fonction d’Administrateur du Patrimoine à Opéra Garnier est en quelque sorte le gardien du Temple …mais d’un temple qui est un chef-d’œuvre français d’architecture théâtrale du XIXe siècle, construit par Charles Garnier et inauguré en 1875.

L’accueil est de prime abord chaleureux et la joie de nous faire partager sa passion est contagieuse. Adrien Perreau est un homme raffiné qui nous introduit dans les dédales du Palais (comme il appelle l’Opéra), en illustrant son propos de mille anecdotes : de la loge de l’Impératrice, bordée de deux caryatides dénudées, de la vue desquelles Napoléon III aurait pu se repaître (« aurait » car l’empereur n’a jamais connu le bâtiment qu’il a fait ériger) au fameux lac artificiel au niveau du 5° sous-sol où évoluent des poissons nourris par le personnel, en passant par la galerie des bustes dressés sur de superbes gaines de marbre, à l’effigie de danseuses de la maison ( entre autres cette pauvre Emma Livry, au destin funeste qui se transforma en torche vivante en approchant son tutu de la rampe) .
Nul ne connaît mieux ces dédales qu’il arpente, trousseau en main depuis sa prise de fonction il y a vingt ans, et dont il nous ouvre les arcanes. C’est peu dire que le personnage incarne parfaitement la fonction. Derrière son bureau plat Mazarin, sa journée est dédiée à la préservation de ce patrimoine unique auquel il s’est voué.

« Je veille sur cette vieille Dame » confie-t-il : « Ma mission consiste à savoir où sont les choses, à répertorier, explorer les archives, monter des dossiers, dresser un inventaire….. » Ainsi, Adrien Perreau a -t-il lancé un projet de restauration de l’orgue Cavaillé-Coll du Palais Garnier ; le chemin est long et les interlocuteurs nombreux : visites officielles, rapports, recherches de documentation, étude préalable détaillée sur l’état de l’orgue, réunions de la Commission Nationale des Monuments Historiques… Les projets se heurtent à l’inertie administrative mais il s’agit paradoxalement d’une « inertie heureuse » (comme on parlerait de mondialisation heureuse) car cette lenteur donne le temps de réagir contre des initiatives parfois intempestives….
Une fonction au carrefour de nombreux partenaires : BNF pour les archives, partenariat de trois ans avec l’école Boulle spécialisée dans la formation des métiers d’art, l’atelier du boulevard Berthier, ( annexe construite par Charles Garnier pour les décors de toile), Mobilier national….pour le côté artistique, mais aussi les Sapeurs Pompiers, la DRAC, la Direction générale du patrimoine, la direction de l’Opéra à Bastille, les institutions culturelles et administratives
Pour Adrien Perreau « L’essentiel est de garder la cohérence ». Cohérence globale du bâtiment qui passe par le souci scrupuleux des moindres détails ; serrures, rideaux, poignées de porte, vases de Sèvres, tissus …..

Bref un homme de haute culture qui contribue au rayonnement de ce chef-d’œuvre architectural, à la fois théâtre et musée, amoureux assidu de cette « vieille Dame » parisienne.
Sandrine Pico de La Houssière

 

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