« Bon courage Monsieur le Ministre ! »
Je n’ai aucune sympathie pour « Jupiter » Micron, ses ministres «crânes d’œufs» et ses députés
«godillots» qui sont, soit de joyeux amateurs, soit des socialistes recyclés. Une exception cependant pour
Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale. Comme Claude Allègre en son temps, il semble
vouloir réformer – vraiment – l’enseignement, sans se coucher devant les syndicats roses ou rouges qui le
régissent depuis un demi-siècle.
Revenir aux fondamentaux (lire, écrire, compter) en classes primaires, remettre l’étude du Latin et
du Grec, imposer une orientation puis une sélection à l’entrée des facultés, …etc…etc… Tout ceci semble
aller dans le bon sens (et à contrecourant des mesures démagogiques, racoleuses et irresponsables
imposées par la franco-marocaine Nadjat Vallaut-Belkacem).
Souhaitons donc bon courage, et surtout bonne chance, à Monsieur Blanquer car la tâche à laquelle
il s’attelle est immense. Puisse-t-il nous débarrasser une bonne fois pour toutes des pédants et des cuistres,
qui, se croyant plus savants que le « vulgum pecus », tentent depuis des années de nous imposer le
charabia qui leur sert de langage. Leur dernière trouvaille en date vaut son pesant de moutarde !
Le « bloc mucilagineux à effet soustractif », mais qu’est-ce donc ????
Certes, depuis que la langue française est remplacée par la « novlangue », la « langue de bois » ou
« l’hexagonal pompier » nous savions que les femmes de ménage étaient devenues des « techniciennes de
surface », les aveugles des « non-voyants », les sourds des « malentendants », les nains, des « personnes à
verticalité contrariée » (ça ne s’invente pas !) et les dames de petite vertu des « travailleuses du sexe ».
Bon, me dira-t-on, il est normal que notre langue évolue, mais pour les pédants-pédagogues il ne
faut pas parler d’une « évolution de la langue », mais de « prospective positive modernisée d’un mode de
communication oral » : on croit rêver !!!!
Hélas, le pédant est contagieux. Les campings, par exemple, ne veulent plus s’appeler ainsi au motif
que ça fait « prolo » ou « populo » : ça rappelle Franck Dubosc en moule-burnes dans un (mauvais) film ou
Marcelle et Robert prenant l’apéro, avec casquette Ricard sous un parasol de la même marque.
Foin de camping donc, il faut parler dorénavant d’« hôtellerie de plein air »…
Mais ce mal – ne plus savoir « appeler un chat, un chat » – nous vient principalement du « conseil
supérieur des programmes » : une usine-à-gaz coûteuse, payée avec NOS impôts, pour ne rien produire
sinon du vent (voire des flatulences) dans un phrasé jargonneux qui ne vise qu’à tuer notre belle langue.
Grâce à ces gens-là, nous savons que l’élève (pardon : «l’apprenant ») n’apprendra plus à écrire
mais à « maitriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres ».
La bonne vieille dictée devient une « vigilance orthographique » ; le stylo, un «outil scriptutaire» ; la
rédaction, une « production écrite ». L’élève en difficulté devient un « apprenant à besoins éducatifs
spécifiques» et on tentera de l’aider par une « remédiation ».
Mais nos pédants-pédagogues, qui croient à « un esprit sain dans un corps sain », se sont penchés
sur les activités sportives : qu’on en juge ! On ne coure plus, on « crée de la vitesse » ; on ne nage plus en
piscine, on « se déplace dans un milieu aquatique profond standardisé » et on « traverse l’eau en équilibre
horizontal par immersion prolongée de la tête ». Le ballon devient un « référentiel bondissant »…
J’allais oublier de vous dire que le « bloc mucilagineux à effet soustractif », c’est… une gomme !
Devant de tels fous-furieux, certains évoquent les Précieuses ridicules. Pour ma part, j’y vois plutôt
les Shadocks et leur devise : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »
Mais au fait, comment dit-on « sodomiser les coléoptères » (pour rester poli) dans le langage des
cuistres du «conseil supérieur des programmes » ?
Alors, bon courage, Monsieur le Ministre ! Car il vous en faudra beaucoup !
Eric de Verdelhan
