Des séismes sans précédent historique sont possibles en Europe
Une variation d’un champ de gravité terrestre permettrait de donner l’alerte.
Le détail sera court : pas de quoi évacuer des populations, tout juste quelques secondes pour placer des installations dangereuses en sécurité et se mettre à l’abri avant le séisme. Mais c’est la première fois que des scientifiques observent un signal – une variation de la gravité – qui permet de donner l’alerte.
Le phénomène a été enregistré à l’observatoire de Kamioka, au Japon, lors du séisme du 11 mars 2011à l’origine de la catastrophe de Fukushima. Celui-ci a été provoqué par le mouvement des plaques tectoniques du Pacifique et des Philippines sous la plaque eurasienne. Lors de la rupture, « qui a duré 150 secondes » précise Jean-Paul Montagner de l’Institut de physique du Globe de Paris, les masses terrestres se sont redistribuées, provoquant une variation du champ de gravité. Ce signal a voyagé à la vitesse de la lumière. Or les ondes sismiques générées par la rupture ne se sont propagées, elles, qu’à une vitesse de quelques kilomètres par seconde. Et ont produit leurs effets destructeurs plusieurs secondes plus tard. Reste à implanter un réseau de gravimètres très sensibles pour sonner l’alarme.
« Il reste beaucoup à faire pour améliorer l’évaluation du risque sismique. » Fabrice Cotton, professeur de sismologie à l’université Joseph-Fourier (Grenoble-I), fait partie de la cinquantaine de scientifiques qui viennent de dresser les premières cartes harmonisées de l’aléa sismique à l’échelle de l’Europe, dans le cadre du programme Share (Seismic Hazard Harmonization in Europe). Un outil précieux pour les services chargés de l’élaboration des normes parasismiques comme pour les industriels exploitant des installations sensibles.
La géographie générale de la sismicité sur le continent européen est connue. Elle résulte, principalement, de l’affrontement entre les plaques tectoniques africaine et eurasienne. Le danger est le plus fort en Turquie, en Grèce et dans la péninsule des Balkans, en Italie et en Roumanie.
En France métropolitaine, où les zones les plus actives sont les Pyrénées, les Alpes, le Jura et le fossé rhénan, suivis du Massif armoricain et du Massif central, le seul tremblement de terre de magnitude supérieure à 6 depuis un siècle a été celui de Lambesc (Bouches-du-Rhône), qui fit 46 morts le 11 juin 1909.