Des perspectives bien orientées pour les marchés émergents par Roger Merz
Les actions émergentes ont déçu cette année par rapport à leurs homologues du monde développé. Les marchés sont à la peine alors que les tours de vis réglementaires ont ébranlé la confiance en Chine. Mais les investisseurs ne doivent pas ignorer cette classe d’actifs et plutôt s’employer à récolter tout ce qu’elle a à offrir.
Les investisseurs ne peuvent pas systématiquement chercher à anticiper l’évolution du marché pour générer une surperformance constante. Selon plusieurs études quantitatives, le coût d’opportunité des investisseurs qui entrent et sortent du marché au bon moment dépasse les gains auxquels les investisseurs qui restent investis peuvent prétendre. Pourquoi ? Parce qu’ils manquent les meilleures séances.
A l’heure actuelle, les marchés émergents se négocient à des plus bas quasi historiques par rapport aux marchés développés, tant en termes de ratios cours/bénéfices prévisionnels (décote de 35%, contre 22% sur une base historique) que de ratios cours/valeur comptable glissants (décote de 42%, contre 18% sur une base historique), ce qui constitue un bon point de départ pour une surperformance potentielle des marchés d’actions émergents par rapport aux marchés développés. A noter également que si le taux de vaccination dans les pays émergents est actuellement bien inférieur à celui de la plupart des pays développés, il devrait rattraper son retard de manière significative, et donner par là un coup de pouce supplémentaire aux actions émergentes.
Chine, la grande inconnue
La Chine a fait les gros titres récemment et les investisseurs suivent de près les réformes qui y sont menées. De nombreuses entreprises sont impactées, dans des secteurs tels que le logement, l’éducation et la technologie. Mais la réaction du marché semble exagérée, dans la mesure où une large part de cette réglementation est déjà en place depuis un certain temps.
La banque centrale chinoise a commencé à resserrer sa politique au début de l’année, ce qui a entraîné un ralentissement économique aux deuxième et troisième trimestres. Le marché anticipe déjà un scénario négatif et nous pourrions nous approcher d’un point de basculement vers une politique monétaire plus accommodante. Ceci dit, l’objectif du gouvernement devrait être de renforcer la classe moyenne et d’élargir les bénéfices de la croissance économique en imposant un meilleur cadre réglementaire, et non d’affaiblir les entreprises privées.
Ce durcissement réglementaire n’empêche pas le gouvernement de travailler à la libéralisation et à l’ouverture des marchés. Il continue ainsi à promouvoir des programmes tels que Stock Connect pour permettre aux investisseurs étrangers un meilleur accès aux entreprises chinoises et pour offrir aux investisseurs chinois des opportunités à l’étranger. Il est également sur le point de créer une nouvelle bourse à Pékin pour les petites et moyennes entreprises, ce qui montre clairement que les entreprises privées restent importantes aux yeux des autorités chinoises.
Si la Chine voit sa croissance se réaccélérer en 2022 après le ralentissement de 2021, il y a de fortes chances que le différentiel de croissance entre les économies asiatiques et développées se creuse à nouveau, et l’histoire nous apprend qu’un tel scénario implique généralement une surperformance de l’Asie par rapport aux marchés développés.