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philippe Bloch est conférencier, animateur et auteur

Afin que tout ce que nous venons de vivre ne l’ait pas été pour rien, il nous faut réfléchir et réévaluer la relation que nous entretenons avec plusieurs thèmes majeurs. La mort, en premier lieu. Mais aussi la précaution. Le temps. L’ennui. La consommation. Notre cadre de vie. L’adaptabilité. La mondialisation. L’Europe. L’information. La liberté. Le profit. La volonté. L’unité. Profitons de cette épreuve pour nous poser les questions fondamentales qui s’imposent à nous en cette période si particulière et si prometteuse. Loin de moi l’idée d’apporter des réponses, même si j’ai bien sûr des convictions personnelles sur l’essentiel de ces sujets. Puisque notre maison doit être reconstruite, imaginons ensemble quelles sont les fondations de nature à abriter longtemps ceux que nous aimons, dans le monde nouveau et convalescent qui est devenu le nôtre. Il va notamment nous falloir établir un compromis acceptable entre libéralisme, protection sociale et intervention étatique.

Rien ne sera simple, car rien n’est jamais ni tout noir ni tout blanc. Les compromis seront douloureux. Mais choisir n’est jamais élire, c’est toujours sacrifier. Tous les entrepreneurs le savent bien, eux qui passent leur temps à faire des arbitrages difficiles et à qui incombe désormais la responsabilité de la reconstruction économique. Je ne doute pas un instant qu’ils seront à la hauteur, car l’essentiel sera à chaque fois de parvenir au meilleur équilibre possible entre des solutions souvent opposées. La tentation sera grande pour chacun d’entre nous de trouver dans cette crise la confirmation de sa propre vision de ce qui n’allait déjà pas dans le monde ou dans son pays, en s’appuyant sur ce qui n’a pas fonctionné à cette occasion.

Une chose est sûre. Nous allons devoir apprendre à vivre et à travailler longtemps avec ce virus, qui pourrait ne jamais disparaître. Louis Pasteur lui-même n’aimait-il pas rappeler que les virus étaient là avant nous, et qu’ils nous survivraient ? Cela va exiger un apprentissage collectif et beaucoup de discipline. Seule notre détermination et notre capacité réelle à modifier durablement nos habitudes et nos attitudes nous permettront de ne jamais revivre ce cauchemar, et de l’épargner à ceux qui nous suivront. Transformons cette pandémie en tire-bouchon de nos innombrables blocages. Nous le devons à la planète. A nos frères et sœurs qui l’habitent. A ceux que nous aimons. Et à tous ceux que nous avons perdus. L’avenir ne dure jamais longtemps. La mémoire des peuples est souvent courte, et elle retient rarement les leçons de l’Histoire. Évitons une fois de plus qu’elle ne nous apprenne rien.

Extrait du livre « ce sera mieux après…sauf si on est trops cons!