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AU SARKOLAND L’ARGENT SE LEVE AU SUD,AU FRONT NATIONAL L’ARGENT SE LEVE A L’EST

L’affaire Sarkozy-Kadhafi est une affaire politico-financière internationale déclenchée par la publication, par le journal en ligne Mediapart, le 12 mars et le 28 avril 2012, de deux documents laissant supposer l’existence d’un versement de 50 millions d’euros à des fins de financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 de la part du régime libyen. Le montant officiel de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 était de 20 millions d’euros.

Un accord « sur le montant et les modes de versement » aurait été préparé en 2005 et validé en 2006 par Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités locales, en présence de l’homme d’affaires Ziad Takieddine, qui avait introduit en Libye dès 2005 les proches du ministre de l’Intérieur, notamment Claude Guéant et Nicolas Sarkozy lui-même. Bachir Saleh, alors à la tête du Libyan African Portfolio (LAP), fonds d’investissement financier du régime libyen, aurait été chargé de superviser les paiements. Ziad Takieddine aurait par ailleurs secrètement conseillé Claude Guéant jusqu’à la veille de la guerre en Libye1.

La divulgation de ces documents a mis en lumière le cas de Bashir Saleh, ex-trésorier de Kadhafi, recherché par Interpol, vivant protégé sur le territoire français depuis la chute du régime, et prenant la fuite en mai 2012.

Lors des premières révélations de Mediapart, le soir même du 12 mars, sur TF1, Nicolas Sarkozy qualifie l’accusation de « grotesque » . Dans un entretien à France 24, le même jour, Ziad Takieddine qualifie Mediapart de « site le plus menteur qui puisse exister dans toutes les civilisations possibles et imaginables » et ses journalistes d’ « animaux malades » 47.

Le 30 avril 2012, Nicolas Sarkozy dépose une plainte contre Mediapart. Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire pour « faux » et « usage de faux », « recel de faux » et « publication de fausses nouvelles ». La plainte vise le site Mediapart, son directeur de la publication Edwy Plenel ainsi que les deux journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske qui ont signé l’article faisant état d’une note présumée à propos d’un soutien libyen à la campagne de Nicolas Sarkozy en 200748,49.

Mediapart considère que cette plainte vise à « intimider les journalistes » dans une « démarche exceptionnelle (qui) vise à contourner la procédure spéciale prévue par la loi sur la presse » puisqu’« une procédure du chef de diffamation aurait exigé un débat public devant le Tribunal correctionnel ainsi que la production des preuves et des témoins »50. Ainsi, Mediapart dépose plainte à son tour, le 2 mai 2012, auprès du procureur de la République de Paris contre Nicolas Sarkozy et X… du chef de dénonciation calomnieuse51. Le 16 mai 2012, Mediapart dépose quarante-cinq pièces, auprès du procureur de la République de Paris, à l’appui de sa plainte 52. Interrogé par la justice, Edwy Plenel garde le silence : « Cette enquête préliminaire pour faux et usage de faux est attentatoire au droit de la presse qui protège une liberté fondamentale des citoyens qui est le droit de savoir ». En conséquence, « j’ai donc refusé de répondre aux questions » a-t-il conclu

Le déblocage de ce prêt au Front national par une banque russe survient à un moment critique des relations entre l’Union européenne et la Russie, mises à mal par la crise ukrainienne. Cinq banques publiques russes (Sberbank, VTB Bank, Gazprombank, Vnesheconombank et Rosselhozbank) sont visées par les sanctions, et 119 personnes,
parmi lesquelles des oligarques et des banquiers, sont interdites d’entrée sur le territoire de l’UE. L’un des contacts du FN, le député Alexander Mikhailovich Babakov, est d’ailleurs visé par cette mesure.
« Légalement, rien n’interdit à un parti politique de contracter un emprunt auprès d’une banque française ou étrangère, à la condition bien sûr que le prêt ne dissimule pas un don de personne morale ou un blanchiment d’argent », remarque Me Jean-Christophe Ménard, avocat spécialisé en droit du financement politique, ancien rapporteur auprès de la commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP).

