Couple : inflation de la pornographe ou crise du sacré ? par Fabienne Leloup
Bien au-delà des étiquettes et des querelles sur le genre, les mythes nous transmettent leur sagesse. Le mythe platonicien de l’Androgyne nous raconte ce besoin humain de (re)trouver une unité perdue à travers cette quête faussement naïve de la part manquante.
Certains ricanent lorsqu’on évoque la vie à deux … Or loin d’être une prison ou un refuge, le couple peut être vécu comme une expérience métaphysique, celle de deux planètes qui s’attirent, se rencontrent et doivent apprendre à s’aligner sans fusionner.
C’est pourquoi nous pouvons émettre cette hypothèse. Et si dans le couple nous pouvions approcher le mystère de l’être humain ? Un mystère triple voire quadruple (si l’on est croyant) : âme, esprit, corps, cœur et sexe.
Au fur et à mesure des siècles, quelles que soient les cultures, force est de constater que l’on a toujours cherché à séparer les plans spirituels, émotionnels et sexuels comme si leur réunion pouvait constituer un danger pour les sociétés établies. Aujourd’hui, on associe toujours le couple aux enfants. On détaille tous les aspects de la procréation, de l’adoption etc.
Mais quel écrivain aujourd’hui parle d’accomplissement du couple, d’un érotisme totalement assumé ?
Crise des sentiments, crise du couple, inflation de la pornographie, crise du sacré ?
Le rayonnement d’un couple, me semble-t-il, ne s’évalue ni par rapport à son patrimoine ni par rapport à sa descendance ni à ses réseaux d’influence, mais par rapport à la prise de conscience de sa dimension stellaire, sacrée. Je me représente une sphère armillaire en bronze façonnée par les Anciens pour mesurer le parcours d’un astre.
Cependant, en Occident, des écrivains courageux du XX ème siècle, les surréalistes Sarane Alexandrian et André Breton nous ont invité à aller de l’avant en faisant l’éloge de l’authenticité des sentiments, de l’énergie solaire procurée par l’amour physique. Les surréalistes étaient des avant-gardistes qui voulaient changer la vie ici et maintenant, dans une optique sociopolitique. Passionnés d’alchimie, d’ésotérisme, Sarane Alexandrian et André Breton ont célébré le principe masculin et le principe féminin sans lesquels l’accès à la beauté et à l’idéal reste désincarné. Sans ces deux principes, pas de grand amour, c’est-à-dire un amour qui initie au rêve, à la révolte, à la Connaissance.
En d’autres termes, il s’agit de repenser l’amour dans sa totalité. Narcisse ne perçoit que des fragments de lui-même. Dans les labyrinthes des GAFA, chacun poursuit comme il peut son avatar. Les visages et les corps se standardisent. Chercherait-on à l’ère numérique détruire le corps ? Effacer la douleur et le plaisir ? A-t-on oublié que l’amour glorifie la singularité ? Dans la lignée du surréalisme, gageons sur le pouvoir de l’amour pour réenchanter le monde, dépasser les tensions entre le masculin et le féminin, exprimer la totalité de notre