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Après la crise du coronavirus, le monde de demain ne sera pas le même : rendons le soutenable, équitable et résilient

La crise du Covid-19 renforce notre volonté d’initier une véritable transition vers un modèle de société réellement capable de répondre aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux de notre époque.
 
Cette crise sanitaire, dramatique par bien des aspects, nous oblige à payer de lourds tribus, humains d’abord, mais aussi économiques avec de profondes répercussions sur l’emploi, l’éducation, la culture, les libertés individuelles, le tourisme, les services, etc. Malgré tout, elle représente une occasion unique, un défi à ne surtout pas manquer, pour nous réinventer, penser et anticiper ensemble le monde d’après. Ce défi c’est celui d’une transition globale, politique, économique, sociale et écologique. 
 
Notre faculté à mobiliser si vite tant de ressources et tant de volonté, comme en temps de « guerre », pour lutter contre le coronavirus, nous prouve qu’il est possible d’en faire de même afin de prévoir, et peut-être de résoudre, les graves crises qui s’annoncent (sanitaires, environnementales, climatiques, sociales, migratoires, etc). Nous disposons actuellement de toutes les ressources, humaines et techniques, de toutes les connaissances, scientifiques et empiriques, nécessaires au déploiement d’une écologie positive et humaniste, synonyme de progrès social, de respect de notre environnement et de sobriété dans nos modes de consommation.
Dans une logique d’adaptation et de mitigation, inspirons-nous de l’approche développée par Jean-Marie Pelt et Roger Klaine, fondateurs de l’écologie urbaine et de l’Institut Européen d’Écologie. Engageons dès maintenant nos territoires vers une transition écologique motivée par la vision d’une société organique, pensée comme un écosystème vivant, dynamique, harmonieux et interconnecté. Miser sur le progrès environnemental et social, sur le développement durable qui en est le penchant, c’est donner l’opportunité à nos concitoyens de se réunir autour d’un projet de société vertueux et audacieux.

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Sur le plan politique, il nous paraît indispensable de libérer notre capacité d’agir en misant sur les énergies de nos élus, entreprises, associations, citoyens et sur les ressources locales de chacun de nos territoires. Leur engagement est crucial, comme le montre le développement et la réussite des territoires à énergie positive ou les initiatives  de nombreuses villes pour le climat ou dans la lutte contre les inégalités. Favoriser l’action de proximité et mobiliser les ressources locales ne pourra toutefois se faire qu’en initiant, par un nouvel élan politique, un Acte 3 de la décentralisation. Cela devra passer par un renforcement du rôle des corps intermédiaires, à des échelles diverses (départementales, régionales), pour qu’ils représentent et fassent entendre plus que jamais la voix des territoires. Afin d’innover, d’agir au plus près du terrain et de multiplier les coopérations inédites entre les acteurs – en adéquation avec le cap et la stratégie qui seront fixés par le gouvernement et l’Assemblée Nationale –, inspirons-nous d’exemples qui fonctionnent, comme celui de l’Allemagne ou de la région Grand Est.
Dotons nos régions de pouvoirs renforcés, en matière d’éducation, de culture, de transport, d’environnement mais aussi d’aménagement du territoire, de politique sociale, de réglementation des pratiques agricoles. Face à la crise de représentativité que nous vivons depuis plusieurs années, donnons à tous ceux qui le peuvent la possibilité et la responsabilité d’agir concrètement, à leur échelle.
 
Néanmoins, accroître le rôle et le pouvoir de nos territoires c’est aussi les faire tendre vers un développement harmonieux, leur offrir un cadre propice à leur non-concurrence. Ce cadre, c’est celui d’un accès égal aux ressources (qu’elles soient matérielles ou immatérielles) pour l’ensemble de la population, d’une répartition tout aussi égalitaire des charges et des richesses, d’une redéfinition du rôle des services publics pour les rendre plus en phase avec les attentes de la société civile. Cette redéfinition de notre rapport à l’espace, aux ressources et à leurs usages – que le contexte actuel ne fait qu’amplifier – nous impose de réfléchir à la manière de libérer l’activité de la société civile. Les intelligences et les initiatives y bouillonnent. Offrons au plus grand nombre le temps et les opportunités de les mettre à profit du bien commun, en stimulant et en soutenant l’innovation, en développant les circuits courts, en relançant sérieusement le débat sur le revenu de base, en favorisant le bénévolat et les solidarités.
 
