Discrimination à l’embauche : SOS Racisme épingle près de la moitié des agences d’intérim
DISCRIMINATION Face à un client demandeur, 45 % des agences acceptent de discriminer les candidats. SOS Racisme veut lutter contre les discriminations en montrant comment elles existent concrètement malgré les lois
S’ils sont nombreux dans le secteur, les travailleurs étrangers n’en sont pas moins discriminés dans le bâtiment. Selon un testing téléphonique réalisé par SOS Racisme et révélé par France Inter, 45 % des agences d’intérim du BTP interrogées acceptent de discriminer les travailleurs étrangers ou « de type non européen ». Les 70 agences d’intérim interrogées sont toutes en Île-de-France et comptent parmi les neuf plus grandes enseignes de l’intérim.
Pour éviter tout soupçon, tous les appels ont été réalisés en moins d’une semaine. Au téléphone, un membre de l’équipe prétend être l’assistante d’une entreprise fictive et recevoir des consignes de son patron lorsqu’elle demande uniquement « des travailleurs de type européen ». Comme le relate France Inter, les réponses sont souvent claires, tout en appelant à la discrétion : « Je n’ai rien entendu mais je le note », « J’entends votre demande mais ne m’écrivez pas », « Si on n’a aucune preuve de ce type d’échange, on peut faire le nécessaire ». Près de la moitié des demandes ont été acceptées et SOS Racisme assure n’avoir jamais insisté en cas de refus.
Pour l’association, ces résultats sont d’autant plus scandaleux que certaines des agences qui ont répondu favorablement aux demandes discriminatoires sont signataires d’une Charte promouvant la diversité et l’inclusion ou affichent publiquement leur prétendu engagement « en faveur de la diversité ».
Suite à cette enquête, SOS Racisme exige une obligation de formation des professionnels de l’intérim à la prévention des comportements racistes et à la déconstruction des préjugés, une interdiction de gestion d’une entreprise pendant 10 ans pour les gérants d’agences ayant été condamnés pour discrimination, ainsi que le financement de testing annuel dans le secteur de l’intérim par la filière professionnelle et par l’État. Les militants voudraient aussi que soit introduite dans la loi « une obligation de moyens et de résultats en matière de non-discrimination pour les professionnels de l’intérim ».