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Comportement suspect : comment écarter ou limiter les risques ?

Après les récents attentats qui ont touché la France, la population est aujourd’hui sur le qui-vive. Peu de gens se disent en effet tranquilles depuis le carnage de Paris, traumatisés par des scènes de guerre atroces. Il suffit de peu de choses pour que les souvenirs reviennent à la surface. Un individu au comportement étrange ou portant simplement une barbe, un colis abandonné dans un endroit fréquenté,… Dans ce contexte d’état d’urgence, comment peut-on alors écarter ou limiter les risques qu’un autre drame de cette ampleur arrive ?

Contrôler les accès

Ces derniers temps, de très nombreux magasins se sont dotés de gardiens de sécurité, une tendance qui avait déjà été notée, à plus faible échelle, à la suite des attentats de janvier. Pourtant, peut-on vraiment parler de mesures efficaces ? Pas vraiment. En effet, on peut remarquer dans cette démarche purement volontaire des incohérences de la part des différents intervenants. Par exemple, dans deux villes voisines que nous aurons la délicatesse de ne pas citer, l’accès à un centre commercial très fréquenté n’est absolument pas soumis à des contrôles alors qu’un autre établissement équivalent mais peu fréquenté emploie aujourd’hui un agent de sécurité pour faire ouvrir les sacs. On note ici l’absurdité d’une telle différence. Dans une petite ville française dont l’accès à La Poste est surveillé par différentes caméras, on a aussi pu rencontrer à l’entrée un vigile dont la mission était de ne laisser passer personne sans avoir effectué des vérifications de sacs et colis. Les premiers jours, les choses se sont déroulées comme prévues. « Bonjour madame, veuillez ouvrir votre sac s’il-vous-plait », suivi de « Merci, bonne journée ». Mais très vite, l’agent de sécurité s’est retrouvé ou dehors en train de fumer une cigarette ou au fond du bureau de Poste en train de discuter avec une connaissance. On voit bien ici les limites de tels dispositifs. Bien que potentiellement dissuasif, il faut bien reconnaître que ce moyen n’est pas vraiment fiable.

Signaler et vérifier les colis

Depuis les attentats, de très nombreux colis suspects sont signalés. A Le Mans, on relève deux alertes au colis suspect en deux jours à peine. Seulement voilà, valise vide ou boîte contenant des chaussures, les blagues de mauvais gouts foisonnent. Il faut pourtant bien évacuer et délimiter une zone de sécurité car rien ne dit que la menace n’est pas réelle. Côté transport, cela signifie aussi retarder des centaines de passagers comme à la gare de Chagny sur la ligne Dijon-Lyon où 300 personnes ont dû être évacuées. Des procédures devenues habituelles et lassantes pour la RATP. Selon plusieurs témoignages, des pressions seraient aujourd’hui exercées par la direction pour minimiser les risques de colis suspects. Le Parisien retranscrit par exemple le témoignage d’un conducteur du RER A à qui on aurait certifié qu’un colis suspect était pris en charge par la police « alors qu’il n’a vu personne lorsqu’il a avancé son train. ». Il explique aussi « il y a ce collègue qui s’est arrêté dans le tunnel avant la gare de la Défense parce qu’un passager avait signalé un colis suspect. Le directeur de la ligne l’a carrément appelé dans le train pour qu’il avance malgré tout. C’est fou qu’on en arrive à une telle pression. ». Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que la procédure peut se déclencher dès lors qu’un doute apparait pour une ou un ensemble de personnes. On est dans un jugement purement subjectif. Dans un contexte comme celui que nous connaissons actuellement, il est facile d’avoir des doutes sur n’importe quel colis abandonné dans un lieu public. Avant les attentats, la plupart des gens auraient parlé de pertes ou d’oublis de sacs. Aujourd’hui, c’est forcément un colis suspect. Le problème avec ce genre d’alerte, c’est que l’humain est clairement au centre du dispositif. Or on ne connait absolument pas ses intentions. Elles peuvent être nobles tout comme avoir pour seul but de provoquer un vent de panique. Pour résoudre ce problème, la SNCF teste aujourd’hui une solution intéressante.

Détecter des comportements suspects

iTélé a révélé ce vendredi que la compagnie expérimente un logiciel d’analyse comportementale permettant de renforcer l’efficacité des caméras de vidéosurveillance. Ce programme se baserait « sur le changement de température corporelle, le haussement de la voix ou le caractère saccadé de gestes qui peuvent montrer une certaine anxiété » et est actuellement en phase de test dans plusieurs gares. Deux aspects vont essentiellement être étudiés. Dans un premier temps, l’étape déterminante est bien de savoir si oui ou non ce logiciel permet de ne sélectionner que des individus aux intentions troubles. Ensuite, dans un second temps, il sera forcément indispensable de connaître la réaction des gens face à la possible utilisation généralisée et constante de ce genre de technologies. D’autres caméras permettant de signaler comme suspects des colis restés trop longtemps au sol sont également en phase de test.

Ces avancées technologiques pourraient concerner 40 000 caméras de surveillance de la SNCF. Reste à voir si la population encouragera ou freinera ces initiatives. A priori, si les esprits n’oublient pas trop vite les récents massacres, la majorité des gens ne devrait pas s’y opposer. Enfin, logiquement…

A.G

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