Le niveau du SMIC, des charges, des taxes, le poids des normes, du droit du travail sont responsables du chômage de masse, de la baisse du pouvoir d’achat et de la crise profonde que nous connaissons. Ce sont tous ces sujets qu’il faut réformer en profondeur pour permettre aux entreprise d’embaucher, à la croissance de repartir et aux Français de vivre du fruit de leur travail.Pour Denis Payre, Président de Nous Citoyens : «
Créer un sous SMIC pour les catégories en difficulté, et particulièrement les jeunes, est une solution irréaliste et dangereuse.
Irréaliste car devant l’ampleur de la crise de système que nous vivons, où notre jeunesse balance entre fuite à l’étranger, résignation et colère ; aucun responsable politique ne peut prendre le risque de stigmatiser celles et ceux qui représentent l’avenir du pays. Ils sont déjà les premières victimes d’un droit du travail qui décourage l’embauche et qui les oblige à aller de stages en CDD et travaux précaires pendant de nombreuses années avant de décrocher un CDI. Cette solution est par ailleurs dangereuse car ce débat occulte les vrais problèmes d’emploi et de pouvoir d’achat et fait porter aux plus faibles le poids de l’irresponsabilité des décideurs depuis 40 ans. »
Les jeunes qui héritent de 2 000 milliards d’euros de dettes, d’un Etat faible et mal géré absorbant plus de 57% de la richesse nationale et qui devront payer pour les retraites de la génération responsable de cette situation, ne peuvent accepter de devenir des salariés low cost.
Le débat sur le SMIC pose deux problèmes qui doivent être traités séparément : celui du coût de l’embauche pour les entreprises et celui du pouvoir d’achat des salariés. Le niveau du SMIC est trop élevé pour justifier un certain nombre d’emplois peu qualifiés, or les personnes les moins qualifiées sont celles qui sont le plus touchées par le chômage de longue durée et l’exclusion. Cette situation doit donc être la priorité de l’action publique, en complément d’une réforme réelle et ambitieuse de l’Education nationale : nous ne pouvons plus accepter que 150 000 jeunes sortent sans diplôme chaque année, dont 47% seront des chômeurs de longue durée. Un effort réel en faveur de l’apprentissage en particulier doit être fait. La différence très importante du taux de chômage des jeunes en France avec des pays comme la Suisse, l’Autriche et l’Allemagne, s’explique en grande partie par la faiblesse de notre politique en faveur de l’apprentissage.
Il existe un gisement très significatif d’emplois qui ne peuvent trouver une justification économique au niveau du SMIC chargé actuel, et même dans une fourchette de 0,9 à 0,8 SMIC. Pour cette raison, des emplois à faible valeur ajoutée dans la restauration ou la grande distribution ne sont pas occupés actuellement. La tendance actuelle est même de détruire ces emplois en les automatisant. Ce constat est partagé par un certain nombre d’organismes d’insertion qui ne trouvent pas de débouchés pour des personnes peu qualifiés mais qui désirent réellement se réinsérer dans la société.En revanche, si le coût pour l’employeur doit être minimisé, il est indispensable de se préoccuper du pouvoir d’achat des personnes concernées. Il faut découpler le coût pour l’entreprise de la rémunération du salarié, quitte à ce que la collectivité intervienne pour garantir un pouvoir d’achat minimum aux personnes concernées. Il est également essentiel de redonner une activité le plus rapidement possible aux chômeurs de longue durée. Retrouver un emploi c’est regagner sa dignité ; c’est commencer un processus de ré-insertion, et ne plus représenter un coût significatif pour la collectivité.
Nous Citoyens propose, dans ce cadre trois pistes d’actions :
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Concentrer les baisses de charges au niveau du SMIC, et jusqu’à maximum 1,3 SMIC, dans des proportions suffisantes pour donner naissance aux près de 800 000 emplois évalués par l’économiste Pierre Cahuc dans sa récente étude fondée sur les emplois créés par les allègements de charges en 2008 et 2009. Le gouvernement entend baisser les charges sur les salaires jusqu’à 1,6 SMIC. Cette assiette est bien trop large, pour un montant prévu de 4,5 milliards d’euro d’allègements trop faible.
- Engager un débat sur la régionalisation du SMIC. Le coût du logement, une composante essentielle du pouvoir d’achat des salariés les plus modestes, peut varier en France de un à trois, voire quatre. Il n’est pas normal que cela ne soit pas reflété au niveau du SMIC. Cette modulation concernerait tous les salariés payés au SMIC et pas uniquement les jeunes. Une baisse du SMIC ne pourrait être envisagée que dans les zones où le coût de l’immobilier est particulièrement faible.
- Relancer efficacement des mécanismes comme le RSA activité qui permettent de créer des activités à faible valeur ajoutée. Ces mécanismes pourraient réduire le coût pour l’entreprise à un niveau inférieur au SMIC tout en garantissant au salarié un pouvoir d’achat minimum.