Dans les années 1990, les dirigeants du Parti républicain (PR) avaient eu recours à un prêt fictif souscrit auprès d’une banque italienne, le Fondo. Alors dirigeants de ce parti, l’ancien ministre de la défense François Léotard et Renaud Donnedieu de Vabres ont été condamnés pour « blanchiment » dans cette affaire, en février 2004.

« L’origine des fonds prêtés au parti est évidemment cruciale, poursuit l’avocat. Dans le cas présent, il faudrait s’intéresser aux conditions de l’emprunt ou bien encore à l’éventuelle participation de l’État russe au capital de la banque. Le problème est que la CNCCFP ne dispose pas des compétences lui permettant de contrôler la légalité de ce type de montages financiers, parfois complexes. »

« Un parti a tout à fait le droit de contracter un prêt auprès d’une banque à l’étranger, explique-t-on à la CNCCFP. Cela apparaît forcément dans les comptes du parti, mais nous n’avons qu’un montant global des emprunts, seuls les commissaires aux comptes ont les détails en mains et effectuent ce contrôle. Nous exerçons un contrôle sur les dons, pas sur les prêts. »

En revanche, les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi sont aujourd’hui saisis de soupçons d’irrégularités sur les financements du Front national – à travers le micro-parti de Marine Le Pen –, une enquête élargie en septembre à des faits de « blanchiment en bande organisée » liés aux contrats de prêts accordés à des candidats frontistes. Il ne serait pas absurde qu’ils s’intéressent à terme au financement accordé au FN par la First Czech Russian Bank.

Si l’on en croit Marine Le Pen, c’est à contrecœur que le Front national s’est tourné vers les banques étrangères. « Notre parti a demandé des prêts à toutes les banques françaises, mais aucune n’a accepté, a-t-elle expliqué, le 23 octobre, à L’Obs. Nous avons donc sollicité plusieurs établissements à l’étranger, aux États-Unis, en Espagne et, oui, en Russie. » […]

« On a pris des contacts avec beaucoup de banques françaises et européennes, a expliqué Me Wallerand de Saint-Just, trésorier du Front national à Mediapart, fin octobre. C’est niet en France. Ils ne prêteront pas un centime après le rejet des comptes de Nicolas Sarkozy. Nous, on a élargi le cercle. Ce genre de négociations, plus c’est discret mieux c’est. On a pris des contacts avec les plus grosses banques. On a envoyé des lettres, c’est tout. La plupart du temps, on n’a pas de réponse. » […]

« Les banques sont très frileuses pour prêter aux partis politiques, quels qu’ils soient, confie un membre du Bureau politique du parti. Ce n’est pas un boycott du Front national, c’est une crainte généralisée. À partir du moment où ce n’est pas un don, ni une subvention, ce qui serait interdit venant d’un État étranger, cela ne me choque pas. »

« Pourquoi ce ne serait pas une bonne nouvelle d’avoir trouvé une banque qui prête ? », a réagi le russophile Christian Bouchet, secrétaire départemental adjoint du FN en Loire-Atlantique et ancien nationaliste révolutionnaire. C’est pas pire que d’aller emprunter à Kadhafi. Pourquoi pas une banque russe ? Ce qui intéresse les militants de base et les cadres moyens, c’est que Paris nous verse notre part tous les ans. L’argent n’a pas d’odeur, c’est surtout ça. »

L’obtention de ce prêt est le résultat d’un rapprochement politique engagé par Marine Le Pen dès son arrivée à la tête du Front national en 2011, lorsqu’elle dit « admirer » Vladimir Poutine. Un lobbying intense a été mis en œuvre en direction de Moscou parallèlement aux visites de la présidente du FN sur place.

Marion Maréchal-Le Pen s’y rend en décembre 2012, Bruno Gollnisch, en mai 2013. Après une visite en Crimée, Marine Le Pen y va en juin 2013 avec Louis Aliot. Elle est reçue par le président de la Douma, Sergueï Narychkine, un ancien général qui a connu Poutine au KGB et au FSB (sécurité de l’État).

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