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Algérie : impasses politique et économique après l’élection
Après la victoire d’Abdelmajid Tebboune à l’élection présidentielle qui s’est tenue ce jeudi, l’Algérie se trouve confrontée à la révolte de la rue. Politique, pour le non renouvellement de la classe dirigeante, M. Tebboune étant un ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika. Mais aussi économique.
L’économie ne cesse de se dégrader depuis le début de la contestation, mais aussi avant la contestation, puisqu’en fait, si l’économie algérienne va mal, c’est à cause de sa dépendance à la conjoncture extérieure et surtout à un facteur, il s’agit du prix du pétrole.
Près d’un quart du PIB, la moitié des recettes fiscales et 95% des exportations sont dus aux hydrocarbures.
L’Algérie a construit son modèle économique sur la seule performance des hydrocarbures.
Elle est donc dépendante du prix où elle le vend, et ça, ça se décide sur les marchés mondiaux. Forcément, quand le pétrole va et se vend cher, ça va.
Quand il y a une surabondance de l’offre et un ralentissement de la demande au niveau mondial, le cours de l’or noir baisse. C’est ce qui s’est passé en 2014, où le prix du baril a été divisé par deux.
Or les analystes affirment que pour dégager des excédents de cette activité, l’Algérie a besoin d’un prix du baril supérieur à 110 dollars. On en est loin aujourd’hui et ce déficit de la balance commerciale affecte les équilibres internes.
Depuis plusieurs décennies, l’économie algérienne est subventionnée de toutes parts : logement très peu cher, des subventions aux produits et services de base comme le pain, la semoule, l’électricité, les transports et même l’essence.
Ces subventions sont payées par des recettes fiscales, qui ne rentrent plus aujourd’hui comme avant. De plus, les subventions ont beaucoup d’effet pervers pointés par les économistes, à commencer par le gaspillage de ces denrées.
Le défi du nouveau dirigeant est gros, il a plusieurs défis majeurs à relever afin de sortir de l’économie de rente.
Le premier, il lui faut améliorer le climat des affaires. Aujourd’hui, elle est 157ème sur 190 dans un classement Doing Business établi par la Banque mondiale.
En combattant la corruption, qui reste un fléau dans le pays, il y a un procès de dirigeants et de politiques qui se tient en ce moment-même dans le pays, et qui n’attire pas les investisseurs internationaux.
Un cadre juridique et fiscal plus attractif. Il y a une loi aussi qui fait office de verrou sur les investissements étrangers puisqu’elle impose un partenaire algérien majoritaire.
Ce qui fait défaut à l’Algérie aussi, c’est un secteur privé développé, ne serait ce que pour produire ce que les Algériens consomment, en terme de denrées alimentaires. L’appareil de production algérien est qualifié aujourd’hui de minuscule comparé à ce qu’il devrait être.
Revoir le système de subventions, qui profitent aux plus riches et incite au gaspillage
Ce qu’est en train de vivre l’Algérie, on appelle ça la malédiction du pétrole. Il faut donc que l’économie effectue sa transition. Mais elle l’a déjà fait par le passé. Avant 1962, le pays était majoritairement un pays d’agriculture et avait réussi à transformer son modèle, même si ça s’était fait au prix d’un changement total d’environnement politique. Qui pour l’instant, n’est pas acté.
Mélanie Cohen
Cédric Leboussi
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