Daniel Zielinski : « Le poids économique du sport en France est méconnu et mérite d’être valorisé ! »
VDA / Quel est l’impact économique de la francophonie dans le monde aujourd’hui ?
Le sport est devenu un enjeu économique et industriel très sérieux au niveau international. Le sport représente au niveau mondial, 1200 Milliards d’€, soit 2% à 3% du PIB. Alors que la part du PIB dans le sport est seulement de 0,5% dans le continent Africain. Le sport est une économie en très forte expansion.
Le poids économique du sport en France est méconnu et mérite d’être valorisé ! Qui sait que le sport représente en France, un PIB estimé à 71 milliards €(*) en 2023, soit 50% de plus que le secteur du tourisme, et 448 000 emplois (*ces chiffres n’intègrent pas les dépenses de sponsoring, la billetterie, les hospitalités ou les droits TV).
L’industrie des événements sportifs est en constante expansion dans l’espace francophone, représentant un secteur économique important et offrant des opportunités de carrière diversifiées. Selon une étude réalisée par BusinessScoot en 2021, “la valeur du marché mondial des événements sportifs a atteint 16,51 milliards de dollars. Le marché devrait croître à un taux annuel de 6,32 % (TCAC 2017-2027), conduisant à un volume attendu de 32,26 milliards de dollars d’ici 2027”. Une large part de cette valeur est due à l’organisation des Grands Evénements Sportifs Internationaux (GESI).
En effet, l’influence des GESI est à la fois économique, par la création des valeurs ajoutées pour les villes hôtes (taxes, emploi, notoriété, image de marque, hôtellerie, restauration, tourisme, etc.), mais aussi pour le secteur socio-économique et culturel.
Ainsi, de nombreuses infrastructures de classe mondiale, lorsqu’elles n’existent pas déjà, sont érigées (stades, hôtels, transports, sites touristiques, installations de loisirs) afin de répondre au cahier des charges. De plus, et c’est loin d’être négligeable, un pays organisateur d’un GESI qui s’est bien déroulé, bénéficie, d’une image internationale, diplomatique, renforçant ainsi ses capacités à organiser d’autres événements.
VDA / Quelle est l’importance des Jeux de la Francophonie ?
Les jeux de la francophonie, ont rassemblé à Kinshasa (République démocratique du Congo en 2023), 3600 jeunes de 36 pays différents. Premièrement, pas de barrage linguistique, tous pouvaient et ont échangé. Une expérience irremplaçable à vivre ensemble, et à mieux se connaitre. C’est bien souvent une première expérience internationale pour des jeunes athlètes et artistes, et c’est une deuxième raison de satisfaction. Ensuite, parce que des artistes de 11 disciplines côtoient des athlètes de 8 disciplines. Revenant ainsi, au « Pentathlon des Muses » imaginé par Pierre de Coubertin, pour la version moderne des Jeux Olympiques, ou des concours artistiques étaient organisés aux côtés des compétitions sportives : « bien dans sa tête, bien dans son corps ». Cela rend les Jeux de la Francophonie, encore plus attrayants, originaux, ou de futurs talents artistiques échangent avec des futurs grands athlètes. David Douillet, Maire Jo Pérec, ont débuté des compétitions internationales par les Jeux de la Francophonie.
Les Jeux de la Francophonie, manquent encore de visibilité, de reconnaissance par l’ensemble des pays de la francophonie. Mais c’est là une chance puissante pour la jeunesse francophone. Rendez-vous aux prochains jeux en 2027 à Erevan, capitale de l’Arménie.
VDA / Est-ce qu’il ne manque pas un peu de soft power pour que la France conquière plus de régions francophones ?
J’ai l’habitude de dire que le sport n’est pas un « soft power », un pouvoir « doux ». J’évoque le « sport Power », le pouvoir fort du sport, pour faire passer les messages de réconciliations, de paix, de solidarités. Mais aussi évidemment d’émancipation, d’inclusion, d’insertion… Connaissez-vous un autre sujet, qui fasse de la même manière une unanimité diplomatique ? Les Jeux Olympiques et Paralympiques le démontrent chaque jour. La diplomatie par le sport et pour le sport.
Chaque jour, pendant les JO de Paris 24, j’ai rencontré des pays intéressés par des échanges avec la France, afin de monter des projets communs… La francophonie sportive a de beaux jours devant elle.
VDA/ Quels pays sont rentre dans la Francophonie tout dernièrement ?
Aujourd’hui, 88 états et gouvernements sont membres de l’OIF au travers de trois statuts différents. L’OIF dispose de 54 membres de plein droit, de 7 membres associés et de 27 membres observateurs. Le sommet de la francophonie qui se déroulera en France les 4 et 5 octobre prochains, devrait voir des pays progresser dans leur statut (passer par exemple du statut d’observateur à membre associé) comme suite à leur demande, voire à intégrer de nouveaux états ou gouvernements dans l’OIF. Ceci, prouve, que la francophonie est un espace qui s’agrandit et donne des envies de développement, peut-être contrairement à ce que nous pourrions penser. De plus, dans les membres observateurs nous avons le Mexique, l’Uruguay, le Costa Rica ou encore la Corée du Sud, Il serait très pertinent de les questionner sur leur envie de francophonie, afin que nous puissions y répondre, notamment dans le sport.
Daniel Zielinski