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COMMENT LA CRISE A- T-ELLE CHANGE LE MONDE

 

 

L’appel de la fédération européenne des syndicats à manifester le mardi 14 novembre contre l’austérité est porteur d’un message dont la signification profonde a été largement occultée par le caractère majoritairement pacifique des protestations. Il ne faut cependant pas se voiler la face : la contestation sociale croissante va limiter de plus en plus la capacité des gouvernements à entreprendre les réformes structurelles indispensables et les intégrer de façon cohérente dans une Union Européenne « solidaire » | Par Paul GOLDSCHMIDT, membre du Conseil d’orientation de l’Institut Thomas More, ancien directeur à la Commission Européenne

Manifester « au niveau européen » contre l’austérité revient à faire de l’UE un bouc émissaire commode alors que les syndicats savent pertinemment que les moyens d’intervention de l’Union sont dérisoires (1% du PNB); les négociations budgétaires en cours sont destinées à aggraver encore la situation. Aucune voix syndicale ne s’élève, cependant, pour soutenir les propositions budgétaires de la Commission donnant une image d’euroscepticisme à l’ensemble du mouvement ouvrier, alors qu’il devrait être à l’avant-garde de l’aspiration à l’intégration de l’Union, seule capable de défendre ses intérêts dans un monde globalisé.

Ce mauvais procès intenté à l’Union, qui l’accuse d’être responsable de l’austérité, insinue que c’est l’UE qui a « imposé » le Traité sur la Solidarité, la Coordination et la Gouvernance qui inclut la fameuse « règle d’or ». C’est oublier que le Traité à été négocié par 25 États souverains et ratifié par leurs parlements respectifs (processus encore inachevé) et que la Commission ne fait qu’exécuter – en tant que gardienne des Traités – les décisions prises par les Pays membres.

Il y a un diagnostic largement partagé qu’une politique axée exclusivement sur l’austérité comporte en son sein ses propres limites qui, dans le cas de la Grèce et de l’Espagne auraient déjà été atteintes et dont se rapprocheraient l’Italie, le Portugal, l’Irlande ou même la Grande-Bretagne. Il est cependant clair que les efforts considérables déjà consentis par leurs populations visent à créer un socle « assaini » sur lequel une politique de croissance peut prendre appui, à l’instar de l’Allemagne après les réformes de 2002 ou encore plus récemment en Lettonie.

Par contre, comme l’expose en détail, cette semaine, le dossier de l’hebdomadaire The Economist consacré à la France, si le chômage y est en hausse et la compétitivité en baisse, le pays n’a pas encore entrepris des réformes de fond comparables à celles de ses partenaires européens. Ceci n’empêche nullement les syndicats français, relayés par les partis extrémistes et une partie de la majorité présidentielle, de se draper dans le drapeau de la « solidarité » pour exiger une « autre politique » qui exonérerait leurs adhérents de tout effort.

Ce volet « social » de la crise est en voie de prendre une ampleur telle qu’il rendra encore plus aléatoires les progrès, pourtant jugés indispensables, en matière financière tels que l’Union Bancaire ou l’activation du Mécanisme Européen de Stabilité, lui-même préalable incontournable au renforcement des interventions de la BCE que les détracteurs de l’austérité appellent cependant unanimement de leurs vœux. C’est maintenant que l’on va se rendre compte que la recherche perpétuelle de compromis qui a conduit – par pragmatisme – à la prolifération de Traités à géométrie variable en marge du TUE, induit un blocage institutionnel. Ce ne sont certes pas les rumeurs proposant de faire un budget à 26 qui vont inverser cette tendance.

Par ailleurs, dans une récente étude sur le coût budgétaire d’une « fédéralisation » de l’UE, le Professeur André Sapir (Breughel/ULB) calcul que le montant des transferts s’élèverait annuellement à quelques € 220 milliards (dont la plus grande partie, estimée à au moins 8% de son PNB, retomberait sur l’Allemagne). Il conclut que, quels que soient les mérites de l’idée fédérale, elle est utopique et donc une « perte de temps »! L’étude ne quantifie malheureusement pas le coût d’une implosion de l’euro et/ou de l’UE dont on peut craindre qu’il soit encore plus élevé.

Retrouvez la suite de l’article sur http://www.institut-thomas-more.org

Comments

  • pickyourshoes
    décembre 29, 2016

    de la bonne nullité pour sous-citoyens. Pas étonnant que le monde se tourne vers le net libre.

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