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Allocution d’ouverture de la Présidente von der Leyen à l’occasion de la conférence de presse conjointe avec le Président Michel et le Premier ministre belge De Croo à la suite de la réunion du Conseil européen du 27 juin 2024

Cher Charles,

Cher Alexandre,

Je tiens d’abord à vous remercier, cher Alexandre, pour votre présidence du Conseil absolument remarquable. Vous avez réussi à conclure un accord politique sur plus de 45 dossiers couvrant l’ensemble de nos grandes priorités d’action, du pacte vert pour l’Europe à la numérisation, en passant par l’industrie, l’économie et l’élargissement. Je pense que deux propositions ont été exemplaires: le règlement pour une industrie «zéro net» et le nouveau cadre de gouvernance économique.

Mais vous avez également piloté le tout premier accord sur une révision à mi-parcours du cadre financier pluriannuel. Cette révision a permis la mise en place, parce qu’elle l’a incluse, de la facilité de 50 milliards d’euros en faveur de l’Ukraine. Vous avez également rendu possible l’adoption d’un autre dispositif phare, à savoir le pacte sur la migration et l’asile, qui constitue assurément l’un des ensembles législatifs les plus difficiles proposés par le Collège. Je tiens également à souligner que vous n’avez pas seulement géré des dossiers législatifs, mais que vous avez également présidé le sommet de l’industrie d’Anvers, le sommet des partenaires sociaux à Val Duchesse et le socle des droits sociaux à La Hulpe.

Au cours de votre présidence, et à vrai dire cette semaine, nous avons également adopté le 14e train de sanctions contre la Russie. Et cette semaine également, nous avons adopté de nouvelles sanctions à l’égard de la Biélorussie, en conformité avec notre régime de sanctions contre la Russie. Il s’agit d’un signal très fort témoignant de notre détermination sans faille à priver la Russie des moyens de poursuivre sa guerre d’agression contre l’Ukraine. Et bien sûr, il y a eu ce grand événement: nous avons lancé, mardi, les négociations d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie. Aujourd’hui, dans une nouvelle étape, nous avons versé près de 1,9 milliard d’euros de préfinancement au titre de la facilité pour l’Ukraine. Il a donc été très utile et bénéfique que nous puissions discuter de ces évolutions en personne avec le Président Zelensky au début de notre réunion. J’ai été particulièrement honorée de signer les engagements en matière de sécurité entre l’Union européenne et l’Ukraine au nom de la Commission européenne. Nous avons également présenté aux dirigeants l’initiative du G7 visant à accorder à l’Ukraine des prêts d’environ 50 milliards de dollars. Nous allons à présent travailler avec nos États membres, les partenaires du G7 et l’Ukraine pour mettre en place la législation nécessaire. Nous serons heureux de fournir à l’Ukraine les fonds correspondants avant la fin de l’année.

Nous avons eu bien d’autres sujets, comme l’a exposé mon collègue, Charles Michel. Je souhaite un deuxième regard sur l’élément de sécurité et de défense qui a été discuté. Nous savons tous, comme cela a déjà été dit ce soir, que nous sommes confrontés à des menaces sans précédent et croissantes. La guerre de haute intensité a fait son retour sur notre continent, et la Russie est une puissance agressive et disruptive. Elle s’est rapidement tournée vers une économie de guerre. Juste un chiffre: elle consacrera plus de 7 % de son PIB à la défense cette année. Dès lors, comme nous l’avons convenu dans le programme de Versailles et réaffirmé en mars dernier, l’Europe dans son ensemble doit renforcer sa défense. Permettez-moi de mentionner trois chiffres qui illustrent cette nécessité: entre 2019 et 2021, c’est-à-dire en trois ans, les dépenses combinées de l’Union dans le domaine de la défense ont augmenté de 20 %. Dans le même temps, les dépenses de défense de la Chine ont augmenté de près de 600 % et celles de la Russie de près de 300 %. Et ce avant même que la Russie n’augmente massivement ses dépenses de défense au cours des deux dernières années.

Nous nous sommes fondés sur plusieurs sources, de la boussole stratégique à la stratégie industrielle de défense européenne, pour recenser les capacités nécessaires en matière de défense. En outre, certains États membres ont demandé un bouclier européen de défense aérienne, tandis que d’autres ont réclamé le renforcement de la frontière terrestre orientale de l’Union. En prenant tout cela en compte, et en nous appuyant sur des sources non classifiées, nous estimons à quelque 500 milliards d’euros les investissements supplémentaires qui seront nécessaires dans le domaine de la défense au cours de la prochaine décennie. Certaines sources du CFP, qui avoisinent les 11 milliards d’euros, pourraient s’ajouter à 11 milliards d’euros hors budget dans le cadre de la facilité européenne pour la paix. Nous avons déjà créé une boîte à outils pour la défense. Je vous le rappelle: nous disposons du Fonds européen de la défense, du mécanisme pour l’interconnexion en Europe et du programme européen pour l’industrie de la défense, qui comporte, par exemple, le projet phare Eurodrone. Toutefois, globalement, nous devons en faire davantage. Comme l’avait demandé le Conseil, les options en matière de dépenses de défense ne manquent pas. Première option : de nouvelles contributions nationales. Deuxième option : un accord sur de nouvelles ressources propres au niveau européen. La proposition correspondante a été soumise au Conseil. Ensuite, se pose évidemment la question de savoir si les dirigeants mobilisent immédiatement ces ressources ou s’ils utilisent d’abord la capacité d’emprunt du budget de l’Union et mobilisent ces ressources plus tard. Aucune de ces options n’est facile. Toutes doivent être examinées avec la volonté politique de décider d’une action commune, mais elles doivent être examinées avec soin.

Enfin, un mot rapide sur le programme stratégique. Je me félicite de son adoption, car il prépare le prochain cycle institutionnel et fixe les priorités politiques des 27 dirigeants de l’Union pour les années à venir. Il s’agit donc d’une contribution importante à l’élaboration, par la Commission, des prochaines orientations politiques que je devrai soumettre au vote du Parlement. Ce programme stratégique commence par une évaluation très pragmatique des nouvelles réalités géopolitiques. Je n’en dirai rien ici car nous en avons déjà discuté ce soir. La réponse à ces défis est très clairement définie dans le programme stratégique: renforcer la défense européenne, depuis les dépenses jusqu’à l’interopérabilité, mais aussi faire face avec résolution aux menaces climatiques qui se profilent, conformément à notre objectif de devenir le premier continent climatiquement neutre tout en renforçant la compétitivité de nos économies sociales de marché — une attention toute particulière est accordée au thème de la compétitivité — et, bien entendu, soutenir la mise en œuvre de notre double transition écologique et numérique et renforcer les capacités de production européennes en matière de technologies propres. Le programme stratégique couvre donc un large éventail de sujets et apporte une contribution importante aux orientations politiques de la Commission.

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