L’autre « projet de la concorde » que souhaite construire le Président pourrait être celui d’une nouvelle prospérité, fondée sur le progrès social et environnemental, sur une économie responsable et décarbonnée, libérée des seuls objectifs de croissance. Ne pensons plus notre doctrine en fonction de l’urgence ou de la pénurie mais tâchons de planifier à long terme, pour redevenir souverain sur nos équipements, nos productions, nos approvisionnements de première nécessité. Privilégier la production alimentaire, à l’échelle locale, permettrait à la fois de densifier des réseaux d’approvisionnement et de distribution sobres et efficaces, mais aussi de créer de l’emploi tout en nous assurant 
 
l’accès à des produits de qualité et un meilleur contrôle de leurs modes de fabrication, toujours plus respectueux de l’environnement. Ré-industrialiser la France et ses territoires, en fonction de leurs ressources spécifiques, dans le domaine textile par exemple, doit être l’un des fers de lance de ce renouveau économique. Intensifier les relations diplomatiques et la politique de coopération économique avec les pays de la rive Sud et Est de la Méditerranée, nous permettrait de construire une stratégie collective de souveraineté économique tout en renouant avec une vision élargie et ouverte de l’Europe. 
 
La prospérité économique, celle que nous avons connu durant plusieurs décennies, n’est plus gage de progrès social. Pire, elle devient créatrice d’inégalités si elle n’est pas guidée par des principes et des valeurs de justice, de progrès, de durabilité, mais aussi – comme c’est le cas pour la crise sanitaire que nous vivons – lorsqu’elle entraîne par ricochet l’apparition et le développement de nouvelles maladies. Il convient donc de rechercher les modes d’actions qui permettent non seulement de préserver l’environnement et les écosystèmes vivants qui l’habitent, mais également de le rendre plus sûr pour l’ensemble des humains, quelle que soit leur sexe, leur âge, leurs origines ethniques ou sociales. Soyons à la hauteur de cette situation historique et bâtissons, collectivement, un nouveau projet national, plus juste, plus résilient et au service du bien commun.
Signataires : 
 
Christophe MADROLLE, Sécrétaire général UDE, Élu de Marseille 
Julien VICK, Administrateur de l’Institut européen d’Ecologie, Metz
Cécile MUSCHOTTI, Députée LREM, Toulon (Var)
Bruno FUCHS, Député LREM, Mulhouse (Haut-Rhin)
Claire PITOLLAT, Députée LREM, Marseille (Bouches du Rhône)
Anne-Sophie CONDEMINE, Adjointe au maire de Lyon, Conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes 
Marien LOVICHI, Conseiller municipal MODEM, Dijon 
Pierre YANA, Conseiller municipal UDE, Dunkerque
Jacqueline FERRARI, Conseillère régional Bourgogne-Franche-Comté
Julien RICHARD, Entrepreneur
Antoine-Tristan MOCILNIKAR, titulaire d’un doctorat en mathématiques appliquées
Antonio DUARTE, chef d’entreprise 
Matthieu CUIP, Délégué général de l’UDE
Sophie GOY, chef d’entreprise développement durable 
Christian AMMIRATI, Maire de Gignac La Nerthe
Rémi DOS SANTOS, Responsable associatif 
Yoann PIMENTEL, Adjoint au Maire Savigny-en- Revermont
Hugues GIRARD, Journaliste, Élu d’Avignon 
Emmanuelle BOUCHAUD, Conseillère régionale Pays de la Loire
Marie-Agnès STRAZEL, Responsable syndicale 
Dominique LEMOINE, Conseiller départemental Tours
Nathalie AUDIN, Responsable associative et syndicale
Jean-Claude FONTANIVE, Président de NEXTSEE, DG Chaire « Transition énergétique » IPAG.B.S.

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